Pour Bush, les Etats-Unis s'arrogent tous les droits pour déclarer une guerre quand ses intérêts sont menacés. Il a profité de l'occasion pour donner les grandes lignes de sa campagne électorale. C'est à un véritable discours de précampagne électorale qu'ont eu droit les membres du congrès américain mardi soir. Se montrant sûr de lui, George Bush, qui en est à sa troisième année, s'est déclaré satisfait des résultats de son séjour à la Maison-Blanche. À dix mois environ de l'élection présidentielle, le locataire du bureau ovale s'est montré sous son meilleur jour, dans l'espoir de convaincre l'électorat US, qui semble lui tourner le dos, à en croire les résultats des derniers sondages d'opinion. Il s'est surtout empressé de justifier la guerre des Etats-Unis en Irak, en insistant sur le fait que son pays ne demanderait jamais l'autorisation de rentrer en guerre quand il s'agit d'assurer sa sécurité. C'est une manière de faire croire que l'Irak constitue une menace pour la sécurité de l'Amérique. Il s'est montré sans regrets au sujet de son action en Irak, alors que les prétendues armes de destruction massive irakiennes, motif officiel du déclenchement de cette guerre, n'ont pas encore été retrouvées. Usant de son habituelle arrogance, George Bush ira jusqu'à dire : “Grâce à la volonté et à la détermination de l'Amérique, le monde change pour le mieux.” En clair, le monde est appelé à changer conformément aux désirs de l'administration Bush. Ainsi, après avoir loué les efforts de sa diplomatie dans l'aboutissement au revirement de Kadhafi dans sa politique étrangère, le président US conclura ses propos sur la situation internationale en affirmant : “Personne ne doit plus douter de la parole de l'Amérique.” Message direct à tous ceux qui ont osé contester la suprématie planétaire des Etats-Unis. Bush n'est plus disposé à tolérer l'opposition sur la scène internationale, qu'il a qualifiée de “petit nombre”. Il espère aboutir aux mêmes résultats avec la Corée du Nord, l'Iran et la Syrie. Le terrorisme a inévitablement constitué le point fort de son discours lorsqu'il a rappelé aux Américains que la menace était toujours là. “Vingt-huit mois ont passé depuis le 11 septembre 2001, plus de deux ans sans une attaque sur le sol américain, et il est tentant de penser que le danger est derrière nous. Cet espoir est compréhensible, rassurant et faux”, a-t-il martelé. À noter que le conflit du Proche-Orient n'a pas eu droit de cité dans ce discours. Concernant la situation interne, Bush s'est flatté quant à sa nouvelle politique économique, considérée jusque-là comme le talon d'Achille de son mandat par les observateurs. Le taux de croissance, 8,2%, enregistré au troisième trimestre de l'année passée, constitue une relance spectaculaire pour l'économie américaine, moribonde depuis l'arrivée de George Bush à la Maison-Blanche. En dépit de ce résultat positif, l'équipe de Bush doit être plus convaincante pour espérer supplanter dans ce domaine les démocrates, jugés plus crédibles par l'opinion publique américaine. Le déficit budgétaire, 374 milliards de dollars en 2003, n'est pas fait pour arranger les choses pour Bush qui persiste tout de même à affirmer qu'il est en mesure de le réduire de moitié d'ici… cinq ans, soit la fin d'un second mandat présidentiel. Selon les spécialistes de la scène américaine, le discours de George Bush n'est, en fin de compte, qu'un lancement de sa campagne électorale. À voir les hochements de tête du sénateur démocrate Edward Kennedy tout au long du discours, l'opposition démocrate est loin de partager les points de vue de George Bush. Il devra faire preuve de davantage de persuasion d'ici novembre, date des élections, pour rattraper son retard auprès de l'opinion publique américaine. K. A.