Entre réalisations et perspectives, le patron de l'opérateur historique de téléphonie mobile révèle, dans cet entretien, des chiffres impressionnants, en guise de bilan 2012. Premier employeur avec 4 300 personnes, premier investisseur avec 300 millions de dollars, une croissance de plus de 11% sur le CA, une baisse de 2,3% pour ce qui est des charges et un bénéfice de 157 millions de dollars. Confiant à propos de l'avenir, Saâd Damma parle aussi d'un nouveau plan de management et annonce de nouvelles offres à des prix défiant toute concurrence. Liberté : Votre entreprise vient de clôturer son bilan 2012. Qu'en ressort-il ? Saâd Damma : Je pense que les chiffres vont parler d'eux-mêmes. Pour vous donner une idée précise de ce qui a été réalisé et je peux dire que les principaux agrégats qui en ressortent font état de résultats jamais réalisés auparavant par l'entreprise. Le chiffre d'affaires a augmenté de 11,4% par rapport à 2011 pour atteindre 59 milliards de DA (763 millions de dollars) mais peu importe. Ce qu'il faut retenir beaucoup plus, c'est tout ce qui est inhérent à la gestion des charges qui ont baissé de 2,3% par rapport à 2011 alors que nous n'avons pas lésiné sur les investissements. Notre rentabilité est de 28%, ce qui correspond parfaitement à la norme mondiale pour des entreprises de téléphonie, ce qui n'est pas le cas de tous. Ces paramètres réunis nous ont permis la création de richesses qui est une valeur ajoutée à ne pas perdre de vue pour pouvoir apprécier réellement la performance d'une entreprise. Nous avons carrément doublé nos profits pour atteindre plus de 12 milliards de DA, soit 157 millions de dollars, alors qu'il étaient à peine de 5,9 en 2011. L'autre chiffre à retenir absolument concerne le flux de la trésorerie qui a augmenté de 12%. Nous avons également vendu 3 millions de SIM l'année écoulée et notre parc d'abonnés dépasse de loin les 11 millions. Ces résultats probants nous mettent dans une position confortable pour négocier nos futurs contrats, ce qui n'est pas de refus. Le secteur de la téléphonie mobile est en perpétuel mouvement et l'année 2013 ne manquera pas, à mon avis, d'être riche en annonces et évènements. Vous évoquez donc une embellie financière, mais qu'en est-il de l'investissement ? Vous me donnez l'occasion avec cette question pour remettre les pendules à l'heure et dire que Mobilis est, incontestablement, le premier investisseur en Algérie dans le domaine des télécommunications pour l'année 2012 avec 300 millions de dollars et ce n'est pas fini. Comme vous le savez pas moins de 2 milliards de dollars sont consentis en guise d'investissements que l'entreprise autofinancera à hauteur de 87% (le reste via des crédits bancaires) pour les cinq années à venir et augmenter, ainsi, nos parts de marché de manière significative. Cet investissement servira à moderniser l'outil de production et le développement du haut débit mobile. L'investissement sur la partie radio est primordial pour notre mise à niveau et permettra la densification du réseau et le cœur du réseau en lui-même pour une plate-forme de service plus sophistiquée. De nouvelles stations multistandards pour supporter tout type de technologie. L'investissement concerne aussi la formation, le réseau commercial et l'élément humain dont le développement de l'entreprise en dépend également pour une bonne partie. Nous avons formé en 2012 plus de 4 593 agents, ce qui équivaut à 17 022 journées de formation. Notre réseau commercial direct, qui est le plus grand réseau, dispose de 133 agences dont 17 nouvelles, 6 délocalisées et 3 qui ont bénéficié d'extension. Le réseau indirect, quant à lui, s'élève à 85 000 points de vente dont 11 000 agréés pour la SIM. Pour la seule année 2012, nous comptons 6 000 nouveaux points de vente et 2 118 autres nouveaux agréés pour la SIM. Nous allons investir aussi sur l'élément humain à travers plusieurs actions de motivation (primes, Team Building, formation, etc.). Ma plus grande satisfaction, je le reconnais, est de constater l'adhésion des travailleurs à la nouvelle dynamique qui se met en place. Il y a lieu de citer toutes les campagnes de marketing et de communication, actions de citoyenneté (mamobile), prise en charge des sorties de promotion des universités, écoles et instituts, participation aux manifestations internationales (Dubaï, Berlin, Chine, Barcelone en 2012 et 2013) en plus des évènements nationaux, émissions de divertissement ou religieuses sur l'ENTV, accompagnement des pèlerins. Nous avons axé, par ailleurs, nos efforts pour être plus près du client en initiant le Golden Club, des rencontres régionales avec les partenaires et les clients, le programme Fidelis (3 millions de minutes gratuites à titre de récompense), et une offre exclusive pour nos étudiants qui nous a valu un grand succès autant que celui qui a émané de la participation à la CAN-2013 qui nous a valu 100 000 nouveaux adhérents sur notre page facebook. Le recentrage sur le sport et la jeunesse figure d'ailleurs parmi nos principaux objectifs et le travail a déjà commencé en misant sur Tewfik Makhloufi (parrainage) ou encore le financement des droits de retransmission par l'ENTV d'une sélection de deux matches par semaine, d'un des plus prestigieux championnats au monde, la Premier League anglaise. À ne pas omettre, la couverture de l'autoroute Est-Ouest sur laquelle nous avons déjà mis en service 276 sites sur les 300 programmés et un plus grand déploiement sur les régions enclavées notamment dans le Grand-Sud. Je citerai, à titre indicatif, les 6 sites réalisés avec des liaisons VSAT ou encore Ifrag, Abdimiz et autres ou encore Adrar, précisément, dans la localité de Chnachen qui a bénéficié, pour la première fois en 2012, d'un service mobile. Entre réalisations et perspectives tous azimuts où en êtes-vous sur le chapitre 3G ? Je pense avoir expliqué les réalisations via le bilan chiffré et je complète en disant que c'est loin d'être le fruit du hasard. Je rends hommage aux efforts consentis par l'ensemble du personnel de Mobilis. Il y a eu aussi de bons résultats sur les recouvrements, de nouvelles modalités de paiement pour les clients ainsi que des offres adaptées qui ont réellement fini par payer. En termes de perspectives, je peux déjà annoncer des nouveautés qui, dans un avenir proche, vont être mises sur le marché. Nous lancerons dans quelques jours une nouvelle clé (Mobiconnect) qui présente de nouvelles fonctionnalités et un meilleur débit, et ce, en plus de la tablette lancée déjà l'année dernière. Nous allons également proposer, dans les prochaines semaines, une nouvelle tablette et qui je le souligne avec force ne sera pas anonyme au point de vue marque. Et les deux produits seront proposés à des tarifs défiant toute concurrence. Après l'accord conclu avec Sonatrach, nous allons également signer avec le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement pour accompagner les PME-PMI. Pour ce qui est de la 3G, je peux affirmer que nous sommes prêts y compris sur la partie terminaux sur lesquels toutes les offres seront possibles sans compter les services qui vont suivre et qui sont d'un nombre interminable au point de vue contenu et service de paiement. Ce qui est sûr, c'est que l'avènement du haut débit mobile va booster le marché de manière incroyable et Mobilis devra saisir cette opportunité pour se repositionner. Je ne suis pas d'accord, par contre, avec ceux qui soutiennent que le marché de la voix est saturé. Il reste beaucoup à faire même sur ce segment surtout que la plupart des abonnés algériens sont sur le prépaid. Est-ce que vous trouvez que le marché de la téléphonie mobile en Algérie dans sa conception actuelle est favorable pour le développement de votre entreprise ? Oui et non dans la mesure où Mobilis est toujours pénalisé par le code des marchés publics, et ce, en plus du fait que pour les autres opérateurs c'est leur groupe qui négocie pour eux, ce qui permet une plus grande marge de manœuvre. Mais ne restons pas figés sur ce point à plus forte raison que nous sommes en train de réviser la réglementation interne pour ce qui est de la passation des marchés, ce qui est en soi une bonne avancée. Mobilis dispose aujourd'hui, d'un business plan (2012-2016) validé par le CA qui lui permet de savoir exactement où et comment s'orienter. Ce plan n'est évidemment pas figé et serait appelé à être complété ou modifié en fonction de l'évolution du marché et de ses besoins. Ce qui est encourageant, en revanche, c'est l'adhésion du personnel à la nouvelle stratégie de l'entreprise qui donne plus de valeur à l'élément humain. Nous sommes le premier employeur en Algérie avec 4 300 employés dont 40% de personnel féminin (34 cadres supérieurs et 1 068 cadres). Je saisis d'ailleurs l'occasion pour souhaiter une joyeuse fête à toutes les Algériennes à l'occasion du 8 Mars et à toutes les employées de Mobilis. Les compétences algériennes ne manquent pas, il faut juste les valoriser et créer un environnement de travail adéquat pour leur donner l'occasion d'exprimer leur génie. N S