John Brennan, nouveau patron de la CIA, est l'ancien conseiller antiterroriste du président Barack Obama et un ex-espion de l'agence de renseignement américaine pour laquelle il a travaillé durant 25 ans. A 57 ans, John Brennan est à la pointe de la lutte contre Al-Qaïda: il était l'une des personnes présentes autour du président dans le sous-sol de la Maison Blanche le jour où Oussama ben Laden a été tué par un commando américain, un instant immortalisé par une célèbre photographie officielle. Le lendemain, il révèle à la presse avide de détails les conditions du raid, mais dans la confusion, il donne des informations sur lesquelles la Maison Blanche reviendra ensuite, par exemple sur l'utilisation par Ben Laden d'une de ses épouses comme bouclier humain. C'est encore lui qui annonce au président, le 14 décembre, qu'un assaillant lourdement armé a tué 20 enfants dans une école du Connecticut (nord-est). John Brennan "a travaillé pendant des décennies à la CIA et depuis le 11-Septembre, il est sur la ligne de front dans le combat contre Al-Qaïda", a résumé un responsable de l'administration américaine. Il a été directeur de cabinet du chef de la CIA entre 1999 et 2001, puis directeur du Centre national de la lutte antiterroriste entre 2004 et 2005. Sa nomination jeudi à la tête de la CIA est une deuxième chance pour lui: en 2009, il était déjà candidat à la direction de la centrale, mais des déclarations sur l'utilisation de la torture sous l'administration du président George W. Bush --lors de laquelle il était en poste-- avaient torpillé sa candidature. S'il a dénoncé la pratique de la simulation de noyade ("waterboarding") comme contraire aux valeurs américaines, il avait été écarté en raison de son implication dans le programme contesté de détention et d'interrogation de l'agence. "La détente, c'est pas mon truc" Lors d'une interview sur CBS en 2006, il avait notamment déclaré que lors des interrogatoires, il fallait "parfois enlever les gants". Selon lui, l'utilisation des techniques d'interrogatoire musclées a permis d'obtenir des informations utiles. "Cela a sauvé des vies. Et n'oublions pas, ce sont de durs terroristes, responsables du 11-Septembre, qui n'ont montré aucun remords pour la mort de 3.000 innocents", déclarait-il en 2007. Conseiller antiterroriste dans l'équipe de Barack Obama, son plus grand chantier concernait le programme d'attaques par drones notamment en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen, dont la taille a été décuplée par l'actuel président. La Maison Blanche souhaitait établir des règles durables pour définir dans quelles conditions un suspect de terrorisme pouvait être ciblé. "Nous essayons de définir un ensemble de règles, de critères, pour avoir un processus de décision autour de nos actions antiterroristes --des actions directes, létales-- de façon à ce que, quel que soit le lieu où elles soient prises, nous soyons sûrs qu'elles le soient pour de bonnes raisons et de la bonne façon", expliquait-il au Washington Post en octobre. C'est en raison de cet usage controversé des frappes de drones que le républicain Rand Paul a tenté de bloquer sa nomination mercredi, gardant la parole pendant plus de 12 heures au Sénat. Peu d'informations biographiques sur l'homme sont disponibles, mais un échange avec des journalistes en août 2010 illustre son éthique de travail: à un journaliste qui lui demandait s'il faisait des pauses, il avait répondu: "La détente, c'est pas mon truc". A la tête de la CIA, il succède à l'ex-général David Petraeus, contraint à la démission en novembre après la révélation de sa liaison avec sa biographe.