RéSUMé : Kamel est soulagé. Son fils se remettra vite de cet accident. Kamel a mauvaise conscience et s'efforce d'être plus présent dans la vie de ses enfants. Ces derniers l'adorent et le sollicitent pour un oui ou pour un non. Même s'il a continué à voir Fouzia, à chaque évènement familial, il la tient en retrait de sa vie. Fouzia n'a pas vu le temps passer... - Allah ! qu'ai-je fait de ma vie ? Fouzia a l'impression de se réveiller. Depuis que Kamel prépare le mariage de son fils, il n'est plus aussi disponible pour elle. Elle ne l'a pas vu depuis deux semaines et il ne répond pas à ses appels. Il vient d'éteindreson portable. De colère, elle le jette contre le mur. Comment peut-il lui faire ça ? Elle n'en revient pas qu'il ait pu l'éteindre. Elle s'assoit sur son lit et se regarde dans la glace de la garde-robe. Elle se prend en pitié. Elle ne se reconnaît plus. Elle a vieilli. Elle n'a pas vu le temps passer et sa jeunesse partir. Le temps a marqué ses yeux et sa bouche est ridée. Elle rencontre des soucis de santé depuis une année. Après un traitement qui n'aura rien donné, à part une prise de poids, le gynécologue qui l'a examinée la veille a été catégorique. Elle doit être opérée rapidement. Elle a eu des saignements incontrôlables et les douleurs au bas du dos l'ont souvent contrainte à garder le lit. Le gynécologue a décidé qu'une intervention mettrait fin à ses souffrances. Elle allait avoir 45 ans, et le fait de ne pas avoir eu d'enfant avec Kamel la rendait triste depuis qu'elle se préparait à l'idée de passer au bloc opératoire. Les années sont passées sans qu'elle ne les sente. Les cheveux blancs qui sont apparus à ses tempes ne l'ont jamais inquiétée. Fouzia s'est servie chaque mois d'une teinte proche de sa couleur naturelle. Personne ne l'a remarqué. Même pas Kamel quand il jouait avec ses cheveux. Elle se lève et va prendre le portable qu'elle avait balancé contre le mur. Elle ramasse les morceaux et tente de le rallumer. Elle regrette son geste. Elle sort de son sac son second téléphone qu'elle utilise pour son travail et ses relations amicales. Celui qu'elle a cassé ne comprenait qu'un seule contact : le numéro de son bien-aimé. - Pourquoi ? s'écrie-t-elle. J'ai besoin de toi et je n'ai que toi ! Elle retire la puce du "travail" et place celle de son amour de toujours. Elle recompose le numéro et soupire en entendant la sonnerie. Comme les fois précédentes, il refuse l'appel. Elle ferme les yeux, refusant de pleurer de déception et de colère. Elle avait besoin de son avis médical avant de prendre rendez-vous pour son opération. Elle avait même espéré la faire à sa clinique. Fouzia lui en veut. Il aurait pu la rappeler. Elle ne lui aurait pas demandé de se voir. Depuis des années, depuis qu'Idir avait fait cet accident, Kamel avait pris ces distances. Ses enfants avaient réussi là où leur mère avait échoué, le ramener à la maison. En l'impliquant dans tout ce qu'ils faisaient, ils lui avaient prouvé qu'il comptait beaucoup. Bien des fois, lors de leurs rendez-vous, lorsque Kamel oubliait de l'éteindre, ses enfants l'appelaient pour le presser de rentrer. Elle pourrait appeler chez lui mais elle ne l'a jamais fait auparavant. Elle ne cède pas à l'envie de le faire. Il doit avoir ses raisons, un bon prétexte, pour ne pas répondre. Peut-être est-il entouré de sa famille ? Ou est-il au chevet de son père qui est cloué au lit depuis si longtemps ? Elle se demande s'il n'est pas arrivé un accident à un membre de sa famille. "Non, pense-t-elle. Je ne dois plus me soucier pour lui et sa famille ! S'il ne rappelle pas, c'est la preuve que si on est encore ensemble, c'est parce qu'il ne m'aime pas comme je l'aime !" Fouzia prépare ses affaires pour le lendemain. Elle retourne chez le spécialiste sans être accompagnée par l'homme pour qui elle a consacré la moitié de sa vie. Au moment où elle avait le plus besoin de lui... (À suivre) A. K. Nom Adresse email