L'assassinat de Brahim et Haroun, deux enfants âgés de 9 et 10 ans, enlevés par deux hommes le 9 mars dernier et retrouvés morts quatre jours plus tard à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, a remis sur le tapis la question de l'application ou non de la peine de mort. Le Dr Mohamed Cherif Kaher, président de la commission fetwa au Haut-Conseil islamique (HCI) s'est exprimé sur le sujet, en marge d'une conférence organisée, à Oum El-Bouaghi, par l'association El-Forkane, se disant favorable quant à l'application de la peine de mort. “Couper une seule main ou exécuter un seul assassin réconfortera la société tout entière, car les assassins sont un mal qui, si on ne l'éradique pas, se propage à tout le corps, comme un microbe. L'éducation islamique, la vraie, est donc nécessaire." Et de poursuivre : “Il faut aussi que les moyens d'information expliquent que le meurtre est un crime qui fait naître la haine et la ségrégation, Dieu sait que sans l'application du qessas (vengeance), il n'y a ni stabilité ni quiétude. C'est pourquoi nous souhaitons que nos gouvernants se réfèrent à Dieu, mais appliquer la peine de mort dans le cas de l'assassinat des enfants seulement ne peut se faire tant l'islam est indivisible", avant de conclure qu'“il est du devoir du gouvernant d'exécuter celui qui a tué", précisant toutefois qu'il y a des cas d'exception (acte involontaire, maladie psychiatrique, etc.) Par ailleurs, M. Kaher s'est exprimé sur l'assassinat de l'imam de la grande mosquée des Omeyyades à Damas, cheikh Mohamed Ramadhane El-Bouti, tué dans un attentat vendredi dernier. Cheikh El-Bouti était parmi les rares savants musulmans à avoir condamné les attentats du GIA durant les années 1990 en Algérie. Ce lâche attentat intervient, rappelons-le, quelques semaines après la diffusion sur la chaîne qatarie Al-Jazeera de l'appel de Youcef El-Qaradhaoui “au meurtre de tous les fonctionnaires, les soldats de l'armée régulière, les civils et les ulémas (savants) qui soutiennent le régime de Bachar al-Assad, en général, et les savants syriens, en particulier, dont l'imam El-Bouti". Notre interlocuteur n'en sera pas moins catégorique à ce sujet. “Tuer une âme n'est pas facile à décréter par fetwa, l'âme est respectée chez Dieu et le Prophète de l'islam Mohammed (QSSSL) a dit que détruire la Qaâba est moins grave que tuer une âme croyante. L'assassinat de l'imam El-Bouti est injustifiable, surtout qu'il n'était pas un combattant", dira-t-il.