Né le 26 décembre 1923 à Constantine, avocat, militant de l'Indépendance algérienne, il est le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante. Il entre très tôt dans le mouvement nationaliste algérien. Dès 1943, il est membre du PPA/MTLD. “J'ai été recruté par Asselah Hocine, dirigeant de l'équipe de basket-ball du MCA. Dans la formation mouloudéenne, les deux arrières étaient Abdelmalek Temam et moi. En septembre 1943, j'ai participé à la première manifestation lors de l'Aïd el-Fitr. J'ai été arrêté en compagnie de Sid-Ali Abdelhamid et défendu par des avocats français. Au bac, j'avais obtenu une très bonne note en philo. Je voulais préparer une licence d'histoire, mais Asselah m'en a dissuadé." “Fais du droit pour être l'avocat du parti. C'est ce que j'ai fait en prêtant serment le 10 juillet 1947 pour plaider toutes les affaires où le PPA était impliqué. Cela s'est passé au barreau d'Alger aux côtés de mes collègues Gonon, Ali Boumendjel et Hocine Tayebi", raconte-t-il. Lors de la bataille d'Alger, il sera en relation avec le CCE et notamment avec Benkhedda. “Je suis resté en contact permanent avec lui (Benkhedda) par l'intermédiaire du chahid Mohamed Drarini, chef SMA, qui était mon responsable direct dont je recevais les instructions." À ce sujet, il raconte : “Benkhedda me demanda, par l'intermédiaire de Drarini (Que Dieu ait son âme) de faire évader Aïssat Idir qui était interné au camp de Bossuet. Je lui ai fait dire que ce projet était impossible à réaliser, connaissant la situation dans ce camp de concentration. Deux jours plus tard, en me rendant, comme tous les matins, au Palais de justice, j'ai été abordé par un certain ‘Monsieur Jean', avec moustaches, lunettes et chapeau. Il me demanda de me rendre dans ma voiture où il ne tardera pas à me rejoindre. Sur son injonction, je me suis dirigé vers le boulevard Baudin (actuellement Amirouche), il me fait passer devant le commissariat central de la police. Nous empruntâmes ensuite l'ex-rue Richelieu vers l'actuelle rue Didouche-Mourad. Au cours du trajet, il m'expliqua que le Congrès des syndicats américains AFL-CIO et celui de la Cisl a laquelle Aïssat Idir avait fait adhérer l'UGTA allaient se tenir à San Francisco. Il était impérieux que Aïssat y assiste pour défendre le droit du peuple algérien à l'Indépendance et rallier à notre cause les travailleurs américains et des syndicats membres de la Cisl à travers le monde. Impressionné autant par ces arguments que par son courage lors de notre passage devant le commissariat central où il risquait d'être reconnu à cause de moi car j'étais connu des policiers qui assistaient aux audiences judiciaires où je plaidais depuis des années les procès politiques et autres, j'ai accepté d'aller à Bossuet. Je sentais aussi que Benyoucef ne me lâcherait qu'après avoir obtenu satisfaction." “Je rendis visite à Aïssat et à d'autres détenus au camp de Bossuet. Malheureusement, tous me confirmèrent l'impossibilité de toute évasion suite à l'échec de plusieurs tentatives qui n'avaient abouti qu'au développement des réseaux de barbelés, des champs de mines et des chemins de ronde des blindés autour du camp." Il est arrêté en février 1957 et incarcéré à Berrouaghia puis à Bossuet. “J'en étais devenu le responsable clandestin avec Cheikh Sahnoun comme mufti, aux côtés de Djennas, Kerbouche, Aroua, le Dr Belouizdad." “Il est ensuite libéré mais assigné à résidence ; il quitte alors clandestinement Alger sur le Sidi-Fredj. Il passe en Italie et rejoint à Rome Taïeb Boulahrouf. Puis il gagne Tunis, où il est accueilli par M'hamed Yazid et Benkhedda. Au printemps 1959, Djillali M'barek, dirigeant du syndicat UGTA, lui demande de faire reparaître l'Ouvrier algérien. Ensuite, il est envoyé par Ferhat Abbas au Maroc, en soutien au nouveau gouvernement marocain. Depuis le Maroc, il reste en contact avec la Fédération de France du FLN. Il participe à la rédaction de la Charte de Tripoli. En 1962, au moment du cessez-le-feu, il est rapporteur de la commission justice des accords d'Evian, puis membre de la commission centrale du référendum pour l'Indépendance. Ensuite, il est nommé chef de cabinet de Rabah Bitat lors des derniers mois du GPRA avant d'être élu député d'Alger, au sein de l'Assemblée constituante. Il est, enfin, le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, cela ne l'empêchera pas d'être kidnappé par les sbires de Ben Bella et emprisonné dans le désert algérien, avec Ferhat Abbas et bien d'autres nationalistes de la première heure pendant plus d'un an, en 1963. Il reprend son métier d'avocat en 1965, avant de devenir bâtonnier en 1971. Il est membre du comité de parrainage du tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont été présentés le 4 mars 2009. Il est président de l'Ajid (Association des juristes internationales démocrates) et, à ce titre, militant défenseur acharné des droits de l'Homme. En qualité de président de cette ONG, il prend la défense de prisonniers d'horizons divers. Il s'occupe du cas de Ben Bella et de ses compagnons, en saisissant à deux reprises Boumediene personnellement et en défendant personnellement les élèves officiers trotskystes devant le tribunal militaire de Blida. Il est membre du collectif de défense es qualité de Mandela Nelson, avocat de Benkhedda dans l'affaire qui l'oppose au pouvoir et obtient la restitution de la pharmacie nationalisée par Boumediene. Il fait partie également du collectif des avocats qui défend les dirigeants du FIS après janvier 1992. Il sera également l'avocat de la famille Abane et fera condamner Ali Kafi à un dinar symbolique à la suite de ses écrits diffamants sur le défunt Abane Ramdane. Il laissera de nombreux témoignages dont un livre sur l'histoire de la justice algérienne." Il dira à ce sujet : “Je suis en train d'écrire pour dire et rétablir les vérités telles que vécues. Nul n'a le droit de se taire sur la falsification de l'histoire qui est le patrimoine de tous les Algériens." S. B.