Le Premier ministre est très entreprenant, surtout en ce mois de Ramadhan, où il a déjà effectué deux visites à Tizi Ouzou et à Tindouf, et s'apprête à se rendre à Tiaret, alors que d'autres wilayas figurent sur son agenda. Contrairement à ses prédécesseurs, sous Bouteflika, il est le seul à bénéficier de cette capacité de mouvement. En attendant un remaniement gouvernemental que l'on annonce imminent, Abdelmalek Sellal ne se contente pas de mener des sorties avec des membres de l'Exécutif, mais demande à tous ses ministres d'aller sur le terrain pour s'enquérir de l'état d'avancement des projets de leurs secteurs respectifs, tout comme il demande aux walis des rapports périodiques sur le degré d'exécution des programmes lancés. Abdelmalek Sellal a les coudées franches et il fait tout pour être omniprésent, histoire de combler le vide laissé par le président de la République et les vacances des deux Chambres du Parlement. Montrer que le pays fonctionne normalement et que tout va bien. Telle semble être la mission confiée au Premier ministre. Le président Bouteflika poursuit sa convalescence. Depuis son retour au pays, les Algériens ont eu la certitude que c'en est bel et bien fini et qu'il fallait songer à l'après-Bouteflika. D'ailleurs, sauf grande surprise, le chef de l'Etat devrait manquer les traditionnelles cérémonies religieuses de la veillée du 27e jour du Ramadhan, ainsi que la prière de l'Aïd el-Fitr. Les dossiers urgents qui devaient être soumis au premier Conseil des ministres, dès le retour du président Bouteflika, devraient encore attendre, avec toutes les conséquences que cela suppose, comme c'est le cas pour le projet de loi de finances complémentaire, ou encore la révision constitutionnelle. Le pays continue, pourtant, de tourner et l'absence du chef de l'Etat s'est tellement banalisée que pour beaucoup d'Algériens, Bouteflika fait désormais partie des "has been". Toutefois, dès la diffusion des premières images du Président malade à la clinique des Invalides, il était clair que ce dernier allait poursuivre jusqu'au bout son mandat et qu'il comptait peser sur sa succession. Tous les regards se tournent vers son frère cadet, Saïd, qui, faute de pouvoir hériter de son aîné, serait tenté pour tirer du chapeau son successeur et garder une certaine assurance que le clan ne subirait pas l'effet boomerang de 15 années de gestion familiale des affaires du pays. Curieusement, et à moins de sept mois de l'élection présidentielle, les candidats ne se bousculent pas au portillon. C'est le scrutin le plus indécis de l'histoire de l'Algérie. À moins que les décideurs ne (se) résolvent à opter pour une autre période de transition. Le profil bas adopté par les partis politiques les plus influents et les personnalités qui ont, plus ou moins, des chances de concourir à la magistrature suprême renseignent sur cette absence de visibilité et ce fatalisme typiquement algérien qui fait dire à toute la classe politique que "le candidat du pouvoir l'emportera". Abdelmalek Sellal, qui n'a pas d'appartenance partisane, n'avait jamais affiché une ambition pour briguer un tel mandat, même si l'homme dispose d'une solide expérience dans la gestion des affaires de l'Etat, puisqu'il a occupé tous les échelons (wali, ambassadeur, ministre), sans omettre le fait qu'il avait dirigé, par deux fois, les campagnes électorales du président Bouteflika. Sera-t-il le candidat surprise ? Le candidat par défaut ? Ou l'oiseau rare qui était là devant nous tous, sans qu'on s'en rende compte, tellement que nous étions obnubilés par la longévité de Bouteflika au pouvoir et les ambitions des Ouyahia, Belkhadem, Hamrouche, Benflis et Benbitour ? A B Nom Adresse email