La crise du carburant se fait à nouveau sentir dans toute la région de Tlemcen, obligeant les automobilistes à subir d'éprouvantes files d'attente de plusieurs heures pour tenter de remplir en partie leur réservoir. Souvent leur attente sous un soleil de plomb s'avère inutile, car en parvenant enfin à la pompe, celle-ci est pratiquement sèche. Cela engendre souvent des bagarres entre automobilistes, certains voulant "griller la chaîne". Les trafiquants de carburant appelés les "hallaba" (terme qui signifie qu'ils siphonnent tout le stock d'essence et gasoil) sont les premiers au niveau des stations-services et réussissent chaque fois à faire le plein de leur double réservoir pour convoyer le précieux liquide vers la frontière algéro-marocaine. Cette situation qui perdure depuis des années a fini par exacerber non seulement les automobilistes, qui ont décidé à travers un appel relayé sur Facebook de participer à une marche de protestation vers le siège de la wilaya, mais aussi les autorités locales qui viennent enfin de prendre le taureau par les cornes afin de tenter d'endiguer en partie ce trafic. C'est ainsi que le wali vient d'ordonner à Naftal de diminuer de moitié le quota destiné aux stations-services à travers l'ensemble de la wilaya et de ne servir que 500 DA de carburant par véhicule léger et 2000 DA pour les véhicules de transport public et engins. Cette mesure a été accueillie favorablement par certains automobilistes qui y voient là une certaine célérité dans la distribution du carburant, diminuant au moins de moitié l'attente au niveau des stations-services. En revanche, les gérants des stations-services menacent de faire grève, car ils estiment que la diminution du quota habituellement servi va leur porter un préjudice financier, d'autant plus qu'ils mettent en avant les charges de gestion et de personnel auxquelles ils font face. Les plus mécontents sont les camionneurs, comme ceux de Maghnia qui ont fermé pendant quelques heures l'axe routier à El-Betaïm, obligeant les services de la gendarmerie à intervenir, car ils estiment qu'il leur est impossible de faire le plein avec 2000 DA, alors qu'auparavant ils pouvaient remplir leur réservoir à concurrence de 10 000 DA. Les "hallaba" ont trouvé l'astuce pour assurer chaque fois le plein : ils refont la file d'attente autant de fois qu'il le faut pour remplir leur double réservoir, jusqu'à débordement. La note du wali sera-t-elle un coup d'épée dans l'eau ? Ces trafiquants vont-ils continuer à narguer les autorités, d'autant plus que le carburant, soutenu par l'Etat, exporté frauduleusement vers le Maroc, est souvent échangé contre de la drogue et autres produits contrefaits. Malgré les coups de boutoir des services combinés de sécurité (gendarmerie, police et douane) qui interceptent tous les jours des quantités importantes de carburant le long du tracé frontalier ouest (10 millions de litres d'essence saisis annuellement), les "hallaba" ne baissent pas la garde et continuent par différents stratèges à défier l'Etat jusqu'à ses derniers retranchements. Avec l'arrivée durant les vacances d'été des ressortissants algériens établis à l'étranger qui ramènent de grosses voitures, cette situation va probablement empirer, d'autant plus que le nombre de stations-services (une dizaine seulement au chef-lieu de wilaya) est resté le même depuis des années, alors que le parc automobile a été multiplié par huit. B. A. Nom Adresse email