Quelques dizaines de jeunes, en majorité des diplômés universitaires, originaires des daïras et communes de Ghardaïa, Metlili, Guerrara et El-Menéa, ont organisé hier un sit-in pacifique devant le siège de la wilaya, reprenant à gorge déployée les traditionnels slogans propres aux chômeurs des régions du Sud. Bien alignés sur le trottoir adjacent à la wilaya et mitoyen de la cour de justice de Ghardaïa, ils n'ont à aucun moment gêné, ni la circulation ni le flux des visiteurs vers ces deux importantes structures. Même les forces de sécurité, d'habitude promptes à se déployer au moindre rassemblement, se sont faites très discrètes et à un moment, l'on a même vu un officier de police et un manifestant discuter calmement. Très bien organisés et munis d'un mégaphone, les protestataires n'ont eu de cesse à réclamer le respect des engagements pris par les autorités de leur attribuer des postes d'emploi pendant qu'une dizaine d'entre eux soulevaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : “Halte à la hogra", “Nous ne demandons que du travail et de la dignité", “Nous sommes tous des Algériens", mais principalement celles dénonçant la gestion du dossier de l'emploi par les responsables locaux, notamment le directeur de l'emploi de la wilaya de Ghardaïa, mais surtout le directeur de l'Anem de Ghardaïa, auquel tous les griefs d'une gestion catastrophique sont reprochés. Hamdane Abdessalam affirme que pour Metlili, la gestion cahoteuse au niveau de l'agence locale de l'emploi a poussé “les jeunes à appeler à radicaliser leurs positions, ce que nous sommes arrivés jusque-là à éviter, mais jusqu'à quand pourrons-nous les retenir ?" Et d'ajoutant avec amertume : “Savez-vous que Naftal a déposé une offre d'emploi conséquente de 180 postes il y a quelques mois ; eh bien allez vérifier qui a été embauché. Ce n'est que des enfants de nababs et de notables de la région", alors que son ami nous interpelle et lance : “Et pour l'Enageo, qui a mis sur le marché de l'emploi 200 postes, kif-kif, ce sont toujours les mêmes qui sont servis et il y a même des enfants d'officier de police dans la liste des recrutés et écrivez que nous avons les noms." Nous reconnaissons quelques jeunes dont un ingénieur en électronique et un architecte qui se sont approchés de nous et nous ont demandé d'écrire : “Nous sommes des Algériens à part entière et à aucun moment nous n'avons demandé la partition de l'Algérie. Bien au contraire, nous défendrons le pays de nos ancêtres jusqu'à notre dernière goutte de sang", avant qu'un autre ne rajoute : “Mon père est moudjahid connu dans la région, comment puis-je remettre le combat de mon père pour l'Indépendance de notre pays ? Je ne demande qu'un emploi et un logement avec de la dignité, est-ce trop demander dans un pays qui regorge de richesses ?" Avant le lever de piquet, les organisateurs ont déclaré qu'ils allaient se concerter entre eux pour décider d'une journée de protestation qui réunira au chef-lieu de wilaya tous les chômeurs des 13 communes de Ghardaïa, toutes communautés confondues (Ibadites et Malékites). “La presse, dont la crédibilité est avérée parmi nous et à laquelle on fait entièrement confiance pour rapporter fidèlement notre action, sera informée en temps opportun", nous a confié l'un des organisateurs. L. K