Visiblement, on s'emmêle les pinceaux là-haut. La Cour n'est plus ce qu'elle était. Alors que la garde prétorienne historique du Président s'égaille dans la nature, par relégation (Belkhadem et Ouyahia), par lassitude (Zerhouni, Bedjaoui), par omission (Benachenhou) ou par compromission (Khelil), les affidés, par obstination (Hanoune), ou par adoption (Ghoul et Benyounès), quant à eux, font de la résistance. Mais avec une conviction de plus en plus alanguie. Concernant ces derniers, qui voudraient bien pouvoir continuer à gérer leur “parti" comme l'on gérerait un club affilié à Sonatrach, le doute qui plane sur la volonté, voire la capacité, de Bouteflika de postuler à un quatrième mandat déteint sur les ardeurs courtisanes. Depuis son agression à l'endroit de Benbitour, qu'elle a grossièrement accusé d'avoir tenté de phagocyter les mécontentements de la jeunesse du Sud, Louisa Hanoune s'est retranchée dans une silencieuse retraite, en attendant, peut-être, de lire dans d'improbables signaux fumigènes. Les opposants originaires de Kabylie ont eu à subir ce genre de quolibets. Sous un régime à connotation régionaliste aussi flagrante, ce sont les opposants qui sont accablés du travers de régionalisme ! Ceci dit, la question du quatrième mandat semble poser moins de problèmes à ceux qui prônent le changement. Ils sont contre. Elle en pose, en revanche, à ceux qui appellent au statu quo de leurs vœux. Mais, qui, désormais... ne se risquent pas à appeler à un quatrième mandat. Ils voudraient bien, mais ne voudraient tout de même pas quitter le vaisseau sans s'assurer, au préalable, de son prochain désarmement. Amar Ghoul a proclamé que sa formation “soutiendra Bouteflika pour un quatrième mandat, mais s'il décide de ne pas en briguer, les instances du parti détermineront le choix à faire". Pourtant, “le conseiller" a bien dit que Bouteflika ne veut pas d'un quatrième mandat. En posant sa condition, toutefois : “Si les Algériens insistent pour qu'il reste au pouvoir, il étudiera cette demande. Mais la question dépend de la solidité et de l'objectivité des arguments qui l'inciteront à accepter. Cependant, je confirme qu'il souhaite se limiter à trois mandats. C'est sa conviction personnelle." L'argument “solide et objectif", que Ghoul ne semble pas avoir trouvé — ou cherché —, Amara Benyounès l'a trouvé, ou, plutôt, l'avait trouvé : “C'est le seul à pouvoir assurer la stabilité du pays." Avant de s'en départir, passant du “soutien absolu" de la veille à “l'indécence" d'appeler à un quatrième mandat d'hier, au Forum de Liberté ! Au demeurant, lorsque l'arithmétique électorale propulse une formation au rang de troisième force politique du pays, sa vocation n'est pas de soutenir d'entrée un autre candidat que le sien. Il y a un deuxième tour pour les ralliements ! Dans le sérail, on ne sait plus si l'on doit “appeler", “justifier" ou “subir" un éventuel quatrième mandat. Si, en plus, le huis clos sur les orientations données à la commission de rédaction de la mouture finale de projet de révision constitutionnelle s'étend jusqu'aux leaders de partis associés au pouvoir, nous baignons en plein flou artistique ! Pour une fois que ce sont les initiés qui retiennent leur souffle, ce ne sera pas nous, les habituels derniers informés, qui allons-nous en plaindre. M. H. [email protected] Nom Adresse email