Non satisfaits des mesures prises par le gouvernement, les jeunes maintiennent la manifestation, avec les mêmes slogans et les mêmes revendications, quoique les responsables locaux du CNDDC ajoutent quelques couches spécifiques à leur wilaya et mettent davantage de pression sur le gouvernement, mais surtout sur les responsables locaux. Dans cette wilaya, pourtant mieux lotie que d'autres dans ce Grand-Sud en matière d'opportunités de travail et de cadre de vie en général, l'on parle de quelque 30 000 chômeurs. Mais, il est quand même intéressant de signaler que c'est une wilaya classée comme “rebelle", au regard des diverses manifestations qui se déroulent périodiquement. La dernière édition de la Fête du tapis en est la parfaite illustration. Des jeunes ont crié leur opposition à ce qu'ils considèrent comme dilapidation de l'argent public. Sept militants ont été brièvement emprisonnés. La plupart sont des habitués des tribunaux depuis plusieurs années. Le vent de colère qui souffle dans tout le Sud algérien est une occasion de plus pour ces militants pour en découdre avec les autorités locales. Oubliées les querelles récurrentes entre Mozabites et Arabes ? Pour le moment, les deux camps font cause commune, d'autant plus qu'aucun camp n'a intérêt à ce que la wilaya reste en marge du “vent du Sud". Même les activistes des droits de l'Homme, proches du FFS, font profil bas devant la détermination des membres du CNDDC à éviter de politiser leur mouvement. Pour ce qui est de la manifestation de samedi, les choses se présentent plutôt dans le même scénario que les autres tenues un peu partout dans les wilayas du Sud. Les délégations des autres wilayas ont déjà commencé à affluer dès jeudi à Ghardaïa, malgré les nombreux barrages aux entrées de la ville. Tahar Belabbès, le coordinateur national du CNDDC, est déjà là, la délégation de Laghout également et les autres arrivent les unes après les autres. Les organisateurs ont prévu des lieux d'hébergement pour leurs hôtes, des volontaires ont mis leurs logements à la disposition des invités. Selon le porte-parole de la CNDDC de la wilaya de Ghardaïa, Hamdane Abdesselam, “c'est une manifestation pour la dignité des chômeurs". Les slogans ont été soigneusement choisis : dignité, justice sociale, citoyenneté et distribution équitable des richesses. Mais, au-delà des slogans, les jeunes de Ghardaïa demandent l'ouverture d'enquêtes sur les récents avis de recrutement lancés par deux sociétés pétrolières et qui ne respectent pas la dernière instruction du Premier ministre, preuve, pour ces jeunes, que beaucoup d'entreprises continuent à utiliser les anciens procédés en matière de recrutement, et qui sont à l'origine de la colère des chômeurs du Sud. Les jeunes de Ghardaïa évoquent, également, des cas de dépassement dans les concours de recrutement dans la Fonction publique. Ils martèlent l'appel lancé depuis le début des manifestations des jeunes du Sud quant à l'ouverture d'un dialogue avec les décideurs. Pour ce qui est de la wilaya de Ghardaïa, le porte-parole local du CNDDC réclame la classification de la wilaya comme région pétrolière, étant donné qu'elle compte deux zones pétrolifères. Mieux, il réclame des quota permanents de travail au sein des zones de Hassi-R'mel et de Hassi-Messaoud au profit des enfants de Ghardaïa. Il réclame, également, l'ouverture de formations au sein de la wilaya dans les spécialités liées aux hydrocarbures et à l'hôtellerie. Tout en insistant sur la nécessité d'appliquer sur le terrain l'instruction du Premier ministre relative à la priorité pour les enfants du Sud en matière d'emploi, Hamdane Abdesselam réclame le départ du directeur de l'Anem de Ghardaïa et s'insurge contre “la mafia de l'emploi dans la wilaya", tout comme il demande la fin de règne des notables et la suppression du vocable officiel de cette expression. Les responsables locaux du CNDDC ont multiplié ces derniers jours leurs sorties dans les villes et les quartiers afin de sensibiliser les jeunes et les inciter à prendre part à la manifestation de samedi. Soupçonneux, ils parlent de la multiplication des barrages de police, des jeunes qui auraient été inquiétés par les policiers lorsqu'ils entreprenaient leur action de sensibilisation, évoquent la faiblesse subite du débit Internet et des perturbations dans les réseaux de téléphonie mobile et la distribution du carburant ! En effet, depuis jeudi soir, la connexion Internet est impossible dans la wilaya de Ghardaïa. Pour Hamdane Abdesselam, le wali de Ghardaïa exacerbe la colère des jeunes de la wilaya. “Les autres walis du Sud ont commencé à bouger, dialoguer avec les jeunes, faire des commissions d'enquête sur le marché de l'emploi, alors que lui ne bouge pas." Martelant le refus du “gaspillage de l'argent public dans des carnavals, Hamdane voit d'un mauvais œil le rôle de l'Ansej, de la Cnac et de l'Anem. Pour les deux premières, il estime qu'elles constituent un leurre et qu'elles enfoncent les jeunes dans d'inextricables problèmes, alors que pour l'Anem, il dira que cette institution, censée régler le problème du chômage, est devenue elle-même un problème". A. B. Nom Adresse email