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André Lange, responsable à l'Observatoire européen de l'audiovisuel, à "Liberté" "L'influence des réseaux sociaux sur les révolutions est un effet médiatique"
Le chef du département de l'information sur les marchés et le financement à l'Observatoire européen de l'audiovisuel expose, dans cet entretien, la démarche de collecte d'informations sur l'audience, les cahiers des charges et le financement des télévisions publiques arabes. Il dit que l'enquête sur l'Algérie démarrera dans deux mois. Pour lui, l'influence des réseaux sociaux sur le Printemps arabe est exagérée par les médias. Liberté : Vous avez évoqué une prochaine réunion de l'Asbu (Arabe State Broadcasting Union ou Union des Etats arabes pour l'audiovisuel) à Tunis en septembre prochain. Quel sera son ordre du jour ? Vous ne l'avez pas précisé lors de votre intervention... André Lange : C'est une réunion du Conseil exécutif de l'Asbu, qui doit examiner une réforme de ses statuts. Le projet, qui associe l'Union européenne de radio-télévision et l'Acopm et financé par la Commission européenne, va être présenté aux directeurs généraux des différentes chaînes de télévision des Etats membres pour défendre l'importance de la transparence, importance démocratique, de la planification et de la légitimité des organismes publics en expliquant que l'argent du contribuable est bien dépensé... C'est un effort d'explication pour montrer que la transparence des organismes publics de radio-télévision est l'un des facteurs de la qualité démocratique du système et des possibilités de coopération interrégionale. On travaille mieux quand on connaît son partenaire. Pour l'instant, sur l'ensemble des chaînes publiques arabes, nous avons deux organisations, la CNRT au Maroc et Télé-Liban qui ont fourni des données sur leur financement. Qu'en est-il pour l'Algérie, qui a présidé, à un certain moment, l'Asbu à travers le directeur général de l'ENTV ? Pour le moment, nous n'avons rien. L'UER, dont elle est membre, non plus. Avez-vous directement les directeurs des chaînes de télévision ou de radio comme interlocuteurs ? Notre interface est le directeur général de l'Asbu et la chercheuse égyptienne, Sahali, qui fait les enquêtes sur le terrain. Elle va de capitale en capitale pour rencontrer des responsables techniques, des directeurs de communication des télévisions publiques et collecter un maximum d'informations. Des rapports ont été établis déjà sur le Maroc, l'Egypte et le Liban. C'est quand même assez rare de rassembler, dans un volume, des données obtenues sans rapports d'activité réguliers de ces chaînes. Justement, vous ne semblez pas détenir beaucoup d'informations sur le secteur audiovisuel en Algérie... Le rapport sur l'Algérie n'a pas encore été fait. Sahali doit partir en Algérie dans deux mois environ. Elle finalise, actuellement, les rapports sur la Jordanie et la Palestine. Comment percevez-vous l'existence de chaînes de télévision privées en Algérie avant la mise en place d'un cadre juridique régissant l'investissement du privé dans l'audiovisuel ? C'est un phénomène que nous connaissons aussi en Europe. Dans les années 1970, RTL émettait à partir de Luxembourg ses programmes destinés spécifiquement à la Belgique francophone. Elle existe toujours. D'ailleurs, elle est à l'origine de la réflexion européenne sur la création d'un cadre réglementaire. C'est ce qui manque dans les pays arabes. Il n'y a pas de protection de l'accès aux éléments majeurs de l'information. C'est ce qui s'est passé pour le Maroc, au moment où son équipe nationale de football participait à la phase finale de la Coupe d'Afrique. C'est Al-Jazeera qui avait les droits de transmission des matches. En Europe, le concept d'événements majeurs permet aux chaînes qui n'avaient pas de droits de transmission de diffuser, malgré tout, quelques minutes de l'événement à intérêt public national. Par ailleurs, j'ai abordé, lors de mon exposé, le rôle des instances de régulation dans la définition des cahiers des charges, mais aussi dans l'attribution des licences, au moins aux chaînes terrestres et un pouvoir de contrôle sur le financement de ces chaînes. Comment expliquez-vous le paradoxe entre la faible pénétration d'Internet dans les pays arabes et leur impact sur les révolutions ? Je n'ai pas travaillé en profondeur sur les processus révolutionnaires. Mais je dis qu'il y a, à ce propos, beaucoup d'effets médiatiques. J'ai lu de nombreux rapports de spécialistes en communication, qui disent qu'Internet est un phénomène urbain, utilisé par la classe moyenne, essentiellement des étudiants, plutôt masculin que féminin. Ce n'est donc pas étonnant que dans les campagnes, la situation idéologique ne soit pas la même. Il existe une distorsion entre les villes et les zones rurales. À mon avis, l'influence des réseaux sociaux a été amplifiée par les médias. Que des groupes aient utilisé facebook et Twitter pour s'organiser, c'est possible. Mais je ne pense pas que cela suffise à déclencher les révolutions. On a exagéré le pouvoir d'Internet, comme on l'a fait avec la télévision, dans les années 1950, par rapport à la révolution de la vie politique. Nom Adresse email