Le coordinateur du CNDDC, Tahar Belabbès, a fustigé les multinationales pétrolières et gazières ainsi que les sociétés de sous-traitance qu'il accuse d'“esclavagisme". Des centaines de jeunes chômeurs, des syndicalistes, des militants politiques et des défenseurs des droits de l'Homme sont venus hier à El-Oued de différentes localités et de certaines wilayas du Sud et du Nord pour assister à la grande manifestation pacifique, en réponse à l'appel du Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Ont pris part, également, à ce mouvement des représentants des familles de disparus et même des commerçants et des jeunes ayant bénéficié des projets dans le cadre de l'Ansej et de la Cnac et qui se retrouvent endettés et poursuivis en justice par les banques. Des représentants du Snapap et ceux du FFS ont assisté à ce rassemblement en signe de solidarité avec les jeunes chômeurs. La place du Chahid Hamma-Lakhdar était presque vide vers 7h du matin. Mais peu à peu, les gens commençaient à affluer malgré la forte présence des forces de l'ordre qui surveillaient la scène d'un côté et assuraient la bonne circulation routière de l'autre. Les principaux accès et artères de la ville aux mille Coupoles étaient complètement sous contrôle. Des barrages de la police et de la gendarmerie étaient érigés sur les routes reliant El-Oued à Biskra, Tébessa et Ouargla. Les forces de l'ordre ont été dépêchées des wilayas limitrophes pour renforcer le dispositif sécuritaire dressé autour de la ville. Des sources sécuritaires ont précisé que les forces de l'ordre étaient là pour assurer la sécurité des personnes et des biens publics et empêcher toute incursion de malfaiteurs ou de cambrioleurs. Les organisateurs de la manifestation, après avoir entonné l'hymne national, ont lancé un message, à l'aide de porte-voix, aux services sécuritaires : “Notre manifestation est pacifique. Nous n'avons aucune couleur politique. Nous sommes de simples chômeurs réclamant nos droits légitimes et constitutionnels au travail et à une vie meilleure." Le message est bien reçu. Et le coordinateur du CNDDC, Tahar Belabbès, qui se trouve à El-Oued depuis jeudi, a commencé à haranguer les jeunes chômeurs. Non loin de là, une mère, connue sous le pseudo de “Oum Mohamed", raconte à un groupe de sympathisants l'histoire de son fils qui a disparu à l'âge de 16 ans. Quelques instants après, Tahar Belabbès a pris la parole pour déclarer que des citoyens venus de trois wilayas du Nord assister à ce rassemblement ont été arrêtés. Le coordinateur du CNDDC a déclaré : “Les jeunes chômeurs refusent l'oppression et l'injustice. Notre objectif est d'assurer un poste de travail permanent." Et d'ajouter : “Nous avons invité l'administration au dialogue avec notre mouvement, mais elle a refusé et continue de faire la sourde oreille." La foule répondait par des applaudissements nourris au discours du coordinateur du CNDDC. Au sujet des dispositifs de l'emploi des jeunes chômeurs, à savoir l'Ansej et la Cnac, Tahar Belabbès a expliqué qu'“ils (les dispositifs, ndlr) n'ont fait qu'enrichir les fils des responsables et appauvrir les fils des simples citoyens qui n'ont pu arriver à régulariser leur situation auprès des banques qui les ont poursuivis en justice. Donc, ces dispositifs sont des pièges". Et de reprendre : “Nous revendiquons la révision immédiate des dispositifs de l'emploi des jeunes." Le coordinateur du CNDDC a fustigé les multinationales pétrolières et gazières ainsi que les sociétés de sous-traitance et celles de sécurité exerçant dans le Sud. “Elles pratiquent l'esclavagisme et elles sont les colons des temps modernes ; elles appartiennent à des généraux", a-t-il dénoncé. Et de réclamer : “Il faut que nous récupérions notre dignité perdue et nos droits légaux." Malgré la chaleur torride, la foule n'a pas été affaiblie. Tahar Belabbès a saisi l'occasion pour fustiger les députés qui, selon lui, sont “fabriqués par le pouvoir et non élus par le peuple". Quant aux évènements de Ghardaïa, Tahar Belabbès a revendiqué, au nom du CNDDC, “la libération immédiate des détenus, membres de la ligue des droits de I'Homme, à leur tête le docteur Kamel Fekhar". Il a expliqué que “le régime a déjà tracé un plan avant la manifestation du 14 mars pour amadouer les manifestants, mais nous réclamons la reconnaissance de notre mouvement et que le gouvernement accepte le dialogue en toute transparence sur les différents problèmes que vivent les chômeurs". Revenant à la manifestation d'El-Oued, Tahar Belabbès a précisé que “peu importe le nombre car nous avons déjà réussi. Nous avons pu franchir les obstacles de la peur qui régnait dans l'esprit des habitants d'El-Oued et nous avons fait sortir les chômeurs dans la rue pour manifester pacifiquement et s'exprimer librement. Notre mouvement continue à être organisé et nos manifestations se multiplieront de jour en jour jusqu'à ce que les chômeurs récupèrent leurs droits légitimes. En premier lieu, l'instauration d'un Etat de droit dans lequel nous pouvons obtenir des postes de travail permanents, pour nous et pour les futures générations". La marginalisation de la wilaya d'El-Oued en matière de développement est une chose voulue. Selon le chef de la section du CNDDC, Rachid Aouin, “des secteurs stratégiques sont toujours sans directeurs, des responsables d'établissement des wilayas du Nord ont été mutés à El-Oued par mesure disciplinaire, et de même pour d'autres qui sont encore stagiaires ou qui se préparent à la retraite ont été envoyés vers cette région pour chômer et se sucrer". S. M