Le président Abdelaziz Bouteflika en a trop fait, pendant son mandat, dans sa quête du pouvoir absolu pour mériter aujourd'hui encore le soutien de ceux dont il avait pourtant épousé le discours réconciliateur et à l'endroit desquels il n'avait pas lésiné sur les concessions. Départ de Bouteflika, neutralité de l'armée : voilà, pour l'heure, les deux grands thèmes qui alimentent les échanges entre les acteurs politiques à trois mois de l'élection présidentielle. La crise du FLN, elle-même engendrée par les enjeux de ce scrutin, ne fait que renforcer la conviction des uns et des autres quant à la mainmise du président de la République en exercice sur les moyens de l'état, l'institution judiciaire et l'administration. Il est d'ailleurs remarquable que les plus farouches détracteurs des généraux depuis janvier 1992, qu'ils se recrutent dans le camp des islamistes ou dans celui des réconciliateurs, en arrivent à souhaiter, quand ils ne l'exigent pas, que l'institution militaire joue au moins un rôle d'arbitre dans cette période préélectorale. Ils s'appellent Hamrouche, Djaballah, Aït Ahmed, Ahmed Taleb Ibrahimi ou Benyellès, et tout comme Benbitour ou Benflis, ils ont tous, à quelques nuances près, sollicité la participation de l'Armée pour permettre au pays de négocier au mieux le virage du printemps prochain. C'est que le président Abdelaziz Bouteflika en a trop fait, pendant son mandat, dans sa quête du pouvoir absolu pour mériter aujourd'hui encore le soutien de ceux dont il avait pourtant épousé le discours réconciliateur et à l'endroit desquels il n'avait pas lésiné sur les concessions. C'est tout le bilan du Président-candidat qui s'affiche ainsi, décrié de toutes parts, avant même qu'il ne soit mis en débat, si jamais il le sera un jour. Car il faut dire que le premier à vouloir empêcher ce débat, c'est M. Bouteflika lui-même qui n'éprouve aucune gêne à fermer les canaux d'expression publics à l'opposition. À tel point que celle-ci est sommée de choisir entre un soutien à l'homme fort d'El-Mouradia avec les privilèges que cela peut valoir ou disparaître dans le silence. Face à un tel dilemme, une large frange de cette opposition semble avoir trouvé la parade : faire partir Bouteflika ou, tout au moins, éviter que l'élection présidentielle se tienne sous son égide. Si une telle revendication venait à faire consensus parmi les candidats et la classe politique, l'armée pourrait-elle se dérober sous le couvert de neutralité sans se faire prendre en flagrant délit de complicité ? Telle est l'équation qui se pose aujourd'hui aux “faiseurs de roi”. Qu'ils la résolvent, s'ils ne sont pas fatigués ! S. C.