Curieuse coïncidence que nous a proposé la semaine écoulée. Sauf que je n'irai pas jusqu'à supputer que c'est la banderole brandie au stade du 5-Juillet par Omar Ghrib et son parrain qui aura été à l'origine du décès de mon ami Mustapha Toumi... Ce chantre de La Casbah éternelle qui a toujours su, bien que miné par une overdose d'amertume en relation étroite avec l'insulte faite à cette médina, créer l'épopée avec les mots qui sont les siens. Des mots qui, bien loin de l'opportunisme affiché sur le dos du peuple du Mouloudia, traduisent très souvent une réalité objective en complète rupture avec les enjeux politiciens. Avec “Rayha ouineé", et “Sobhan Allah ya L'tif", Mustapha Toumi conjugue poétique et politique pour porter la parole empêchée. Morceau d'anthologie s'il en est, magistralement interprété par cheikh hadj M'hamed El Anka qui devait se retourner lui-aussi dans sa tombe au moment où la banderole était brandie au Stade du 5-Juillet, “Sobhan Allah ya L'tif" en est une parfaite illustration : “Je dois rompre avec celui dont la bonté fait défaut ; car les principes recommandent de ne pas fréquenter les traîtres. Je les ai côtoyés pensant me lier avec des hommes de bien et patients. Je les ai pris isolément, et ensemble pour les éprouver et, pour une vétille, ils renièrent mes bienfaits". Militant de la cause nationale et de l'édification plurielle de son beau pays, il avait opté, très tôt, pour un argumentaire qui, même esthétisé, se définit par un enjeu du langage lui-même généré par l'historicité. Intellectuel organique honorant les canons définis par le théoricien italien Antonio Gramsci, il était mal dans sa peau lorsqu'il arpentait les ruelles de La Casbah outrageusement embrassée, mordue, déshonorée et rejetée par l'indifférence des clercs. Lorsque le poète écrit et cheikh hadj M'hamed El Anka chante “Sobhan Allah ya L'tif", c'est à La Casbah flétrie, mais ô combien digne, que vont leurs pensées. A Djamila Bouhired, l'indomptable mouloudéenne, qui condamne avec l'extrême sévérité Omar Ghrib et son parrain pour avoir trahi l'éthique sportive : “Mes os ne sont pas à ronger ! Je ne suis pas stérile ; ma terre n'est pas desséchée. Un lion demeure un lion ; même vieillissant, les loups le redoutent. On ne peut être mené et diriger à la fois, ramer et tenir la barre au plus fort de la tempête. L'auteur de cette composition poétique n'est pas isolé. Il fait partie des êtres sincères et fidèles ; c'est un vrai fils de Bab J'did", ce quartier mythique de La Casbah qui m'a vu naître et où repose désormais en paix, au cimetière d'El Kettar, Mustapha Toumi dont les luttes et les espoirs ne seront pas vains. Les choses bougent autour de La Casbah à un moment où les forces patriotiques sont déterminées à la faire renaître de ses cendres et l'opportunisme des indus occupants du Mouloudia d'Alger semble être annihilé par la tenue aujourd'hui, dans la stricte légalité, de l'AG du CSA. A. M. [email protected] Nom Adresse email