Recrutés par Aqmi au Maghreb, les islamistes radicaux tunisiens ont vite trouvé la brèche pour aller combattre en Syrie. Parmi les 2 000 djihadistes, beaucoup sont morts lors des combats, d'autres assassinés par les combattants syriens et certains sont rentrés au pays. Les autorités tunisiennes, qui s'inquiètent de l'ampleur que prend ce phénomène, ont tiré la sonnette d'alarme. Ainsi, une enquête a été ouverte par le parquet tunisien sur les réseaux qui facilitent le départ de Tunisiens pour combattre dans les rangs des islamistes en Syrie. C'est ce qu'a indiqué dans un communiqué le procureur général au tribunal de première instance de Tunis. Même si les autorités tunisiennes n'ont fourni aucun chiffre officiel sur le nombre de Tunisiens combattant dans les rangs islamistes en Syrie, ils seraient, selon les pages Internet des mouvements djihadistes, plusieurs dizaines d'entre eux à avoir perdu la vie au cours des deux dernières années. La révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, lancée le 15 mars 2011, s'est transformée en guerre civile en raison d'une répression brutale. Selon l'ONU, le conflit a fait plus de 70 000 morts. Plusieurs partis politiques et représentants de la société civile n'avaient pas manqué, il y a quelques mois, d'affirmer que les mosquées jouent un rôle central dans le départ des jeunes Tunisiens en Syrie. “Les recruteurs visent les jeunes moins éduqués et au chômage au moyen d'incitations financières et de fatwas religieuses", a expliqué récemment Naceur Khechini, professeur de charia islamique. Il n'empêche que de nombreux Tunisiens étaient partis combattre aux côtés des islamistes en Afghanistan et en Irak contre les troupes occidentales. Et tout récemment, une dizaine de djihadistes tunisiens ont participé à la vaste prise d'otages d'In Amenas en Algérie. Leur liquidation a été appréciée par bon nombre de Tunisiens qui ont félicité la riposte des autorités militaires algériennes. Même si Ennahda s'oppose à cette forme de “guerre sainte", il est, toutefois, très critiqué par une partie de la société civile et de l'opposition qui accusent ce mouvement de laxisme vis-à-vis des groupes armés. Du recrutement de jeunes tunisiennes (par le passé) comme filles de joie au Liban à l'envoi de djihadistes tunisiens dans les guerres : le circuit est complexe. Le commerce parallèle est devenu une autre tactique à laquelle les mouvances et organisations terroristes et djihadistes actives dans les pays arabes et islamiques ont recours pour se procurer l'argent nécessaire au financement de leurs opérations, communiquer leurs secrets et blanchir les revenus amassés au moyen de la contrebande d'armes et de stupéfiants. De nouveaux rapports et notes publiés dernièrement, un peu partout dans le monde, et citant des services spéciaux de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, ont mis en évidence, sans la moindre équivoque, l'existence de liens très étroits entre le terrorisme et la criminalité ordinaire de droit commun, à l'instar de la contrebande de marchandises alimentant le commerce parallèle. C'est grâce à la traque des circuits financiers clandestins et du blanchiment d'argent qu'il a été possible de démasquer des circuits de dérivation aboutissant à des associations et organisations extrémistes et radicales, à partir d'activités commerciales et caritatives apparemment ordinaires. I. O.