Le deuxième round du dialogue archs-gouvernement a commencé hier. Le groupe des “24” a été sommé de prêter serment. Le deuxième épisode du dialogue entre le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et une délégation des archs de Kabylie, composée de 24 représentants de plusieurs wilayas, s'est tenu, hier, au palais du gouvernement. Sur la table des négociations, deux points essentiels : la prise en charge de la sixième “incidence” qui a trait à la révocation des “indus élus” et la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur “scellée et non négociable” pour reprendre la littérature du mouvement citoyen. Juste au début des travaux, Belaïd Abrika a émis le souhait de laisser la presse couvrir la rencontre. Demande auquelle Ouyahia a refusé d'accéder pour “des raisons évidentes”. Lesquelles ? Ouyahia ne l'a pas dit. L'insistance quelque peu molle d'Abrika n'a pas fait fléchir Ouyahia qui dit s'en tenir à “ce qui est convenu auparavant”. Et il a eu gain de cause. Ceci dit, Ouyahia a soutenu : “Nous sommes ici pour régler les conséquences d'une grave crise”. Pour sa part, Belaïd Abrika a affirmé avoir “une mission claire et bien déterminée : la prise en charge de la sixième incidence et la mise en œuvre de la plate-forme d'El- Kseur”. En prenant la parole au nom des parents des martyrs, Khaled Guermah s'est dit être là comme soutien moral au noble combat des archs. Il a appelé de ses vœux l'avènement d'un Etat de droit et d'une république démocratique où seront bannies l'injustice et la hogra. La glace entre les archset le gouvernement brisée S'exprimant au nom de toutes les institutions de l'Etat, Ouyahia a affirmé : “Nous nous inclinons avec respect à la mémoire des victimes. Aux familles des martyrs, nous exprimons notre profond regret, solidarité et soutien fraternel. Les victimes sont les nôtres, nos frères”. Ouyahia a rappelé que son appel au dialogue de juin dernier, qui a eu l'aval du président de la république a été sincère et que le fossé de confiance entre les deux parties a été comblé puisque, à ses yeux, les derniers préliminaires ont réussi à “briser la glace”. Tout en qualifiant leur mouvement de “respecté”, Ouyahia a indiqué à l'adresse des membres de la délégation : “Nous sommes ici pour régler les conséquences d'une grave crise”. Pour ce qui est de la sixième incidence, un délégué de Béjaïa a soutenu avant le début de la rencontre avec Ouyahia que concernant les APC et APW, le mouvement citoyen sera intraitable. Il exigera un engagement ferme et écrit du chef du gouvernement quant à leur dissolution et dans un délai ne dépassant pas les deux mois. Pour ce qui est de l'APN, son mouvement ferait montre d'une disponibilité à traiter le problème après l'élection présidentielle. Parallèlement à cette rencontre, les coordinations des différentes wilayas ont tenu “un conclave ouvert d'accompagnement” à la salle Ibn-Khaldoun. Un conclave dédié “à la mémoire des martyrs de 1954-1962 et à tous les martyrs et victimes du printemps noir”, annonce une banderole. À peine la minute de silence à la mémoire des martyrs d'hier et d'aujourd'hui terminée, l'assistance clamera, à tue-tête, les mots d'ordre habituels du mouvement, “Ulac smah ulac”, “pouvoir assassin”, “Zerhouni assassin” etc. En passant en revue les organes de presse présents au rendez-vous, Le Soir d'Algérie et Liberté seront copieusement hués. Un délégué a même demandé de mettre à la porte le journaliste du premier organe cité. Fort heureusement sa requête est tout bonnement ignorée par la plénière. Après quoi sera présentée à la plénière, pour approbation, la délégation de la wilaya de Béjaïa. Ce qui fut fait. Ali Gherbi, figure de proue du mouvement citoyen, n'est pas présent dans la salle quoiqu'il fasse partie de la délégation. “Il arrivera d'une minute à l'autre”, précise un membre de la délégation de Béjaïa. Donc, même absent à la plénière, il sera quand même présent aux négociations. Selon un délégué de Bouira, sa rivalité avec Abrika est pour quelque chose dans son absence à la salle Ibn-Khaldoun. Juste après, un accroc se produit. Un délégué de Bouira empêché de prendre la parole Un délégué de Bouira, Akli Mohand Hassen, contestant la composante de la délégation de sa wilaya, a voulu prendre la parole. Le remuant Hakim Kacimi, se départissant violemment de son burnous, se précipitera sur le bureau qui préside le conclave. S'ensuivit alors un cafouillis indescriptible. Intercédera alors le délégué des Gênets, Belaïd Abrika, auprès du “fauteur de trouble”, Mohand Hassen bien évidemment, qui sera rugueusement entraîné en dehors de la salle par un groupe de délégués. Des photographes et des journalistes seront tout bonnement empêchés de les rejoindre ! Et même brutalement, en leur imposant de rester à l'intérieur de la salle. Comme pour atténuer la portée de cet incident, Belaïd Abrika interviendra pour assurer l'assistance qu'il n'y a pas de divergences entre les archs. Tout en se disant comprendre l'ambition des délégués qui ont fait les mêmes sacrifices, de faire partie de la délégation qui se rendra chez Ouyahia. En outre, il a prévenu la plénière que la tâche sera assez dure. “Il ne s'agit pas d'une rencontre de complaisance et de fiesta, mais d'un combat”, a-t-il soutenu. Les membres de la délégation assermentés Ce premier accroc passé, un délégué fera la proposition que les membres de la délégation qui rencontrera Ouyahia fassent d'abord le serment qu'ils ne trahiront pas le combat. Certains comme Yazid Mahdi, Beza Benmansour, Saïd Redjal l'ont fait. D'autres noms, comme Hakim Kacimi, pour qui l'engagement des délégués dans le combat depuis 2001 suffit. L'intervention d'un parent de martyr pour exprimer sa confiance aux membres de la délégation épargnera à certains autres délégués qui la composent, comme Farès Oudjedi et Belaïd Abrika de le faire. Ce dernier, ne parlant pas en son nom propre, a assuré ses pairs : “vous avez le serment de cette délégation qu'elle ne trahira pas”. Après quoi, la délégation se rendra chez Ouyahia. Leurs collègues se permettront même le luxe d'organiser dans la rue une petite marche pour crier la rengaine de “pouvoir assassin”. Les policiers du coin n'ont pas branché. A. C. Ouyahia : “Nos rencontres ont contribué à briser la glace” Le Chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a réitéré, hier, à l'occasion de l'ouverture de la réunion entre les archs et les représentants des pouvoirs publics, l'engagement de l'Etat à résoudre les “conséquences d'une grave crise” qui a affecté la Kabylie. “Nos rencontres préliminaires du 3 au 6 janvier courant ont déjà contribué à briser la glace”, a rappelé M. Ouyahia qui a émis le voeu que les “mesures qui ont accompagné les engagements pris par le gouvernement à travers le protocole d'accord, auront contribué à (vous) convaincre davantage de la bonne volonté, de la sincérité de l'Etat”. M. Ouyahia a rappelé également l'engagement du gouvernement à mettre en oeuvre la plate-forme d'El-Kseur dans “l'esprit de la démocratie et de l'Etat de droit”. De son côté, le porte-parole de la délégation mandatée par l'Interwilayas, M. Belaïd Abrika, a indiqué que “notre mission consiste à discuter d'abord du sixième point relatif aux indus élus avant d'entamer le dialogue sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur”. Pour leur part, les parents des victimes des événements de Kabylie, invités à titre d'observateurs, ont réitéré leur disponibilité à accompagner le mouvement des archs dans la mise en œuvre de la plate-forme.