Comme il fallait s'y attendre, le Qatar a brisé toutes les résistances hier, lors du Sommet de la Ligue arabe qu'il abrite, en imposant son agenda, marqué par la présence officielle de l'opposition syrienne, désormais représentante de la Syrie au sein de l'Organisation panarabe. Ni les réserves algériennes ni irakiennes n'y ont changé quelque chose. Point principal de ce Sommet de la Ligue arabe de Doha, la crise syrienne n'aura été en fin de compte qu'un détail évacué rapidement en dépit de l'opposition de l'Irak et de l'Algérie, qui était représentée par son Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Tout a été réglé rapidement avec l'officialisation de l'octroi du siège de la Syrie à la coalition de l'opposition de Bachar al-Assad. Cette dernière a obtenu le siège de la Syrie à l'ouverture du Sommet arabe à Doha, accentuant l'isolement de Damas qui refuse de se plier à la révolte intérieure et aux pressions extérieures. L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui a invité le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz al-Khatib, et le Premier ministre intérimaire, Ghassan Hitto, à siéger aux côtés des chefs d'Etat arabes, a imposé son point de vue à un sommet, marqué par la défection de la majeure partie des chefs d'Etat et de gouvernement, et une opposition à cette initiative se résumant à Alger et Bagdad. Le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui du régime de Damas dans la salle où s'est ouvert ce rendez-vous annuel des chefs d'Etat arabes. Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani a justifié l'octroi du siège de la Syrie, resté vacant depuis sa suspension en novembre 2011, à l'opposition par “la légitimité dont elle jouit en Syrie et du soutien dont elle bénéficie à l'extérieur". Ainsi, la Coalition nationale a été reconnue comme la représentante légitime du peuple syrien par des dizaines de pays et d'organisations internationales. Le Qatar, hôte du sommet, a fait pression pour donner à la coalition le siège de la Syrie, après d'ultimes tractations interarabes sur fond de tiraillements internes au sein de cette coalition, marqués notamment par la valse-hésitation de son président, Ahmed Moaz al-Khatib. Dans une résolution adoptée le 6 mars au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont appelé l'opposition syrienne à “former une instance exécutive pour occuper le siège de la Syrie à la Ligue arabe", resté vacant depuis la suspension de Damas en novembre 2011. Réagissant à cela, Damas a tiré à boulets rouges contre la Ligue arabe et le Qatar pour avoir, selon le journal officiel As-Saoura de lundi, “accordé le siège volé à la Syrie à des brigands et à des voyous". La presse officielle syrienne a qualifié hier de “vol" la décision de la Ligue arabe d'octroyer le siège de la Syrie à l'opposition. “Ce vol commis par l'émirat du Qatar et d'autres collaborateurs, ainsi que par d'autres régimes arabes traîtres, en accordant à la coalition sponsorisée par Doha le siège de la Syrie à la Ligue arabe, est un crime du point de vue légal, politique et moral", assure le quotidien pro-gouvernemental Techrine. “L'Etat syrien, sous la direction de Bachar al-Assad, existe toujours pleinement à travers son peuple, son armée, ses institutions, ses services, ses autorités législative, exécutive et judiciaire", ajoute le quotidien. “Honte à vous, frères arabes, réunis dans la Ligue des loups", renchérit l'organe du parti au pouvoir Al-Baas. Un autre journal proche du pouvoir, Al-Watan, assure que cette décision “pose un danger très grave pour les relations diplomatiques et internationales", ajoutant que les grands perdants seront “le clan Thani (du Qatar) et le clan saoudien". Les mécanismes de réformes et de relance de la Ligue arabe, la crise syrienne, la question palestinienne et le conflit arabo-israélien ont été les principaux thèmes évoqués à l'ouverture des travaux de la 24e session ordinaire du Sommet arabe. M T