Fin connaisseur des arcanes du pouvoir, rompu aux négociations notamment à l'intérieur du parti bolivarien de Chavez, le vice-président Nicolas Maduro, adoubé par le «El Commandante» lui-même comme son hériter politique, a pris provisoirement les rênes du Venezuela. Une présidence par intérim contestée par l'opposition. “Jusqu'à la victoire toujours, Commandante !", a scandé Maduro, acclamé debout par l'Assemblée nationale et des militaires vénézuéliens à la cérémonie de prise de pouvoir, juste après les funérailles de son mentor, une icône dans son pays et à l'étranger, surtout en Amérique latine. Maduro, qui souhaite des élections d'ici un mois, conformément à la Constitution, a promis une loyauté “au-delà de la mort" au chavisme avec la poursuite de son combat pour les pauvres, l'éducation et un monde plus juste. Elevé dans le quartier de classe moyenne de Los Chaguaramos, à Caracas, où il a milité dès le lycée, le président par intérim du cinquième producteur de pétrole dans le monde a terminé ses études de sciences politiques à Cuba. Mais aura-t-il l'aura nécessaire pour faire du chavisme sans Chavez ? C'est un proche du “Commandante", marié à une Cilia Flores, autre figure du chavisme et procureur général de la République, et ancien dirigeant syndical, mais c'est insuffisant car dans le Mouvement révolutionnaire bolivarien 200 (MBR-200), créé par Chavez, à la tête duquel celui-ci, inventeur de la révolution bolivarienne modèle IIIe millénaire, avait mené son coup d'Etat manqué contre le président Carlos Andrés Pérez en 1992, ce ne sont pas les grosses pointures qui manquent ni les prétendants à la magistrature suprême, comme le président de l'Assemblée nationale qui peut se prévaloir de sa grande proximité avec l'armée. Madura, qui a pris de la pâte durant la longue maladie de Chavez avec notamment de multiples allers-retours à Cuba où a été opéré quatre fois le Commandante va essayer de coiffer au poteau les autres prétendants en jouant sur l'émotion de la disparition de celui qui a fait de lui son dauphin et l'image forte suscitée dans le monde à sa mort. Les supporters de Chavez auront retenu de lui que durant l'exercice du pouvoir en l'absence prolongée du président Chavez, il a durci le ton à l'égard de l'opposition, notamment de son principal représentant, le gouverneur Henrique Capriles, qualifié de “prince de la bourgeoisie parasite". Et, à l'instar de son mentor, il a multiplié les apparitions publiques et les discours-fleuve. Le principal dirigeant de l'opposition vénézuélienne, le gouverneur Capriles ne l'entend pas ainsi. “Nous respectons la douleur des proches du président Chavez et de ses partisans" mais “nous ne permettrons pas que la douleur que ressent notre peuple soit une excuse pour commettre des abus de pouvoir, une fraude constitutionnelle". Pour lui, la décision du Tribunal suprême de justice (TSJ) d'autoriser l'investiture de Maduro en qualité de président par intérim est “illégitime". D B