Résumé de la 2e partie Passionné par l'étude, le jeune Abu Madyan Chou'ayb quitte son Andalousie natale pour le Maghreb. Il vit quelques temps à Marrakech puis se rend à Fès où, lui a-t-on dit, professent de grands maîtres. Il va y rencontrer, en effet, le grand mystique berbère, Sidi Hirzihim, qui va l'initier au doctrines mystiques, le tassawuf. C'est lui qui va lui faire découvrir les grands ouvrages de ce courant, notamment ceux d'Al Muh'asibi et sans doute d'Al Ghazali. Chou'ayb, quand il n'était pas en train d'étudier, travaillait pour gagner sa vie dans un atelier de tissage. Bien souvent il devait se contenter d'un morceau de galette et, comme tous les étudiants pauvres de l'époque, il devait guetter les couscous qu?offraient les bonnes gens en charité. Il avait trouvé une grotte, à la sortie de la ville, et il l'avait aménagée en chambre. Le premier jour qu'il s'y installe, de gros chiens accourent : il prend peur mais les animaux, loin de l'attaquer, lui font la fête et le lèchent affectueusement. Une gazelle vient aussi vers lui, elle le laisse prendre de son lait, qui le désaltère. Pauvre, Chou?ayb ne gardait jamais pour lui l'argent qu'il recevait de ceux qui l'employaient : il achetait le strict nécessaire et donnait le reste en aumône. Il était humble et portait constamment un burnous cachant ses vêtements usagés. Or voici qu'un jour, alors qu'il enlève son burnous, son maître remarque que ses vêtements sont en lambeaux. «Holà, lui dit-il, tes vêtements demandent à être changés !» L'étudiant rougit, le cheikh comprend alors qu'il n'a pas les moyens de s'offrir des vêtements neufs. Il organise aussitôt une quête auprès des autres étudiants et, cachant l'argent dans un mouchoir, il le noue à un pan de son burnous. Il sait que s'il le lui donnait, le jeune homme le refuserait aussitôt. Chou?ayb rentre chez lui, mais voilà qu'à son étonnement, les chiens le boudent. Il les appelle mais ils refusent d'approcher. Il aperçoit la gazelle, elle le fuit également. Il ne comprend pas ce qui se passe. «Qu'ai-je bien commis de répréhensible pour que ces bêtes qui me fêtent habituellement me fuient ?» Il rentre dans sa grotte, perplexe, et, en enlevant son manteau, il découvre le nouet. «De l'argent !» s'écrie-t-il. Il comprend aussitôt pourquoi les animaux l'ont boudé. Il avait sur lui un produit impur. Il s'en débarrasse sans tarder et les animaux le fêtent de nouveau. Le lendemain, son maître s'étonne qu'il n'arbore pas de nouveaux vêtements. «Pourtant, lui dit-il, tu avais, en partant d'ici, suffisamment d'argent pour t'offrir un nouveau costume !» Chou?ayb lui raconte alors ce qui s'est passé avec les animaux. Le cheikh le regarde, admiratif et lui dit : «Réjouis-toi, Dieu le Très-Haut a tracé ta voie !» (à suivre...)