Après avoir réclamé à cor et à cri la vacance du pouvoir, suite à l'hospitalisation de Bouteflika depuis le 27 avril écoulé, des partis politiques changent de fusil d'épaule et appellent, plutôt, à une présidentielle anticipée. C'est ce qu'a avancé, comme initiative de sortie de crise, Sofiane Djilali, président de Djil Djadid, lors d'une rencontre avec la presse, tenue hier à Alger. Au Djil Djadid, on estime que l'application de l'article 88 est impossible. Ils veulent comme arguments la durée durant laquelle le Président est malade sans voir, pour autant, les institutions réagir. "Cela fait maintenant 90 jours que le Président est dans l'incapacité manifeste d'assumer ses fonctions, soit bien plus que la période d'empêchement temporaire légale." Cette impossibilité d'appliquer un article de la loi fondamentale est, de l'avis de cette formation, le fruit des trois mandats de Bouteflika à la tête de l'Etat. Durant ces mandats, rappellent-ils, "le président Bouteflika a vidé de leurs substances toutes les institutions. Il a concentré l'ensemble des leviers de la décision politique". Il ajoute qu'"aujourd'hui, comble du paradoxe, il n'y a plus que lui qui puisse se faire appliquer l'article 88". Le parti de Sofiane Djilali ajoute, dans le même ordre d'idée, que même les autres institutions, comme l'armée et l'APN "ne pourraient pas prendre l'initiative de l'appliquer", tant que, "le Conseil constitutionnel ne le veut pas ou ne le peut pas". Djil Djadid relève aussi le fait que le pays n'est pas préparé à affronter une élection présidentielle dans les 60 jours qui suivraient une éventuelle déclaration de vacance immédiate. Cette incapacité est due, essentiellement, à cette volonté qui tend à enfermer le pays, qui se retrouve "dans une logique de pouvoir personnel, empêchant ainsi le fonctionnement harmonieux de ses institutions et l'émergence d'une classe politique à la hauteur des enjeux actuels". Il a ajouté que Bouteflika a pratiqué sciemment une désertification du champ politique, y compris au sein des partis du pouvoir qui le soutenaient. Cette situation se traduit, estime Djil Djadid, "par un appauvrissement du pays en hommes et femmes d'Etat, largement remplacés par une cour prédatrice plus prompte à soutenir aveuglément l'homme fort dans tous ses projets que de conduire une action politique saine et d'intérêt public". Tout cela, pense-t-on à Djil Djadid, a fait que la mise en application des dispositions constitutionnelles est impossible. De ce fait, il est urgent d'anticiper sur la situation avec une "voie médiane" qui est, selon le parti, une présidentielle anticipée en décembre 2013. Cette présidentielle anticipée est, de l'avis de Sofiane Djilali, "une issue conforme à la Constitution et prenant en compte les contraintes objectives et les nécessités d'une mise en sécurité de l'Etat". Elle s'impose car, estiment les responsables de cette formation, "le délai imparti permettrait une préparation convenable tant des organisateurs que des futurs participants et par ailleurs, éviterait une trop longue vacance en gagnant 4 mois sur le terme du mandat". L'initiative de Djil Djadid reste conditionnée à la volonté du chef de l'Etat, car il est le seul à même de décider de l'annoncer et à convoquer le corps électoral de façon anticipée. Sofiane Djilali a évoqué aussi les alliances entre les partis politiques, notamment ceux du camp islamiste. Il a informé que son parti n'a pas été consulté ou contacté. Sur un autre plan, M. Djilali endosse la responsabilité de l'état de délabrement des institutions "à la révision constitutionnelle de 2008", et aussi "à ceux qui ont soutenu Bouteflika dans ce projet". À propos de l'initiative prise avec d'autres personnalités en mars passé, Sofiane Djilali a estimé que l'initiative a donné ses fruits. Elle visait à empêcher un autre mandat pour Bouteflika, a-t-il dit. M. Djilali a ajouté que son parti n'a pas encore pris de décision concernant la présidentielle. Il a, néanmoins, informé que son parti sera au cœur de la bataille. M M Nom Adresse email