En termes plus clairs, G.W.Bush légalise l'usage de la torture dans le plus grand fief de la démocratie. Après USA Patriot Act, la prison de Guantanamo, les prisons secrètes, le scandale de la prison d'Abou Gharib, Bush signe une loi controversée qui légalise la torture pour lutter contre le terrorisme. Dans le prolongement de sa politique de lutte, à mort, contre le terrorisme, et en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, le président américain vient de signer une nouvelle loi, très controversée, permettant le recours à des méthodes agressives d'interrogatoire et le jugement par des tribunaux militaires des suspects de terrorisme. En termes plus clairs, G.W.Bush légalise l'usage de la torture dans le plus grand pays de la démocratie. Après, bien sûr, avoir convaincu les citoyens libres de son pays de l'urgence d'adopter une autre attitude envers les ennemis de l'Amérique en leur proposant en premier lieu la loi USA Patriot Act: «Loi pour unir et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme».Une loi d'exception qui scandalise les organisations de défense des droits de l'homme du monde entier, mais qui sera le cheval de bataille de la nouvelle politique intérieure et extérieure de l'administration Bush. Cette loi, votée par le Congrès étasunien, répondait au climat d'insécurité instauré par les attentats et la peur qui en a découlé au sein de la société américaine, qui a facilement accepté sa législation, en porte-à-faux avec la Constitution des Etats-Unis d'Amérique, fondée sur le principe de la liberté. Loi-bouclier, la première étape Conséquence directe des attaques du 11 septembre, cette «loi-bouclier» a énormément renforcé les pouvoirs des différentes agences gouvernementales des Etats-Unis: Bureau fédéral d'investigation (FBI), Agence centrale du renseignement (CIA), Agence de sécurité nationale (NSA) et l'armée. Une manière de diminuer le pouvoir de la défense et d'ouvrir une brèche qui a encouragé les services de sécurité américains à commettre des exactions contre les personnes suspectées de connivence avec le terrorisme. Les images de la prison d'Abou Ghirab en Irak sont les exemples douloureux qui montrent bien le danger d'une telle démarche. Depuis, la torture a été instituée en règle de manière non officielle. USA Patriot Act fut considérée comme une loi d'exception. Ses dispositions n'étaient valables que pour quatre années. Mais elle sera amendée le 15 juin 2005 par la chambre des représentants qui a voté un article empêchant le FBI et le ministère de la Justice d'utiliser le Patriot Act afin d'avoir accès aux fichiers de lecteurs des bibliothèques et des librairies. Des limites symboliques. Le président américain n'a pas reculé. Sa volonté d'en découdre avec ce qu'il appelle les «terroristes islamistes» qu'il n'hésitera, d'ailleurs, pas à qualifier de «fascistes» sera couronnée de succès le 21 juillet 2005, avec l'approbation par la Chambre, à une large majorité, la prolongation de l'application des mesures du Patriot Act. Parmi les seize dispositions du Patriot Act venant à expiration au 31 décembre 2005, quatorze devaient ainsi être rendues permanentes. Bush gagne la bataille juridique en espérant remporter celle contre le terrorisme. L'autre trouvaille de l'administration Bush concerne l'ouverture d'un camp d'emprisonnement des «combattants» capturés principalement en Afghanistan après la chute du régime des talibans. C'est une prison militaire temporaire de haute sécurité détenant des suspects terroristes et des supposés combattants, ennemis des USA. Le camp de Guatanamo, situé sur la Base navale américaine à Cuba, sera le symbole de la dérive américaine dans sa lutte contre le terrorisme. La torture et les différents sévices inhumains et dégradants seront utilisés par les agents du renseignement pour compléter la Base de données d'informations pouvant dévoiler les agissements des terroristes d'Al Qaîda. Malgré le tollé général soulevé par les organisations internationales pour protester contre l'existence même de cette prison de non-droit, Bush continuera à mener sa politique d'éradication aveugle. Des enfants sont pris dans l'enfer de Guantanamo sans que personne ne s'y oppose. Un groupe des droits de l'homme, basé à Londres, estime qu'il existe 60 détenus mineurs dans la prison. Les droits humains sont bafoués par la première puissance mondiale. Il y avait à l'automne 2001, quelque 750 prisonniers originaires d'une vingtaine de pays différents en majorité musulmans. De 2001 à 2004, plus de 200 prisonniers ont été relâchés, sans qu'aucune explication sur la raison de leur libération ne soit révélée. Ils seront marqués à jamais. Une grande partie est jugée par leur pays d'origine, comme les six prisonniers de nationalité française ou bénéficiant d'amnistie comme plusieurs centaines d'Afghans. Une dizaine d'entre eux vient d'être libérée au mois de septembre dernier. Au 12 mars 2005, 527 personnes étaient emprisonnées à Guantanamo. En juin 2006, la Cour suprême américaine a déclaré illégales les procédures judiciaires d'exception mises en place dans cette prison. La communauté internationale sera aussi choquée de découvrir l'existence d'une dizaine de prisons secrètes disséminées à travers le monde, dont certaines se trouvent dans des pays arabes et musulmans. Les hommes politiques des pays européens, qui abritent des bases militaires américaines, ne manqueront pas l'occasion de dénoncer ces pratiques en appelant à la mise sur pied de commissions d'enquête parlementaires pour faire toute la lumière sur ce scandale orchestré par les services secrets américains. Bush et les Faucons de la Maison-Blanche n'ont tracé aucune limite à leur stratégie de guerre contre le terrorisme. En signant cette nouvelle loi, très controversée, permettant le recours à des méthodes agressives d'interrogatoire et le jugement par des tribunaux militaires des suspects de terrorisme, qu'il qualifie «d'outil essentiel dans la lutte contre le terrorisme», le président américain a franchi un nouveau pas dans la fausse direction. Vivement critiquée par les groupes de défense des droits de l'homme, cette loi participera à la légalisation de l'acte condamnable de torture. Les droits fondamentaux reconnus par la justice ordinaire sont, de facto, refusés à tout suspect tombé entre les mains des barbouzes américains. La nouvelle loi n'exige pas le concours d'un avocat et livre le suspect à ses bourreaux sans aucune assistance. Elle enlève à la personne victime des agissements des agents des différents services de sécurité tous ses droit humains reconnus par les organisations et les conventions internationales. Une résistance insuffisante Pour l'American Civil Liberties Union (Aclu) qui a lancé une charge sévère contre ce texte, cette loi est l'une des pires mesures en matière de libertés civiles jamais promulguées dans l'histoire américaine. «Le président peut désormais, avec l'accord du Congrès, détenir indéfiniment des gens sans inculpation, retirer les protections contre d'horribles abus, juger des gens sur des on-dit, autoriser des procès qui peuvent condamner à mort des gens en s'appuyant sur des témoignages littéralement extraits par la force de témoins», est-il notamment dit dans le texte de dénonciation. Aussi, cette nouvelle loi est promulguée à trois semaines avant des élections parlementaires américaines qui ne s'annoncent pas fructueuses pour la majorité républicaine du président Bush. Ses échecs en Irak et en Afghanistan donnent une image sombre de son bilan qui lui donne, néanmoins, aux yeux des Américains et des citoyens du monde entier, le statut «de chef de guerre». Les militants pour la défense des droits de l'homme ont commencé à réagir pour dénoncer cette dérive. L'opposition démocrate qui entend profiter des faux pas du président américain, a montré la voie à suivre à tous les Américains qui ne semblent pas encore conscients que leur pays se transforme en terre de non-droit. Seulement quelque deux cents personnes ont manifesté leur désapprobation devant la Maison-Blanche. L'Amérique change et suit les pas de Bush qui a décidé de monter au front de toutes les guerres pour, il le dit souvent, défendre le monde libre. Cette loi nous fait rappeler la politique suivie par la France coloniale en Algérie qui a doté son armée des pouvoirs spéciaux pour mettre fin à la rébellion du peuple algérien taxé de terroriste. Une tache noire qui a sali l'image de la France, terre des libertés et des droits de l'homme. La suite, on la connaît. Les exactions commises par les tortionnaires et les barbouzes du corps des parachutistes dans la légalité des lois de la République française sont, à nos jours, sujettes à controverses. Cette dérive américaine est une négation des vertus de la longue marche de la démocratie étasunienne. Elle conforte les petits dictateurs et les régimes sanguinaires du monde entier qui se trouvent encouragés à continuer l'exercice de leurs sales besognes.