Elle annule en partie le gain né de la croissance de nos exportations de gaz en 2004. L'explosion qui a causé la mort d'une vingtaine de personnes engendrera une perte de centaines de millions de dollars par an au moins, en termes de recettes d'exportation, nous a confié un spécialiste, eu égard à l'arrêt des installations touchées par l'incendie. En effet, le complexe de liquéfaction de Skikda GL1 K assure environ 20% de la production globale de GNL du pays. De ce fait, elle annule en partie le gain né de la croissance de nos exportations de gaz, a-t-il ajouté. En effet, Sonatrach va livrer, l'an prochain, 3 milliards de m3 de gaz supplémentaires à travers le gazoduc Duran Farell reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc : 2 milliards pour l'Espagne, 1 milliard pour le Portugal. En effet, la station de compression qui permet l'extension des capacités du pipe sera réceptionnée dans les prochains jours. L'explosion est intervenue, du reste, au moment où les prix du gaz sur les marchés connaissent une flambée en raison de la vigueur du froid, principalement aux Etats-Unis, où le million de BTU, mesure utilisée pour calculer la valeur du gaz commercialisé, vaut environ 6 dollars, contre deux fois moins, les autres saisons. S'il est vrai que les complexes de liquéfaction peuvent aller jusqu'à 110 % de leurs capacités, ils le peuvent pour une période limitée de crainte d'entraîner des risques sur la sécurité des installations, ajoute la même source. Ce qui relativise la réponse du ministre de l'énergie, selon laquelle, les complexes d'Arzew peuvent compenser les pertes de production des unités de Skikda. À noter que Sonatrach compte 4 complexes de liquéfaction : 3 à Arzew et 1 à Skikda. Le dernier complexe où s'est produit l'accident dénommé GL1 k a connu des difficultés dans sa réhabilitation. Sa capacité est de 8 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié(GNL) par an. Mais il produit environ 6 milliards de m3 par an de GNL parce que Sonatrach a décidé de ne pas réhabiliter une unité de ce complexe pour des raisons techniques. C'est justement à cette unité appelée unité 40 que s'est produite la catastrophe. Deux autres unités sont touchées par l'explosion. Ce sont des procédés très complexes qui sont utilisés. La particularité du GL1k, c'est que plusieurs procédés sont utilisés pour liquéfier le gaz, alors qu'en principe dans un complexe de GNL, un seul procédé fondamental est utilisé. Il y a eu sur ce site un contentieux avec Sofregaz, pour le retard dans l'opération de lifting des installations. Sonatrach a dû confier à une compagnie américaine le soin de boucler les travaux. En résumé, le complexe de Skikda a posé des difficultés dans sa rénovation. Cette opération a commencé en 1990 et a été bouclée en 2000. Elle a englobé les quatre complexes. Ce qui est incompréhensible, c'est que ce lifting se résume entre autres, à une mise en conformité des installations aux normes internationales de sécurité. L'explosion suscite des interrogations. Cette rénovation a-t-elle été effectuée dans les règles ? Ce qu'il faut savoir également, c'est que les quantités produites de GNL sont toutes exportées. Il s'agit de rendre liquide dans ces installations le gaz naturel, de façon à réduire son volume de 3 600 fois, pour pouvoir le transporter dans des bateaux appelés méthaniers, vers des pays comme la France, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, la Turquie et les Etats-Unis, principaux clients de Sonatrach. Le GNL participe pour près de la moitié de nos exportations de gaz qui constituent presque la moitié de nos recettes hydrocarbures. Les capacités globales de production des 4 complexes sont de 30 milliards de m3 par an de GNL. Mais la production réelle est entre 27 et 28 milliards de m3 de GNL par an. Jusqu'à présent, les clients de Sonatrach se sont félicités de la sécurité dans leur approvisionnement en gaz algérien. Ces raisons ainsi que le caractère dangereux du gaz font, que ces usines font l'objet de conditions sévères de sécurité. Cet incident, qui a causé mort d'hommes, et survient peu de temps après celui d'Arzew, suscite maintes interrogations : y a-t-il eu défaillances ? Après un parcours sans faute, ces accidents ne viennent-ils pas remettre en cause une idée répandue : la maîtrise par Sonatrach de toute la chaîne du GNL, y compris les aspects de sécurité des installations. Dans ce cas, l'heure est beaucoup plus grave qu'on ne le pense. À l'heure où nous écrivons, la cellule de crise installée à Sonatrach s'active pour coordonner les efforts en vue de limiter les pertes humaines et matérielles. N. R.