Le principal conseiller antiterroriste de Barack Obama, John Brennan, est confirmé par le vote des sénateurs à la tête de la CIA, au lendemain d'une obstruction historiquement longue d'un élu républicain. Le républicain Rand Paul a réclamé pendant 13 heures une clarification sur l'utilisation par la Maison- Blanche de drones sur les champs de batailles contre le terrorisme. Avec la confirmation de Brennan, Obama II aura complété son équipe de sécurité nationale, après celles de John Kerry au département d'Etat et de Chuck Hagel au Pentagone. Le nouveau boss de la CIA a un quart de siècle de barbouzeries et de coups tordus. Pour un pro, il n'y a rien à redire. Il devra d'abord recoller les morceaux de son prédécesseur, David Petraeus, contraint de s'éclipser en novembre 2012, en raison d'une liaison d'adultère. La nomination de Brennan est un sérieux indice de l'accélération du mode d'emploi de la lutte antiterroriste imprégné par Obama. Depuis 2009, Brennan dirigeait et orchestrait le programme de drones dans la neutralisation des terroristes djihadistes. A son tableau de chasse figure tout une liste d'islamistes radicaux, appartenant à Al-Qaïda et abattus au Pakistan, en Somalie ou au Yémen. Le débat sur sa nomination au Congrès a, par ailleurs, permis de propulser le débat sur les drones à la une de l'actualité aux Etats-Unis et dans le monde. Des sénateurs ont publiquement tancé Obama sur le manque de transparence du programme. L'obstruction record de Rand Paul avait pour objectif d'obtenir un engagement écrit par Obama qu'il n'utilisera pas de drone contre un citoyen américain, membre d'une d'une organisation terroriste. Par contre, les républicains ne voient pas d'inconvénients au programme d'assassinats ciblés à l'étranger, au Pakistan, en Somalie, au Yémen et partout où se fait sentir une menace terroriste. La New America Foundation, à Washington, estime à 350 le nombre de frappes effectuées par des drones depuis 2004 au Pakistan, en majorité sous le mandat d'Obama, qui les a intensifiées. Le bilan se situerait selon ce centre de réflexion entre 1 963 et 3 293 morts, dont 261 à 305 civils. Le Congrès ne s'est nullement ému pour les multiples accidents collatéraux générés par les drones parmi les populations civiles. D. B