Campagne Le président George W. Bush a annoncé, hier, un projet de réforme important de la politique d'immigration américaine. Celle-ci vise à légaliser temporairement la situation d'un grand nombre d'immigrants «clandestins», estimés entre 8 et 14 millions. «Le bon sens et la justice demandent que nos lois autorisent les travailleurs, qui le souhaitent, à venir dans notre pays pour occuper des emplois (...) dont nos concitoyens ne veulent pas», a déclaré M. Bush. La politique d'immigration américaine «ne fonctionne pas», a-t-il ajouté, en évoquant la nécessité d'accroître la sécurité du pays face aux menaces terroristes. Son annonce intervient aussi en pleine campagne électorale pour la présidentielle de novembre et certains experts estiment que son projet vise à gagner les faveurs des électeurs d'origine «latino». Parmi ces mesures, qui devront être approuvées par le Congrès, George W. Bush propose de permettre à des employés illégaux, détenant un travail dédaigné par des Américains, d'avoir un statut légal pendant trois ans. «Il sera renouvelable, mais pas indéfiniment», a-t-il précisé, en soulignant qu'il n'était pas question d'accorder une amnistie aux travailleurs illégaux. Plusieurs parlementaires démocrates, mais aussi républicains, ont critiqué le projet, les premiers comme le sénateur et candidat à la présidentielle John Kerry, en le jugeant insuffisant, les deuxièmes en le trouvant trop ambitieux. George W. Bush a aussi indiqué vouloir augmenter le nombre de «cartes vertes» attribuées chaque année aux Etats-Unis à des étrangers. Cette carte donne à son détenteur un statut légal permanent d'immigrant et le droit à l'emploi sans crainte d'expulsion. Elle constitue aussi une étape vers la citoyenneté, qui requiert en principe 5 ans de résidence légale préalable. «L'attente pour obtenir la citoyenneté est trop longue», selon le président. Plus de la moitié des immigrants illégaux aux Etats-Unis vient du Mexique. Pour des experts, la réforme envisagée vise notamment à attirer au président, en campagne pour sa réélection en novembre, les faveurs d'électeurs originaires d'Amérique latine. Le groupe parlementaire démocrate latino a estimé que le plan Bush allait créer «une génération de citoyens de seconde classe, attirés aux Etats-Unis par la fausse promesse de recevoir les bénéfices de la citoyenneté». Selon des responsables de l'Administration, le projet vise à faire sortir de l'ombre des clandestins pour leur donner les mêmes droits que les travailleurs américains, tout en permettant, en les fichant, d'accroître la sécurité nationale face aux menaces terroristes.