George Bush fait appel au diplomate algérien Lakhdar Brahimi pour dénouer rapidement cette crise qui pourrait se révéler fatale à sa réélection. L'administration Bush mise beaucoup sur l'apport de Lakhdar Brahimi pour avancer dans le dossier irakien. En effet, il suffit de savoir que l'ancien ministre algérien des affaires étrangères a été reçu en audience, jeudi, par les principaux collaborateurs du président américain et par George Bush en personne pour mesurer l'importance de la mission qui lui est confiée. Brahimi est chargé par les Américains de concrétiser dans les meilleurs délais le retour de l'organisation des Nations unies en Irak, dans le but de trouver une sortie de crise rapide. Apparemment satisfaits du travail accompli par l'Algérien durant les deux dernières années en Afghanistan, les Américains comptent beaucoup sur cet homme pour aboutir à un règlement de cette question, qui reste au centre de l'actualité internationale. Devant la récurrence des attaques de la guérilla irakienne et l'apparition de blocages pour une solution politique du problème, les Etats-Unis voient en Lakhdar Brahimi la personnalité la plus indiquée pour rapprocher les points de vue des différentes parties. Il aura la lourde charge de tempérer l'opposition chiite au plan US pour un transfert de la souveraineté aux Irakiens et d'aplanir les différends entre cette communauté, qui représente 60% de la population irakienne, et les Kurdes, qui veulent un Etat fédéral coûte que coûte. Une mission bien difficile, eu égard au fossé séparant les différentes positions. Mais, connaissant l'efficacité de l'homme qui a réussi à dénouer l'imbroglio libanais à travers les accords de Taef (Arabie Saoudite) en 1991, les Etats-Unis misent énormément sur les compétences de ce diplomate hors du commun. “Le rôle important” que doit jouer l'organisation des Nation unies en Irak échoit donc à Lakhdar Brahimi à la demande de Washington, qui voit en lui l'homme de la situation. En attendant sa prise de fonction, que l'administration Bush souhaite dans les plus brefs délais, la violence continue à faire rage en Irak. L'explosion d'une voiture piégée, hier matin, devant l'entrée du tribunal de la ville de Samarra, dans le nord de l'Irak, a fait 3 morts et 38 blessés. Pourtant, cette région est régulièrement ratissée par les forces américaines, qui soupçonnent la présence de l'ancien numéro deux du régime de Saddam Hussein, le général Ezzat Ibrahim, dont quatre neveux ont été arrêtés dans cette ville le 14 janvier dernier Cet énième attentat antiaméricain coïncide avec l'arrivée, vendredi, à Bagdad, d'une mission de l'ONU, dont l'objectif est d'évaluer la situation sécuritaire dans la perspective d'un éventuel retour de cette organisation en Irak. Il y a lieu de signaler l'apaisement enregistré sur le plan politique à la suite de la décision de l'ayatollah Ali Sistani de suspendre momentanément les manifestations publiques, en attendant la nouvelle position des Etats-Unis et de l'ONU au sujet du calendrier et des modalités de transfert de la souveraineté au peuple irakien. Un bon signe avant l'entame de la mission de Lakhdar Brahimi dans ce pays. K. A.