Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Pour nombre de spécialistes du commerce extérieur, «la stagnation des exportations hors hydrocarbures est dans la même logique depuis 30 ans, ces exportations évoluent autour de 2% des exportations globales et sont en plus peu diversifiées». Des consultants bien au fait du dossier estiment que les organes d'accompagnement ne semblent pas jouer le rôle attendu de soutien et d'encouragement des exportations pour conquérir des nouveaux marchés. Du côté de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex) on reconnaît que la mise en place du dispositif de promotion et d'accompagnement des exportateurs n'a pas eu les effets escomptés.Selon un rapport de l'Algex, si les exportations des produits agricoles n'arrivent pas à décoller, c'est parce qu'il existe encore des points faibles dans la démarche. Les plus évidents sont, d'après l'agence, une inadaptation des produits agricoles aux exigences du client étranger, notamment en termes de normes et de management. De plus, les exportateurs restent confrontés au problème de transport, notamment à l'absence d'un calendrier de rotation des navires. De ce fait, ces opérateurs se trouvent contraints d'effectuer leurs livraisons à partir du port d'Alger, à des centaines de kilomètres des points de production, engendrant ainsi des surcoûts et des avaries sur les produits, car ils font souvent face à l'insuffisance des infrastructures de froid et à l'absence de remorques frigorifiées qui entraînent une rupture de la chaîne du froid.A ce propos, les rédacteurs ont souligné dans leur rapport que la filière fruits et légumes, dans la perspective de se déployer à l'export, doit s'adapter et répondre aux normes internationales concernant les aspects liés à la normalisation, au calibrage, au conditionnement et à la logistique, non sans faire remarquer que le respect de ces normes constitue un préalable pour permettre le placement des produits algériens sur les marchés étrangers. Or, la plupart des PME exportatrices n'accordent pas beaucoup d'importance à ces exigences. Elles n'ont d'ailleurs pas assez de connaissances en matière de packaging, de normes, de traçabilité, des certifications indispensables (Global Gap…), et manquent d'organisation. Ces insuffisances viennent s'ajouter aux contraintes logistiques, institutionnelles et/ou réglementaires.Néanmoins, certains opérateurs ont compris que, pour se placer sur les marchés extérieurs, il faut changer de mode opératoire. Dans cette optique, le programme Optimexport mis en place par le ministère du Commerce pour développer les exportations leur propose les orientations nécessaires dans ce sens. Dès sa mise en place, Optimexport s'est attelé à organiser des ateliers de formation et a aussi engagé des actions pour aider la filière des fruits et légumes à prospecter toutes les opportunités d'exportation. L'Algex a d'ailleurs accompagné des entreprises d'exportation dans les foires et salons, leur permettant ainsi de découvrir la concurrence qu'elles devront affronter.L'Algérie a, dans ce cadre, pris part à la 17ème édition du «Salon Fruit Logistica 2009» de Berlin (Allemagne) qui réunit chaque année tous les grands acteurs mondiaux de la filière fruits et légumes ainsi que les spécialistes de la chaîne logistique. Cette participation a permis aux opérateurs algériens de constater, d'une part, la rigueur et les exigences en matière de qualité des produits frais du marché allemand et mondial et, d'autre part, de se rendre compte de l'évolution des goûts et des besoins des marchés pour mieux y répondre. Ce salon a aussi constitué une opportunité de prospection pour nouer des contacts d'affaires directs avec des professionnels et des partenaires étrangers.Il est utile de rappeler que l'accord d'association avec l'Union européenne autorise l'Algérie à placer plus de 123 produits à des périodes précises sans conditions tarifaires. Malheureusement, nombre de nos exportateurs ratent ces périodes et voient ainsi leur expédition renvoyée, avec toutes les pertes financières que cela entraîne. Rares sont les produits agricoles qui arrivent à bon port dans les délais autorisés par l'accord d'association. On peut citer à titre d'exemple les dattes (Tolga), les fèves, les petits pois, le poivron, le piment et la pomme de terre (El Oued). D'autres produits agricoles, également considérés à fort potentiel d'exportation, sont encore dans l'attente d'une expédition, comme les artichauts, les fraises, etc. Le cas échéant, les recettes d'exportations hors hydrocarbures de l'Algérie pourraient atteindre 4 milliards de dollars d'ici à 2011, selon les prévisions de l'Algex. Mais pour atteindre ce résultat, il est nécessaire d'introduire des améliorations de fond, notamment en termes de logistique, et de se conformer aux normes internationales de qualité. Z. A. Les exportations de produits agricoles en chiffres Bien qu'enregistrant une légère progression ces dernières années, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, les exportations de produits agricoles sont en deçà des niveaux enregistrés au lendemain de l'indépendance et demeurent dérisoires. A titre illustratif, les exportations agricoles et agroalimentaires ont atteint 99 millions de dollars en 2009 (contre 107,6 millions de dollars en 2008) pour 5,8 milliards de dollars d'importations alimentaires en 2009 (contre 7,8 milliards de dollars en 2008). Sur ce montant, les exportations agricoles représentent 35 millions de dollars contre près de 19 millions en 2004, dominées par les dattes qui néanmoins accusent une baisse.