Nouveaux actes de guérilla meurtriers dans le Sinaï : des hommes armés, des extrémistes islamistes, ont visé lundi 15 juillet au petit matin un car avec des tirs de roquette. Au moins trois personnes ont été tuées et 17 autres blessées. L'attaque est survenue quelques heures après des affrontements entre des hommes armés et l'armée égyptienne, près de la frontière israélienne. Les combats ont eu lieu dans la région d'Alwifaq, dans le nord du Sinaï, après une tentative ratée de faire sauter un véhicule de police avec des explosifs. La péninsule frontalière avec Israël et l'enclave palestinienne de Gaza, censée être démilitarisée, conformément aux accords de paix égypto-israéliens de 1978, est le théâtre d'attentats depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet. Et bien avant, puisqu'une attaque contre des militaires égyptiens fin 2012, avait constitué le motif recherché par le président islamiste, Mohamed Morsi, pour mettre au pas la hiérarchie militaire. Il s'était débarrassé de «l'encombrant» vieux général Tantaoui - qui avait dirigé la première séquence de l'Egypte post-Moubarak - qu'il a remplacé par son cadet, le général al-Sissi, celui là même qui la chassé du pouvoir et le traduit devant la justice, entre autres pour espionnage. La semaine dernière, un policier de haut rang a été tué par des djihadistes et un copte a été trouvé décapité, tandis que deux personnes ont trouvé la mort dans une attaque contre un poste de contrôle. La situation préoccupe Israël qui a fait monter de plusieurs crans son dispositif militaire le long de sa frontière et a donné son feu vert au déploiement de deux bataillons d'infanterie supplémentaires de l'armée égyptienne à El-Arich dans la partie nord du Sinaï ainsi qu'à Charm-El-Cheikh dans le sud de la péninsule. Des islamistes radicaux ont publiquement menacé de commettre des violences en représailles à l'éviction par l'armée de Morsi, issu des Frères musulmans. Tout indique que le front pro-Morsi a installé son aile djihadiste dans ce désert. Donc, la contre-offensive plus ou moins pacifique autour de la mosquée cairote Rabiaa el-Adawiya, et la guérilla dans le Sinaï avec le dessein d'en faire le «Sahel» du Moyen- Orient. Si pour l'armée, c'est bel et bien l'œuvre d'un groupe terroriste, pour les Frères musulmans, il s'agirait plutôt d'incidents montés de toutes pièces par le nouveau pouvoir en place au Caire. Si la signature d'Al-Qaïda version égyptienne ne fait pas de doute, leur présence ici trouve tous les terreaux socio-économiques et politiques qui alimentent le djihadisme, comme dans le Sahel saharien. Les 300 000 habitants du Sinaï, répartis en une dizaine de tribus, régies par une organisation clanique, ont toujours été abandonnés par le pouvoir central du Caire qui les réprime pour des trafics divers : contrebande de cigarettes, de drogue, d'armes, traite de travailleurs africains à la recherche d'un emploi en Israël. Pas moins de deux milliers de bédouins, faisant l'objet d'accusations fantaisistes, selon des ONG, croupissent dans les prisons égyptiennes en attendant un hypothétique procès. La crise économique aiguë surgie au lendemain de la révolution du Nil qui devait déboucher sur l'éviction de Hosni Moubarak a privé ces hommes de leur principale source de revenus : le tourisme. Le pouvoir islamiste a fait le reste : destination touristique de choix, Charm el-Cheikh, ressemble aujourd'hui à une localité fantôme. Tout comme la Vallée des Rois et Guizeh dans le sud de l'Egypte. Les djihadistes ont toujours essayé d'investir ces immensités de sable, véritable enjeu stratégique, centre géopolitique par excellence, bordé qu'il est à l'est par l'Arabie Saoudite dont on redécouvre l'importance primordiale, à l'ouest par le canal de Suez, enfin au nord par le voisinage de l'Etat hébreu et de l'enclave de Gaza. Depuis le 3 juillet, les djihadistes semblent avoir établi leurs casemates dans la zone connue sous le nom de Jabal el-Halal, dans le centre de la péninsule. D. B Nom Adresse email