Ce n'est pas une thèse conspirationniste : du 11septembre 2001 au marathon de Boston, les attentats terroristes se sont avérés être des signes révélateurs de nouvelles stratégies américaines à l'égard de pays musulmans. Alors que le choc des attentats contre le marathon de Boston s'est estompé pour faire place à un récit officiel qui, bien que comportant des incohérences, techniques et idéologiques, exercera sans aucun doute une pression sur l'orientation de la politique étasunienne à l'égard des pays musulmans. Comme il y a eu un après-11 Septembre, il y aura certainement un après-Boston. Les menaces et attaques terroristes ne sont-elles pas un thème constant certes pour justifier la nécessaire guerre contre le terrorisme mais également pour servir d'autres desseins ? Pour l'instant, tout corrobore pour au moins dire que ces attentats fomentés par deux jeunes frères pas du tout exclus du way of life américain, ont réintroduit la tension au sein de la population étasunienne. La peur, la propagande anti-musulmane et la désinformation sur l'Islam, sont en œuvre. Les Américains, après avoir été mis dans la situation de suspecter tous les pays islamiques, viennent de découvrir que cette même idéologie frappée du sceau de la confrontation civilisationnelle, anime également leurs ennemis de l'intérieur. Les deux terroristes ont beau avoir été reconnus comme citoyens américains, leur origine tchétchène et musulmane les a vite rattrapés. Peu importe les raccourcis, sous-entendus, comme peu importe également la stupéfaction non feinte, apparemment, du président Obama au feu des évènements quant au “pourquoi ces jeunes Américains ont-ils agi de la sorte ?", le message que l'Islam est l'ennemi est repassé. En fait, Obama n'a fait que reprendre la stratégie de la tension de son prédécesseur qui avait pour lui d'être le porte-parole des néoconservateurs. Une stratégie de la tension employée pour faire peur, diviser, manipuler et contrôler l'opinion publique en exploitant les menaces et attentats terroristes par le biais évidemment d'actes réels mais donnant lieu à une véritable guerre psychologique. L'histoire est encore fraîche : l'islamophobie, assumée ou pas, a commencé tout juste après les attentats du 11 septembre 2001 contre deux tours newyorkaises, lorsque Oussama Ben Laden, l'ancien agent de la CIA s'est retourné contre la puissance qui l'avait armé et galvanisé contre la présence soviétique en Afghanistan. Dans leurs délires impériaux, les Etats unis ont frappé Al-Qaïda en Afghanistan, puis en 2003, l'Irak, un Etat qui n'avait strictement aucune responsabilité dans les attentats du 11 Septembre, à l'inverse de l'Arabie Saoudite, hérault du salafisme wahhabite mais gardienne de puits du pétrole. Nul besoin d'épiloguer sur ce qui est advenu après les agressions américaines. La face du monde a changé, devenant unipolaire, exacerbant du coup l'antiaméricanisme même au sein des alliés et clientèle de Washington. Bush termine difficilement son second mandat pour se voir remplacé par le premier président noir, Barack Hussein Obama. De Bush à Obama : changement de stratégie Avec celui-ci, l'establishment américain a décidé de changer de stratégie : “Plutôt que d'en faire des ennemis, les islamistes repentis seront nos alliés et les gardiens de nos intérêts dans le monde". Sous couvert de démocratie et de droits de l'homme, la Maison-Blanche lâche les régimes qui les oppriment et les remplacent par des islamistes, via le minuscule Qatar dont l'ambition démesurée de son émir n'a d'égale que la fortune de son émirat. Du jour au lendemain, les islamistes, hier farouches ennemis des Américains, deviennent des “islamistes modérés". C'est-à-dire “démocrates"! Il fallait être nigaud pour croire que le Qatar prenait la tête d'une croisade démocratique contre les régimes despotiques en Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, en Syrie aujourd'hui. L'émir et sa chaîne Al Jazzera ont été instruits sur au moins trois lignes rouges à ne pas franchir : la sacralité de l'Etat d'Israël, l'arrêt des actions terroristes qui visent le monde occidental proche des Etats unis et l'influence de ceux-ci sur l'or noir dans le monde musulman. Obama se rend à Al Azhar et voilà que des musulmans se mettent à “conjoncturer" sur le pragmatisme américain. Il s'était même trouvé des démocrates musulmans pour saluer les efforts d'Obama, dont le père originaire du Kenya est de confession musulmane, puis d'un beau-père indonésien, avec lequel il a baigné dans l'islam “spirituel et décomplexé de la majorité des musulmans dans le monde", pour libérer le monde musulman de l'islam fondamentaliste! Dans leur aveuglement, ils avaient zappé la conversion du locataire de la Maison-Blanche au protestantisme, comme d'ailleurs la droite et ses extrêmes aux Etats-Unis. Pour faire bref, avec Obama, les islamistes ont donc trouvé l'allié qui leur offrait l'opportunité historique de passer à la phase finale de leur conquête du pouvoir dans le monde arabe. Mais, la tâche ne sera pas pour autant facilitée aux islamistes. Leur arrivée au pouvoir aussi bien à Tunis, au Caire qu'à Tripoli a réveillé les parties républicaines et démocratiques dans ces pays au point où les islamistes au pouvoir sont tous confrontés à l'hostilité active et grandissante de leurs oppositions. Le “printemps arabe" étant découvert aujourd'hui comme une vaste escroquerie médiatique et une grande conspiration islamo-étasunienne pour empêcher les peuples tunisien et égyptiens, désireux de liberté et de démocratie, de s'imposer, ça ne serait pas un hasard si l'après-Boston consistera à empêcher la chute programmée de régimes islamistes. Comme ce n'est pas non plus un hasard si le Qatar continue d'armer les djihadistes en Syrie, qu'ils ont mise à feu et à sang, en attendant l'opportunité de passer sans doute à l'Iran, au Liban et chez nous. D. B Nom Adresse email