Donnant le top à la campagne électorale et profitant de la célébration de l'anniversaire des attentats anti-américains, Bush est revenu à la charge. Le ton se voulant ferme, le président américain, George W.Bush, est revenu hier, deux jours avant le cinquième anniversaire du fatidique 11 septembre, sur des attentats qui ont bouleversé la donne géostratégique mondiale. Estimant que les Etats-Unis demeuraient «sous la menace terroriste», George W.Bush a assuré dans son allocution radiodiffusée hebdomadaire que le «terrorisme sera traqué sans relâche» affirmant: «L'Amérique fait toujours face à des ennemis déterminés» indiquant par ailleurs: «Nous devons prendre les paroles de ces extrémistes au sérieux et nous devons agir avec détermination pour les empêcher d'atteindre leurs objectifs malfaisants». Le président américain tente, en fait, de justifier sa «guerre globale» contre le terrorisme et Al Qaîda dans laquelle il engagea les Etats-Unis avec des résultats de plus en plus contestés en Amérique, alors que les pertes humaines que subissent les soldats américains en Irak et en Afghanistan commencent à inquiéter sérieusement une population qui avait donné un blanc-seing à George W.Bush au lendemain des sanglants attentats de New York et de Washington. Le président américain qui a annoncé le prochain jugement, devant des cours militaires, de membres importants, selon lui, d'Al Qaîda -détenus jusqu'alors au secret et transférés à la base controversée de Guantanamo- a déclaré: «Nous les jugerons et nous adresserons un message clair à tous ceux qui tuent des Américains: peu importe le temps que cela prendra, nous vous trouverons et nous vous jugerons ». Déjà, mercredi, le président Bush a surpris en reconnaissant l'existence des prisons secrètes de la CIA et en indiquant que les Etats-Unis détenaient le cerveau présumé des attentats du 11 septembre, Cheikh Khaled Mohammed, et a dit sa détermination à le faire traduire en justice. Une fois encore, M.Bush joue sur le sentiment américain, s'appuyant sur le 11 septembre pour faire pencher la balance en faveur de son camp dans une campagne essentiellement politique. En effet, dans le même temps où il évoquait «sa guerre» contre le terrorisme international, M. Bush lançait une campagne électorale qui s'annonce difficile pour les républicains talonnés par des démocrates ayant le vent en poupe. Les élections générales du 7 novembre prochain vont en effet trancher alors que les républicains sont menacés de perdre la majorité au Congrès (Chambre des représentants et Sénat). De fait, le président Bush a fort à faire pour justifier une politique et un programme qui n'ont pas été à la hauteur des espérances. Toutefois, pour George W.Bush, le programme qu'il a initié au lendemain du mardi sanglant du 11 septembre, -pourtant de plus en plus décrié aux Etats-Unis- avait été d'une «valeur inestimable pour la sécurité de l'Amérique et de ses alliés». George W.Bush est allé jusqu'a soutenir que sans «son programme», Al-Qaïda «aurait sûrement» réussi à «mener une autre attaque» aux Etats-Unis et d'indiquer: «Nous sommes plus en sécurité aujourd'hui parce que nous avons agi pour combler les failles en matière de sécurité, de renseignement et d'information que les terroristes ont mis à profit (le 11 septembre 2001)». En réalité, le président Bush, en ces temps de campagne électorale, se trouve le dos au mur d'autant plus que les résultats des opérations militaires américaines en Irak et en Afghanistan ne sont pas de nature à rassurer, au moment où l'armée américaine s'enlise en Irak, où la violence loin de fléchir a repris ces dernières semaines de la vigueur, que plusieurs soldats américains ont été tués durant cette même période. Mal parti dans une campagne électorale, qui pourrait se révéler désastreuse pour Bush et les républicains par la perte du contrôle du Congrès, l'hôte de la Maison-Blanche veut faire des dossiers controversés de la lutte antiterroriste et de l'Irak des points d'appui, pour rebondir. Aussi, M.Bush a-t-il axé son allocution hebdomadaire sur ces deux dossiers (le terrorisme et l'Irak) en tentant de justifier un engagement militaire qui est loin d'avoir eu les retombées attendues. Par ailleurs George W.Bush, dont la cote de popularité est au plus bas, essaie de convaincre qu'il n'y avait pas d'alternative à sa politique de guerre, alors que les Etats-Unis se déployaient tous azimuts et s'ingéraient quasiment dans toutes les crises qui agitent le monde (Darfour, Moyen-Orient, Afrique...). Toutefois, les méthodes autoritaires utilisées par l'administration Bush, qui ne sont pas loin de l'autoritarisme, risquent de se retourner contre les républicains, face aux contestations qu'elles soulèvent parmi les personnels politiques, la société civile, et même parmi les militaires américains, qui les jugent anticonstitutionnelles. Il en est ainsi des propositions de l'administration Bush sur Guantanamo qui ont soulevé un tollé parmi des avocats militaires hauts gradés, dont le général James Walker, avocat dans le corps des marines, qui a déclaré, à propos du projet de loi sur les procédures devant permettre de juger les terroristes présumés transmis par M. Bush au Congrès: «Je ne connais aucun système juridique (...) civilisé (...) où un accusé peut être condamné sans voir les éléments à charge contre lui». Bush, qui a déjà outrepassé les réserves émises en 2003 par l'ONU en attaquant l'Irak sans l'accord du Conseil de sécurité, (un rapport de la commission du renseignement du Sénat a révélé vendredi le fait qu'il n'y a jamais eu la moindre complicité entre Saddam Hussein et les terroristes islamistes responsables du 11 Septembre: «Saddam Hussein (...) refusait toutes les demandes d'Al Qaîda pour une aide matérielle ou opérationnelle», affirme en effet le rapport sus-cité) veut mener le monde à sa guise en véritable tyran imposant sa loi et ses vérités au monde comme aux Américains eux-mêmes.