Fulminant de colère, Louisa Hanoune a vigoureusement fustigé, hier, lors d'une conférence de presse, animée au siège national de son parti, l'accord conclu, jeudi, entre le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et les représentants des archs de Kabylie. Elle n'a pas mâché ses mots pour dire tout le mal qu'elle pense de cet accord. Pour elle, “avec cet accord”, un pas dans l'abîme vient d'être franchi. C'est la condamnation à mort de la nation algérienne une et indivisible. Avec cet accord, un problème politique vient d'être “ethnicisé”. À ses yeux, cet accord consacre “la fracture” de la nation algérienne. Aussi, durant sa conférence, elle n'a pas cessé de tirer la sonnette d'alarme. “Alerte, alerte. L'Algérie est en danger. Chacun est concerné. Il faut savoir raison gardée. Rien de plus supérieur, de plus cher que la nation algérienne. Elle doit vivre”, n'a-t-elle cessé de crier. Le qualificatif d'“indus élus” semble rebuter au plus haut point Louisa Hanoune. “Les députés du PT ne sont pas des indus élus. Ils ont un mandat national. Ce sont des élus de la nation algérienne et pas de la Kabylie”. Tout en reconnaissant l'absence de représentativité en Kabylie, elle ne pense pas moins que ce problème se pose au niveau national puisque, explique-t-elle, à peine 50% des suffrages se sont exprimés lors des législatives de mai 2002 qui sont, de surcroît, “entachés de fraude”. Pour dépasser ce problème, elle n'a proposé rien de moins que la dissolution des 2 Chambres par le président de la République qui en a les prérogatives. Cela dit, Louisa Hanoune juge que cette décision “ne peut être algérienne”. “C'est une décision étrangère imposée à nous. Il est impossible que le président de la République, un corps constitué, le gouvernement, les partis… acceptent qu'une porte soit ouverte pour un conflit à caractère ethnique”. Pour elle, cette décision “n'est qu'un prétexte pour consacrer le démembrement de la République en huit régions”. Loin d'être abattue, Louisa Hanoune estime qu'il n'est pas trop tard “pour se ressaisir”. D'ores et déjà, elle s'est déclarée pour l'officialisation de tamazight. Toutefois, s'impose à nous une remarque à relever : si Louisa Hanoune n'a pas été tendre avec les représentants des archs, ce n'est en revanche pas le cas pour le président de la République et le Chef du gouvernement qu'elle a curieusement ménagés. Pourtant, ils sont parties prenantes de cet accord. En outre, elle s'est dit prête à s'associer à toute initiative pour mettre un terme à cet engrenage tout en récusant toute tutelle étrangère. Pourquoi alors n'a-t-elle pas pris part à l'initiative du groupe des “onze” ? “On ne nous a pas contactés”, rétorque Hanoune en affirmant qu'elle aurait pu rejoindre ce groupe s'ils avaient écrit “pour que l'Algérie ne s'enfonce pas dans l'abîme”. Ceci dit, elle a rappelé que son parti a toujours appelé au regroupement de toutes les parties. Tout en invitant le président de la République à les réunir pour trouver une sortie à la crise. Pour ce qui est de la prochaine élection, Louisa Hanoune avoue qu'elle n'est pas la préoccupation de l'heure. Bien plus, elle a exprimé son dépit “d'entendre parler sans cesse d'élection en ignorant le danger”. “Nous avons l'impression que la classe politique n'est pas suffisamment consciente de la gravité de la situation”, a-t-elle ajouté. Ce qui ne l'a pas empêchée, elle, de retirer les formulaires de souscriptions, pour, explique-t-elle, “parer à toute éventualité”. Pour le PT, les partis comme les personnalités ont le droit de faire valoir leurs exigences. À la condition que l'élection soit organisée et contrôlée par les seuls Algériens. “Nous voulons une élection algérienne organisée par un gouvernement algérien”. Toutefois, il y a lieu de procéder, d'abord, à “l'assainissement du climat politique et social”. A. C.