En apportant sa caution au nouveau président du MSP, Abderrezak Makri, le leader islamiste tunisien d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a-t-il voulu couper l'herbe sous les pieds des éventuels concurrents islamistes de Makri ou veut-il lui donner une image de présidentiable à l'internationale ? En tout cas, ses propos selon lesquels "Makri est capable d'assumer le poste de président de la République et est qualifié pour cette mission", semblent avoir fait désordre : chez le pouvoir et ses affidés islamistes. Signe de cet agacement : la célérité avec laquelle Ghannouchi est revenu sur ses déclarations rapportées par nombre de journaux dans leurs livraisons d'hier. Il a, en effet, qualifié les propos qui lui sont attribués par la presse de "pures affabulations". "Il ne me revient pas de proposer la candidature de telle ou telle personne. Je ne suis pas un électeur dans ce pays, mais je dirais que le poste de président est occupé par quelqu'un qui le mérite", a déclaré Ghannouchi à la presse peu avant son retour en Tunisie. Selon lui, "l'Algérie a un président qui occupe la place qui lui sied et qu'il ne peut y avoir de prétendants à ce poste déjà occupé". "Je ne vois pas pour quelle raison l'Algérie ira chercher aujourd'hui un président puisqu'elle en possède déjà un qui occupe la place naturelle qui lui sied et qu'il mérite. Il s'agit du frère et ami, le président Abdelaziz Bouteflika, puisse Dieu le Tout-Puissant hâter son retour dans la plénitude de ses forces pour poursuivre ses missions", a-t-il encore ajouté, selon des propos repris par l'APS. Ghannouchi pour qui Alger déroule toujours le tapis rouge a dit qu'il priait pour "le retour de Bouteflika" pour "le fêter ensemble". "Je prie Dieu pour le retour de Son Excellence le Président que nous fêterons tous ensemble". Il n'a pas manqué d'exprimer "sa gratitude pour l'hospitalité dont ont fait preuve les responsables de l'Etat algérien" à son égard. Cette réaction est d'autant énigmatique que peu de temps auparavant, le porte-parole des AE a fait part de son "étonnement" en louant les qualités du chef islamiste tunisien. "M. Rached Ghannouchi est un homme politique expérimenté, clairvoyant et avisé, je suis convaincu qu'il n'a pas tenu ce genre de propos qui lui sont prêtés et qui pourraient être considérés comme une ingérence dans les affaires intérieures de l'Algérie", a indiqué à TSA, Amar Belani. En déclarant publiquement sa préférence à Makri, Ghannouchi a probablement — même si manifestement son "homélie" est destinée aux islamistes — grenouillé, dans un contexte politique marqué par l'opacité, un plan en perspective de la présidentielle dans lequel la donne islamiste est centrale, Alger ne semblant pas échapper à la logique du Printemps arabe. Ce n'est pas sans raison d'ailleurs que Ghannouchi a été accueilli en 2011 avec faste par Bouteflika, lequel, depuis son accession au pouvoir, a fait un remarquable rapprochement avec les islamistes et les monarchies du Golfe. Par deux fois, Ghannouchi a eu droit à tous les égards et à la bienveillance de la République, bien qu'il n'occupe aucun poste officiel en Tunisie. K K Nom Adresse email