Le Printemps arabe n'a pas encore livré tous ses secrets. Si les dictatures ont été chassées et remplacées par des régimes élus démocratiquement, la démocratie n'a pas gagné pour autant. En Tunisie, ce sont les islamistes d'Ennahda qui ont profité de la révolution du Jasmin alors qu'en Egypte, ce sont les Frères musulmans qui ont pu détourner la contestation de la place Tahrir. Preuve en est, la mobilisation citoyenne se poursuit et l'opposition démocratique n'est pas prête à baisser les bras. En Libye, la stabilité politique n'est pas encore totalement acquise et la circulation des armes de l'ancien arsenal de Kadhafi fait craindre le pire. En Syrie, les choses sont devenues tellement compliquées qu'il est difficile, voire impossible, de pronostiquer sur telle ou telle issue de la crise. Et le pire dans cet imbroglio, c'est cette facilité déconcertante d'une Ligue arabe, qui n'a d'arabe que le nom, qui exclut la Syrie officielle et qui invite l'opposition à y siéger alors que le régime de Bachar al-Assad est toujours en place. Deux ans après les soulèvements arabes, les peuples qui espéraient savourer le goût de la liberté se retrouvent face à une autre dictature d'un autre nom, d'un autre âge : le fondamentalisme. Alimenté par le wahhabisme saoudien et soutenu financièrement par le Qatar, et parrainé par l'Occident, le mouvement islamiste veut forcer le destin pour s'approprier la révolte des populations contre le totalitarisme dans le monde arabe. Mais la mobilisation et la détermination des sociétés civiles sont un véritable frein aux desseins des laboratoires du chaos qui, à travers leur soutien aux partis radicaux, ont porté un coup de poignard dans le dos des démocrates et des militants de la liberté dans le monde arabe. Le combat continue et l'espoir est permis. Le sacrifice de Bouazizi en Tunisie et des jeunes Cairotes ne sera pas vain.