RéSUMé : Un mois après sa sortie de la clinique, Fouzia est heureuse de retourner au bureau. Elle a besoin de s'occuper, d'oublier que Kamel n'a plus donné signe de vie. Elle n'arrive pas à le joindre sur son portable et décide d'appeler chez lui. Elle lui demande de la rejoindre à leur lieu de rendez-vous habituel... Les années de bonheur partagées en sa compagnie ont un goût amer. Fouzia a une boule dans la gorge. Le temps passe et Kamel n'est toujours pas arrivé. Elle s'impatiente. Comment peut-il lui poser un lapin ? Il sait qu'elle l'attend. Elle s'apprête à partir au bout d'une heure lorsqu'elle le voit enfin arriver. Elle le voit crispé. Il s'efforce de sourire en venant à elle. Il ne l'embrasse pas sur les joues comme avant. Il prend place en face d'elle alors qu'elle est prête à donner libre cours à sa colère. - Bonsoir Fouzia, je m'excuse pour le retard... - Tu aurais pu appeler, lui reproche-t-elle. Je t'attends bêtement. J'allais partir ! Je ne te comprends pas ! J'ignore ce qui se passe dans ta tête ! On ne se parle plus, on ne s'écrit plus des messages ! On ne se voit plus ! Mais qu'est ce qui t'arrive ? - Je suis dépassé, lâche-t-il d'un coup. Je suis vieux. Je m'en suis rendu compte... La future belle-famille m'appelle el-hadj ! Tu te rends compte ! - Moi aussi j'ai vieilli mais je t'aime toujours ! Toi, tu ne m'aimes plus ! - Cela n'a rien à voir avec l'amour, réplique-t-il. Mais je ne peux plus. Je prie depuis quelque temps et je pense même à partir en pèlerinage ! - Comment ? Pour qu'Allah te pardonne ? Tu veux te racheter une conduite ? - Ecoute, j'aimerais que tu ne me fasses pas de scène ! Je ne t'oublie pas et notre histoire ne prend pas fin ! On reste amis et tu peux compter sur moi en cas de problème ! dit-il. Je vais prendre ma retraite et me consacrer à la prière ! Mais je serais toujours là, pour toi ! - Tu veux me faire rire ! Depuis qu'on s'est vus à la clinique, c'est comme si la terre t'avait englouti ! Aucun coup de fil de toi, rien, alors que tu as ma ligne directe du boulot et que tu sais où me trouver ! Mais tu n'as jamais plus cherché après moi ! Tu me rayes de ta vie ! Tu veux déchirer la page qu'on a écrite depuis plus de vingt ans, pour soi-disant te consacrer à la prière comme si la mort allait t'emporter ! Tu te fous de moi ! - Non, jamais ! J'ai 70 ans et je ne peux pas continuer à vivre dans le péché ! Fouzia ne se retient pas de lui dire le fond de sa pensée maintenant qu'il a parlé de leur relation interdite. - On aurait dû se marier, lâche-t-elle. Mais on peut se rattraper ! On se marie en présence d'un imam et à la mairie ! Mais Kamel refuse d'en entendre parler. Il s'emporte tout en lui rappelant : - Quand je t'avais proposé le mariage, tu avais refusé ! Maintenant, martèle-t-il, c'est trop tard ! Il faut l'accepter ! Je veux finir ma vie tranquille ! - Ta vie tranquille ! reprend-elle en devenant blême face à son refus. N'y compte surtout pas ! - Fouzia, ne complique pas les choses ! Ça vaut mieux pour nous deux ! Tu n'auras rien d'autre que mon amitié ! Ne crois pas que je ne t'aime plus ! Mais ça ne peut plus durer ! Adieu Fouzia ! Il se lève et part sans un regard. Fouzia est sous le choc, même si elle a toujours senti la fin de leur histoire venir. Tous les signes étaient là ; depuis des mois ; mais elle s'était accrochée à l'espoir qu'elle durerait jusqu'à la fin de leur vie. Jusqu'au départ du premier d'entre deux. La mort n'avait pas mis fin à leur histoire d'amour mais la vie et ses obligations familiales ont pris le dessus. Telle une automate, elle se lève, va régler sa consommation et quitte le salon alors qu'elle bouille de colère. La colère est mauvaise conseillère, et elle l'écoute. Kamel allait regretter son choix. Elle allait se venger s'il ne lui revient pas... (À suivre) A. K. Nom Adresse email