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Les raisons pour lesquelles l'Algérie renforce la sécurité de ses frontières avec la Tunisie Documents de voyage, armes libyennes et katibat Tarek Ibn Nafaâ
Connu pour la contrebande sous toutes ses formes, le tracé frontalier algéro-tunisien est investi, depuis plusieurs années, par les djihadistes tunisiens, notamment nombreux à avoir franchi illégalement les frontières pour se rendre de Tunisie aux maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). L'organisation de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, «émir» national du GSPC devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), entraînait les djihadistes tunisiens pour soi-disant combattre en Irak avant d'obliger ces éléments à exercer le terrorisme en Algérie. Des dizaines parmi ces djihadistes tunisiens avaient été arrêtés par les services de sécurité algériens en Algérie. La «duperie» utilisée par Abou Mossaâb Abdelouadoud n'a pas pour autant découragé d'autres adeptes du «djihad», puisque le flux s'est poursuivi. L'abondance des armes libyennes a tout fait sauf défavoriser cette «déferlante». Après l'Algérie, la Tunisie est menacée dans sa sécurité, comme en témoignent les accrochages ayant eu lieu récemment entre les services de sécurité tunisiens et des terroristes. Des cellules terroristes commencent à prendre forme au niveau des frontières. Des centaines de membres d'Aqmi, fuyant les bombardements de l'Armée nationale populaire (ANP) dans des maquis de l'Est, ont tenté de rejoindre les frontières tunisiennes avant d'être interceptés par les militaires algériens en cours de route. Cela a eu lieu il y a quelques mois. Depuis, et avec la poursuite de la circulation des armes libyennes et de djihadistes, les choses ont évolué. La phalange tunisienne Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi le démantèlement d'un groupe terroriste lié au réseau d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) chargé de recruter et d'entraîner des djihadistes pour les envoyer par la suite aux camps d'Aqmi. Les investigations sur les récents évènements de Kasserine ont permis aux forces de sécurité tunisiennes d'interpeller 7 éléments liés au réseau d'Aqmi et de les traduire en justice, au moment où les recherches se poursuivent pour capturer les autres membres de ce groupe terroriste, a souligné le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Larayedh, lors d'une conférence de presse. Il s'agirait, selon les autorités tunisiennes, d'une katibat (phalange) baptisée Tarek Ibn Nafaâ, créée par les djihadistes. La coopération sécuritaire entre l'Algérie et la Tunisie, qui est concrétisée par différentes mesures, dont celle datant de plusieurs années, concernant l'organisation de patrouilles mixtes, constituées des armées des deux pays, le long du tracé frontalier, a été renforcée avec, notamment, la visité durant ce mois en Algérie du Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali. «Ce qui se passe au Mali est inquiétant et engendre des problèmes en Tunisie comme en Algérie», a souligné le ministre tunisien des Affaires étrangères, en Algérie, durant le même mois. La polémique autour du document de voyage La circulation des djihadistes de part et d'autre des frontières algéro-tunisiennes est prise en considération de façon très sérieuse par les autorités algériennes, comme en témoigne le déplacement effectué hier par le général-major Ahmed Bousteila, commandant de la Gendarmerie nationale, aux frontières Est du pays et, notamment, l'inauguration de nouveaux postes avancés. C'est, justement, pour empêcher la circulation des djihadistes que l'Algérie, rappelons-le, avait rejeté l'idée lancée il y a quelques mois, consistant à accepter la carte nationale d'identité des pays du Maghreb arabe comme document de voyage entre les pays de cet espace. L'Algérie avait exprimé son refus, pour des considérations sécuritaires, de remplacer le passeport par la carte nationale d'identité dans les déplacements dans les pays maghrébins. La proposition attribuée, d'abord, au gouvernement de Ghannouchi, avait vite été abandonnée face au niet opposé par Alger qui avait exprimé sa crainte que des terroristes tirent profit de cette mesure pour se déplacer librement entre les pays de la région, avec de faux documents, notamment. Le refus a été suivi par une polémique sur ce dossier. «Plusieurs djihadistes tunisiens passent par le Libyen Abdelhakim Belhaj, grand ami du gouvernement tunisien actuel, qui leur offre des liasses de dollars avant de les envoyer se faire tuer en Syrie» a déclaré le journaliste Mohamed Bououd, jeudi dernier en soirée, sur Nessma TV. Selon lui, il y aurait eu, jusque-là, entre 150 et 500 Tunisiens morts dans les combats, sur quelques 3500 Tunisiens arrivés en Syrie.