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7 000 hallaba dans la ligne de mire de la wilaya de Tlemcen
La mafia du carburant traquée
Publié dans Liberté le 08 - 07 - 2013

Le wali de Tlemcen, Nouri Abdelouahab, a dernièrement pris la décision de rationner de moitié le quota du carburant destiné aux stations-service et ordonné que les véhicules légers ne pourront désormais s'approvisionner à la pompe qu'à hauteur de 500 DA par passage et 2 000 DA pour les camions et engins.
Le trafic de carburant est devenu un véritable filon pour les trabendistes professionnels ou occasionnels. Profitant de son prix en Algérie, parmi les moins chers dans le monde, avec une moyenne de 0,25 dollar le litre (occupant de ce fait la 9e position internationale et devançant l'Iran avec 0,33 dollar) alors que son coût est particulièrement élevé au Maroc (environ 1 dollar), ces trabendistes s'adonnent à cette activité lucrative de jour comme de nuit, bravant tous les dangers et poussant l'outrecuidance jusqu'à défier les services de sécurité jusqu'à leurs derniers retranchements.
La wilaya de Tlemcen, frontalière avec le Maroc, est ainsi devenue une véritable plaque tournante de ce trafic à grande échelle et il ne se passe pas un jour sans que l'on enregistre d'importantes saisies par les éléments de la gendarmerie, des douanes ou de la Sûreté nationale, de ce produit soutenu par l'Etat. Mais ce n'est qu'une goutte dans l'océan car une partie importante du carburant a, entre-temps, pu être transférée illégalement vers le pays voisin. Et cela dure depuis des années avec un rythme accentué car drainant chaque fois de nouveaux candidats à ce trafic.
Sur la soixantaine de millions de litres que Naftal livre chaque année aux 56 stations-service de la wilaya (dont 43 sont gérées par le secteur privé), le tiers est siphonné par les trabendistes appelés hallaba (terme populaire usité dans l'Ouest algérien qui signifie traire une vache pour profiter de son lait). Ce sont 2 000 camions et des milliers de vieilles voitures genre Mercedes, Renault 21, 25 et Peugeot 504 et 505 immatriculées dans pratiquement toutes les wilayas, bricolées, pare-choc décollé, feux rouges et clignoteurs inopérants, tuyau d'échappement fumant, avec ajout d'un second réservoir de grande contenance (pouvant contenir jusqu'à 300 litres), qui, dès l'aube, font la chaîne auprès des stations-service pour faire le plein, soit d'essence, soit de gas-oil, lequel est stocké dans des demeures situées le long du tracé frontalier. La nuit, des baudets chargés de jerricanes de 30 litres, traversent la frontière comme des automates, accueillis de l'autre côté par les récipiendaires heureux d'avoir réussi une fois de plus à berner les services de sécurité.
On estime à près de 7 000 le nombre de hallaba en activité et presque 10 000 (venus de plusieurs régions du pays car attirés par le gain facile et rapide) durant la période d'été propice à ce genre de trafic car la demande est plus importante eu égard au nombre important de touristes de passage dans le royaume marocain.
Outre les trabendistes professionnels, beaucoup de fonctionnaires et cadres s'improvisent hallaba, profitant de la complicité avec certains pompistes pour assurer le plein de leur réservoir et vont tranquillement livrer le carburant à la frontière contre souvent deux ou trois fois leur salaire. Malgré les dispositions sévères de l'ordonnance n°05-06 du 23 août 2005 qui prévoit des peines de prison allant jusqu'à 5 années d'emprisonnement et une amende égale à 6 fois la valeur de la marchandise saisie, les trabendistes du fuel ne reculent devant rien.
Au contraire, la cadence du trafic s'amplifie de plus en plus, comme en témoignent les statistiques qui font état de plus de 80% du quota alloué à la wilaya de Tlemcen exporté illégalement vers le Maroc ne laissant aux pauvres automobilistes honnêtes que le choix de se battre pour les 20% restants. Le jerricane de 30 litres de gas-oil est cédé au Maroc l'équivalent de 1 600 DA et la même quantité d'essence à 1 500 DA. En multipliant le nombre de bidons, on se rend compte que c'est un pactole qu'empoche le trafiquant en effectuant environ six allers-retours entre les stations et la frontière.
Cet état de fait dure depuis des années malgré les opérations accrues de surveillance et les actions conjuguées des forces de sécurité pour tenter d'annihiler ce trafic récurrent qui porte un sérieux coup à l'économie énergétique nationale. En 2012, il a été saisi l'équivalent d'un million de litres de carburant, mais on estime que le quintuple a réussi à traverser la frontière.
Face à cette situation, le wali de Tlemcen, Nouri Abdelouahab, a dernièrement pris la décision de rationner de moitié le quota du carburant destiné aux stations-service et ordonné que les véhicules légers ne pourront désormais s'approvisionner à la pompe qu'à hauteur de 500 DA par passage et 2 000 DA pour les camions et engins. Cette décision saluée par certains qui y ont vu enfin une prise en charge des problèmes des automobilistes lassés de passer des heures pour assurer un hypothétique plein de réservoir a cependant fait des mécontents, notamment chez les gérants des stations-service qui avaient même envisagé la possibilité d'observer une grève pour protester contre la diminution de leur quota qui s'apparente pour eux à un manque à gagner.
Les policiers déployés au niveau de chaque station-service pour surveiller l'application de la note du wali ont fait tomber dans leur escarcelle un gérant indélicat qui s'est vu notifier la fermeture d'un mois de son établissement soupçonné de mèche avec la mafia du carburant.
En 1999, plus précisément le 20 juillet, le même wali avait ordonné à tous les services de sécurité de poursuivre devant la justice tout chauffeur de véhicule suspect, circulant le long du tracé frontalier, avec dans le réservoir plus de 40 litres de carburant et 150 litres pour les camions. La mise en œuvre de cette directive avait découragé plus d'un trabendiste de s'aventurer vers Maghnia mais n'a pas fait long feu. La situation a depuis empiré et quatorze ans après, le constat est amer : tous les jours, une quantité impressionnante de carburant est cédée contre de la drogue, comme en témoignent les saisies impressionnantes réalisées de jour et de nuit par les douaniers, les gendarmes et les policiers.
Les barons ne veulent rien lâcher
Certains automobilistes, exaspérés d'être soumis tous les jours à des queues longues et épuisantes pour quelques gouttes d'essence, ont répondu positivement à un appel relayé sur facebook pour un rassemblement devant le siège de la wilaya. Parmi eux Mustapha B., 32 ans, tôlier, tenant le drapeau national dans ses mains, s'est exprimé en ces termes : "Comment est-il possible, cinquante ans après l'Indépendance, que notre Etat ne puisse pas régler un problème pourtant à sa portée, laissant souffrir le peuple sous un soleil de plomb." Et un autre, Malek S., 41 ans, technicien dans le bâtiment, renchérit : "Au moment où l'Etat lutte âprement contre l'absentéisme, on nous oblige à déserter notre travail pour aller perdre notre temps dans des queues inutiles." C'est la crise la plus grave que traverse cette région de l'Ouest, intervenant durant les grandes vacances d'été, synonyme d'arrivée massive de touristes à la veille du mois de Ramadhan.
Les automobilistes des localités de Maghnia, Hammam Boughrara, Bab El-Assa, Chebikia, Bekhata et Messamda sont les plus frustrés de la disponibilité du carburant car les hallaba ont jeté leur dévolu sur ces stations toutes proches de la frontière. À Marsat Ben-M'hidi déjà littéralement prise d'assaut par des milliers d'estivants venus de tout le territoire national, une queue s'étalant sur plusieurs dizaines de mètres se forme tous les jours à l'entrée avec l'hypothétique possibilité d'acquérir les 500 DA de carburant. Gare aux retardataires, car celui-ci est vite siphonné comme s'il venait à s'évaporer.
Farid B., 49 ans, employé communal, se désole d'avoir acheté dernièrement un véhicule de tourisme : "Pendant des années, j'avais recours aux taxis et autobus pour mes déplacements. Depuis que j'ai acquis un véhicule d'occasion, c'est le calvaire. Je passe plusieurs heures par semaine à faire la queue devant les stations-service avec souvent des attentes pour rien car je suis obligé de rebrousser chemin presqu'en panne sèche. J'envisage sérieusement de vendre ma voiture et revenir au transport public." Les hallaba, eux, ne désespèrent pas. Ils ont trouvé l'astuce, celle de faire autant de fois la queue pour, en définitive, assurer le plein du réservoir. Le gérant d'une station privée de Tlemcen a pris l'heureuse initiative de mettre son fils devant la pompe avec un carnet et un stylo à la main pour inscrire l'immatriculation des véhicules douteux. Si le même véhicule refait la queue et parvient quand même à la pompe, il n'est pas servi une seconde fois le même jour. Voilà une démarche qui devrait servir d'exemple aux autres stations-service.
La mafia du carburant avec à sa tête plusieurs barons propriétaires d'un parc roulant important, qui agissent à distance, risque d'affecter la stabilité de l'Etat car les citoyens, hier, de simples spectateurs, peuvent à tout moment faire dégénérer la situation à travers des émeutes comme celles de l'habitat. L'automobiliste de 2013 n'est plus celui de 1963 subissant sans acquiescer les coups de boutoir sans réagir violemment, exigeant maintenant des pouvoirs publics la prise en charge de ses préoccupations légitimes.
D'ailleurs, chaque jour, on enregistre la fermeture d'axes routiers et des bagarres rangées au niveau des stations-service car les hallaba veulent garder leur leadership malgré la crise du carburant qui s'étend maintenant aux wilayas limitrophes.
B. A.
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