En prévision de ses deux concerts prévus pour les 19 et 20 avril, (qui ont été annulés en raison du deuil national) dans la ville de Yemma Gouraya, le chanteur kabyle Farid Ferragui a organisé, le lundi 15 avril, une rencontre avec les représentants de la presse nationale, au salon d'honneur de la Maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. L'artiste, journaliste de formation, connu pour sa clairvoyance et sa lucidité, a tenu un débat à bâtons rompus avec les journalistes présents à sa conférence de presse, au cours de laquelle il a eu à répondre à toutes les questions posées, y compris celles liées à ses hobbies et à sa vie privée. “Sincèrement, je ne fais pas partie de cette catégorie de chanteurs qui osent taper à toutes les portes pour animer un gala artistique ou se produire à l'occasion de n'importe quel évènement. Je ne peux pas demander aux gens de m'inviter ou de m'organiser des spectacles", a-t-il déclaré à propos de son absence remarquée sur la scène musicale durant ces dernières années, avant d'enchaîner “je viens de renouer avec mon public algérois, après une absence de 8 années. Mais en tout cas, c'était une réussite totale. Je m'en félicite d'ailleurs". Farid Ferragui qui venait tout juste de boucler ses 30 années de chansons, a connu une carrière artistique aussi riche que tourmentée. Touché de plein fouet par l'horreur de la décennie noire, celle des années 1990, il s'éclipsa carrément de la scène artistique pour revenir en l'an 2000, avec un album plein d'espoir et d'optimisme, intitulé “Taramiyid ar tayri" (vous me faites revivre l'amour). Ainsi, Farid a réussi à reconquérir le “terrain perdu" en redécouvrant son public, déjà assoiffé de distraction, avec beaucoup d'engouement et d'enthousiasme. Ayant abordé plusieurs thèmes dans son riche répertoire, l'artiste aura fait de la chanson sentimentale son sujet favori. Enfourchant son dada, il avouera “mon parti, c'est l'amour !". Quant au choix de l'instrument, il affirmera que “c'est le luth qui s'accommode bien avec ma voix et mon style". Abordant la question identitaire, Farid Ferragui estimera que “Tamazight doit retrouver sa place de socle identitaire. Son officialisation est dans l'intérêt de notre pays. Et tant que ce problème identitaire n'est pas réglé d'une manière définitive, on ne pourra pas avancer". Interrogé sur la situation de la presse et des médias en Algérie, le conférencier n'y va pas avec le dos de la cuillère pour fustiger l'attitude irresponsable du pouvoir, qui, selon lui, traite la presse nationale comme un adolescent. “La presse algérienne n'est pas adolescente. Elle mérite plus d'ouverture et de considération", a-t-il martelé, avant d'ajouter que “l'Etat doit valoriser la presse, en favorisant l'ouverture de nouvelles chaînes de TV et de stations radios privées". Enfin, le célèbre auteur-compositeur kabyle a également plaidé pour la réhabilitation effective du secteur de la culture, estimant qu'il est vraiment temps de doter l'artiste algérien d'un véritable statut qui lui garantira ses droits sociaux. K O Nom Adresse email