Le ton monte entre Tel-Aviv et Téhéran et les menaces fusent, alors même que le président américain, Barack Obama, était en visite en Israël et en Cisjordanie. Dans les relations israélo-américaines de ces dernières années le dossier du programme nucléaire iranien, que Tel-Aviv et d'autres capitales occidentales soupçonnent de comporter un volet militaire, occupe une place centrale et constitue un point de divergence. La divergence ne porte pas sur la volonté partagée des deux alliés d'empêcher l'Iran d'accéder à la technologie militaire nucléaire, mais sur l'approche, les échéances et les moyens à mettre en œuvre pour ce faire. Autant l'administration de Barack Obama privilégie la pression diplomatique et les sanctions économiques pour amener l'Iran à renoncer à toute velléité de production d'armes nucléaires, autant le gouvernement Netanyahu est partisan de la manière forte, s'appuyant sur le sacro-saint principe selon lequel mieux vaut prévenir que guérir. A maintes reprises, en effet, le Premier ministre israélien ou des membres de son gouvernement ont évoqué le bombardement de sites nucléaires iraniens comme une option non seulement probable mais nécessaire et imminente. Mais à aucun moment les dirigeants israéliens n'ont laissé entendre qu'ils pouvaient prendre une initiative dans ce sens sans l'aide ou au moins le feu vert des Etats-Unis. En déclarant que la sécurité d'Israël est avant tout une affaire d'Israël, ils semblent avoir franchi un nouveau cap et entendent expliquer à Washington que, le cas échéant, ils pourraient agir sans en référer à lui. Le message a, en tout cas, été perçu comme tel par Téhéran. Aussi, l'ayatollah Ali Khamenei, l'homme fort du régime iranien, a-t-il fermement réagi lors d'un discours télévisé prononcé jeudi à l'occasion du nouvel an iranien. “Les dirigeants du régime sioniste menacent parfois de déclencher une invasion militaire mais ils savent bien que s'ils commettent la moindre erreur, la République islamique rasera Tel-Aviv et Haïfa", a-t-il menacé sans détour. Il faut “tirer les leçons de ce qui s'est passé l'an dernier", a-t-il ajouté, faisant allusion aux progrès scientifiques et militaires enregistrés par la République islamique d'Iran qu'il a qualifiée de “nation dynamique (qui) ne sera jamais à genoux". Certes, l'ayatollah Khamenei a atténué un peu ses propos en déclarant, en même temps, qu'il n'est pas opposé à des pourparlers bilatéraux entre son pays et les Etats-Unis, bien que de telles discussions ne prêtent pas à l'optimisme, selon lui. Cette escalade verbale intervient alors que toute la région est ébranlée par la crise syrienne dont les retombées sur l'ensemble du Moyen-Orient prennent de plus en plus forme. M. A. B