Ce prénom masculin est très répandu en Oranie, mais il est également connu dans les autres regions d'Algérie, notamment à cause de la vénération que les gens portent au saint du même nom. Boumediène est la transcription dialectale du classique Abû Madyân. C'est le surnom du mystique bien connu de l'Ouest algérien, Sidi Boumediène. Madyân, pays du Hedjaz, patrie du prophète Shu'ayb, mot signifiant selon les lexicographes arabes “bâtir une ville, se fixer, s'établir en un lieu". Abou Madyan Chou'ayb Al-Ansarî, en dialectal Sidi Boumediène, est né en Espagne, en 1126 de l'ère chrétienne, dans le village de Cantillana, non loin de Séville. Jeune encore, il se rend au Maghreb. Il vit quelque temps à Marrakech où il rencontre le grand mystique berbère Sidi Hirzihim, qui va l'initier aux doctrines mystiques, le tasawwuf. C'est lui qui va lui faire découvrir les grands ouvrages de ce courant, notamment ceux d'Al-Muh'asibi et sans doute d'Al-Ghazali. Il va rencontrer également un autre mystique marocain, Abu Yaz'â (Sidi Bouaaza en dialectal). Abu Madyan va vivre auprès de lui un certain temps, puis il effectue le pèlerinage à la Mecque, passe un certain temps en Orient où il parfait ses connaissances, puis rentre au Maghreb. Il s'arrête à Béjaïa pour une halte mais la ville lui ayant plu, il décide de s'y installer. Béjaïa était, à l'époque, la capitale de l'Etat hammadite et, par le nombre de ses artistes, de ses poètes et de ses savants, elle égalait Fès et Tlemcen. Il va enseigner le Coran et attirer une foule d'étudiants. Son enseignement était basé sur le scrupule et l'humilité. Il appelait ses disciples à libérer leur âme de toutes les contingences, à se débarrasser de l'amour de soi pour ne considérer que l'amour de Dieu. L'âme, devait parvenir à ce qu'il appelait la “nudité spirituelle", l'innocence qui la fait s'abandonner entièrement à Dieu. Ayant entendu parler de lui à Marrakech, le calife almohade Abu YuYusef Ya'qub le demande auprès de lui. Il part donc pour Marrakech, escorté par un détachement de soldats. Le saint, qui a soixante-quatorze ans, est bien fatigué. Quand la caravane arrive au lieu dit Aïn Takbalet, non loin de Tlemcen, le cheikh meurt. C'était en 1196 ou 1197. Abû Madyan sera enterré à El-Eubbad. Les Tlemcéniens en ont fait le patron de leur ville. M. A. Haddadou ([email protected])