Le frère de l'opposant Chokri Belaïd, Abdelmadjid, a fait mardi soir une déclaration fracassante à la chaîne de Nessma TV, dans lesquelles il accuse Ennahda et le Qatar d'en être responsables. D'aucuns se demandent pourquoi ces révélations deux mois après le meurtre de son frère. Affirmant être en possession d'informations émanant d'une source digne de confiance concernant l'identification d'un véhicule qui aurait été utilisé lors de l'assassinat de son frère Chokri, Abdelmadjid Belaïd a précisé que le véhicule en question appartient a une société qatarie implantée à Tunis dont le gérant est un membre du parti Ennahdha. Il s'étonne, d'un autre côté, que le juge d'instruction en charge du dossier du meurtre, s'entête à refuser d'auditionner cette personne malgré l'insistance du groupe de défense. Dans la même journée du mardi, le secrétaire général adjoint du Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU) annonce la même couleur mais nuancée. Mohamed Jmour, a déclaré que son parti “accuse Ennahdha d'être derrière l'assassinat de Chokri Belaïd et n'exclut pas l'implication d'une partie prenante du Golfe". Il a ajouté, lors d'un point de presse à Tunis, que le PPDU “se rapproche de la vérité" et qu'il détient des preuves impliquant ces parties dans cet assassinat qualifié par Jmour de “crime d'Etat". Le secrétaire général adjoint du PPDU a fait porter la responsabilité de ce meurtre à l'ancien ministre de l'Intérieur, et actuel chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, déclarant qu'il “n'a assuré aucune protection au défunt, de manière délibérée". Mohamed Jmour a remis en cause l'enquête sur cet assassinat, évoquant le refus du juge d'instruction du 13e bureau du tribunal de première instance de Tunis d'auditionner l'homme d'affaires Fethi Dammak et son “empressement à clore l'enquête". Mohamed Jmour a indiqué que le PPDU avait fourni au juge d'instruction le numéro d'immatriculation de la voiture qui avait transporté l'assassin. “La voiture appartient à une société privée, dénommée ‘Les oasis', société dont un associé est membre du mouvement Ennahdha", a-t-il relevé précisant que “le juge d'instruction n'a pas pris en considération cette donnée". Mohamed Jmour a appelé la justice tunisienne à faire montre d'impartialité et d'indépendance, réaffirmant l'attachement du PPDU et de la famille du défunt à user de son droit de recours aux organisations internationales et à mobiliser toutes les structures onusiennes, qui ont déjà exprimé leur soutien à ce dossier. Enfin, Mohamed Jmour a réitéré l'attachement du PPDU à organiser un congrès national pour le dialogue, mettant en garde contre les mesures économiques et sociales décidées par le nouveau gouvernement, et touchant notamment la fiscalité, les caisses sociales, les salariés et les personnes à faible revenu. Il a, à cette occasion, présenté aux médias le nouveau secrétaire général du PPDU, Zied Lakhdhar, qui a parlé de la 1re session du comité central du parti, tenue les 23 et 24 mars 2013, et au cours de laquelle ont été redistribuées les responsabilités au sein du bureau politique du parti. Zied Lakhdhar a indiqué que le gouvernement Larayedh est “la continuité de son précédent. Il symbolise le crime d'Etat et les agressions contre les forces civiles et politiques nationales". Il a dénoncé les déclarations du président de la République provisoire, Moncef Marzouki, sur l'assassinat de Chokri Belaïd, précisant, sur un autre plan, que “Marzouki est sorti de son obligation de réserve en tant que président de tous les Tunisiens en menaçant de dresser les échafauds aux laïques extrémistes". I. O.