Dans la lettre précédente, j'ai écrit sur la force des cultures. Permettez-moi de vous écrire cette fois à l'égard de “la force de la technologie". Depuis que je suis arrivé en Algérie, on me demande souvent le moyen de renforcer la coopération au niveau du transfert de la technologie entre le Japon et l'Algérie. Le Japon est, heureusement aujourd'hui, censé être en avance dans le domaine de la technologie. Il n'est pas exagéré de dire que la technologie définit la compétitivité des pays au monde actuel des libres-échanges. Comme je l'ai écrit dans la lettre précédente, le Japon a décidé, il y a 150 ans, d'ouvrir le pays et d'emporter la technologie occidentale en mettant en œuvre la politique de “la technologie occidentale avec l'âme japonaise", puisqu'il a reconnu l'importance de la technologie pour survivre au monde capitaliste. Depuis son apparition sur la terre, l'être humain a, paraît-il, utilisé les outils, ce qui l'a fait d'ailleurs distinguer des autres animaux. L'être humain a continuellement développé les outils, soit la technologie, à partir des pierres taillées d'il y a 2 millions d'années, jusqu'aux ordinateurs d'aujourd'hui. Dans l'histoire humaine, à chaque époque, une civilisation qui a la technologie la plus avancée a montré sa suprématie sur les autres civilisations. Au Moyen-Âge, la civilisation arabe était supérieure aux autres civilisations au niveau du développement de la science et de la technologie. Ce qui est encore remarquable est que la technologie est transférée d'une civilisation à une autre en étant d'ailleurs développée à chaque étape des transferts. La civilisation arabe a hérité de la technologie développée dans les civilisations précédentes comme la civilisation gréco-romaine et ensuite a fait des progrès merveilleux surtout dans le domaine de la chimie et de la médecine, alors que la civilisation européenne a évolué plutôt dans le domaine spirituel. Et puis, l'Europe a hérité de la technologie développée au monde arabe à l'époque de la Renaissance. Le Japon a également répété le processus de l'importation et du développement de la technologie au cours des longues années. Du 7e au 9e siècle, le Japon a introduit la technologie de la Chine qui prospérait sous la dynastie de Tang. Au 16e siècle, il a importé la technologie de l'Europe qui a commencé à se développer avec la Renaissance. Après avoir coupé les relations avec les Européens par crainte de l'évangélisation pendant 200 ans, le Japon a de nouveau commencé à importer la technologie occidentale au milieu du 19e siècle. Depuis lors, les Japonais ont fait des efforts pour l'assimiler et ensuite développer davantage celle qu'ils ont assimilée. À la différence du développement économique moderne des pays dont le principal moteur est le transfert des usines des sociétés étrangères, nous avons essayé de former des gens qui connaissent la technologie et qui ont la capacité d'innover une nouvelle technologie. Peut-être la conjoncture économique de cette époque a permis au Japon de créer son industrie propre en formant des personnes. Mais je suis sûr que le transfert de la technologie ne peut pas se produire sans la formation des hommes et des femmes. À cet égard, je vais vous donner un exemple du projet de la coopération entre nos deux pays ; il s'agit d'un projet qui s'appelle Sahara Solar Breeder (SSB). C'est le projet qui est en cours entre l'Université de la technologie et de la science d'Oran (Usto), l'université de Tokyo et Jica (Japan international cooperation agency) pour inventer une technologie qui permet de fabriquer le silicium à partir des sables. Le silicium est un produit important pour fabriquer des panneaux solaires qui produisent l'énergie solaire. Ce qui est génial dans ce projet, c'est que les professeurs et les étudiants japonais et algériens font la recherche ensemble et essayent d'inventer une technologie ensemble, ce qui permet en même temps de former les étudiants. Ce projet réalise justement le transfert de la technologie accompagné du développement des ressources humaines. J'ai récemment eu l'occasion de parler avec trois étudiants qui vont étudier au Japon. J'ai été impressionné par l'ardeur des jeunes algérien(ne)s qui paraissaient prêts à absorber n'importe quelle chose qu'ils rencontreront dans mon pays natal. L'avenir de l'Algérie sera certainement avec ces jeunes hommes et femmes. T. K. Nom Adresse email