À en croire les organisateurs de la manifestation, des médias nationaux et même étrangers seront présents à El-Oued et des milliers de tracts appelant au rassemblement des chômeurs ont été distribués dans tous les quartiers et autres lieux publics. Un grand rassemblement des chômeurs sera organisé aujourd'hui à El-Oued, précisément à la place Hamma-Lakhdar où est érigé le Monument aux martyrs. La manifestation intervient en réponse à l'appel du Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Pour cela, les animateurs du CNDDC ont multiplié ces derniers jours des rencontres et des sorties à travers les différentes localités de la ville aux Mille coupoles. Sillonnant même les villages les plus enclavés, ils ont harangué les foules pour les sensibiliser et les convaincre de venir nombreux à la manifestation dite historique eu égard à l'alerte générale déclenchée par les services de sécurité. Des militants des droits de l'Homme et des sympathisants, des personnes âgées ont décidé, selon les organisateurs, de participer à ce rassemblement. Notons au passage que ce mouvement de contestation coïncide avec le Festival national de la chanson scolaire, d'où la présence de centaines de visiteurs nationaux et de touristes étrangers à El-Oued. À en croire les organisateurs, des médias nationaux et étrangers seront présents aujourd'hui. Et, selon le chef de la section d'El-Oued de la CNDDC, des milliers de tracts appelant au rassemblement des chômeurs ont été distribués dans tous les quartiers et autres lieux publics. Des affiches géantes, en guise d'invitations, ont été placardées sur des murs et les arcades de la ville. Le CNDDC a accusé des parties inconnues, qui “déchirent les affiches et sèment la terreur parmi les jeunes", de tenter de saborder le mouvement pacifique. Des jeunes occupant des postes de travail précaires dans le cadre des dispositifs d'insertion des chômeurs seront au rendez-vous aujourd'hui, selon certains d'entre eux. “Nous participerons à la manifestation pour demander des postes permanents qui nous assurent une vie décente", disent-ils. Le CNDDC a dénoncé “les provocations de l'administration visant à briser le mouvement des chômeurs". Le chef de la section du CNDDC d'El-Oued nous a affirmé que “l'administration a ordonné à des pseudos représentants de la société civile de diffuser des contre-communiqués" pour contrer le CNDDC. “Dans la journée de jeudi dernier, le wali et le président de l'APW ont organisé une rencontre regroupant ces pseudos représentants de la société civile, accuse-t-on encore. Ils ont simulé un débat sur les problèmes de développement de la ville d'El-Oued, en lui donnant un cachet officiel et sérieux, allant jusqu'à diffuser la rencontre sur les ondes de la radio locale, mais en fait, ce n'était qu'une action visant à nous déstabiliser", ajoute un animateur du comité. “L'opération d'arrestation nous a beaucoup servis et elle a renforcé les liens entre nous. Tout le monde veut savoir pourquoi des membres du CNDDC ont été arrêtés", ajoute-t-il. Le CNDDC a indiqué que les problèmes des jeunes d'El-Oued sont les mêmes que ceux du reste des régions du Sud, notamment en matière de chômage. L'oisiveté a poussé les jeunes à embrasser des carrières de dealers. D'autres ont été récupérés par des courants islamistes radicaux. Le coordinateur national du CNDDC, Tahar Belabbès, s'est déplacé jeudi à El-Oued pour exprimer son soutien aux jeunes de la ville et a assisté à des meetings de proximité avec des jeunes chômeurs dans certaines localités, à l'instar de Bayada et Robbah ainsi qu'au marché central de la ville d'El-Oued. Selon lui, le CNDDC mise beaucoup sur la manifestation d'El-Oued. “Car El-Oued est liée à d'autres wilayas du Sud", explique-t-il. “Les jeunes sont les plus touchés par le chômage, la corruption, le favoritisme et la marginalisation. Nous avons envoyé des messages à la Présidence, au gouvernement et à l'APN pour résoudre rapidement les problèmes des chômeurs. Le recours aux manifestations pacifiques est un droit constitutionnel. On exerce ce droit sans avoir besoin de l'autorisation de l'administration", a-t-il ajouté. Le CNDDC rejette la politique actuelle de l'emploi ainsi que les dispositifs Ansej et Cnac. Ces dispositifs, dit-il, ne profitent qu'aux fils des gens du pouvoir. Pour cela, le CNDDC revendique depuis El-Oued, selon Tahar Belabbès, “l'instauration d'un Etat de droit où tout devra se faire dans une totale transparence et nous réclamons la création d'institutions stratégiques qui renforcent l'économie nationale". Il a rejeté les accusations du pouvoir qui taxe les manifestants de séparatistes. Plus loin, Tahar Belabbès a précisé que les citoyens d'El-Oued sont intelligents et conscients. “El-Oued, c'est la région la plus touchée par le terrorisme dans le Sud. Donc, les citoyens ainsi que les jeunes chômeurs ont toujours peur, même pour réclamer des petits droits, peur d'être arrêtés, peur d'être accusés et si on est ici aujourd'hui, c'est pour briser le mur de la peur. On va ensemble réclamer nos droits constitutionnels, droit au travail. On va exiger du Chef du gouvernement d'appliquer sur le terrain ses promesses et ses dernières mesures en faveur des chômeurs du Sud et de dialoguer directement avec les représentants des chômeurs." S. M