Il est difficile de trouver une raison politique à la décision du président. Depuis hier, Abdelmalek Sellal ne fait plus partie de l'équipe gouvernementale. Le président de la République a, en effet, mis fin à ses fonctions à la tête du ministère des Transports, poste qu'il occupait dans les deux derniers gouvernements. Le décret présidentiel limogeant Sellal a été signé hier par le chef de l'Etat, selon un communiqué de la présidence de la République qui annonce également la nomination de son collègue des Travaux publics, Amar Ghoul, en tant qu'intérim à la tête du département des Transports. Le même communiqué indique que Abdelmalek Sellal a été appelé à d'autres missions, sans autre précision sur la nature desdites missions. Commis de l'Etat et sans aucune étiquette partisane, le désormais ex-ministre des Transports, a connu une carrière ministérielle plutôt sereine. Entré au gouvernement de Mokdad Sifi avec le portefeuille de l'Intérieur, Sellal a été l'un des artisans de l'élection présidentielle de 1995 qui a investi Liamine Zeroual à la tête de l'Etat. Depuis, il n'a plus quitté le pouvoir en participant à tous les gouvernements qui se sont succédé. Ainsi, il a occupé plusieurs postes ministériels dans les différentes équipes drivées par Ouyahia, Hamdani, Benbitour, Benflis et enfin dans la deuxième équipe formée par Ouyahia au mois de mai de l'année dernière. Successivement ministre de la Jeunesse et des Sports, des Travaux publics et des Transports, Sellal passe pour être l'un des ministres qui a la plus longue longévité ces dix dernières années. Aussi, son limogeage constitue-t-il une surprise pour les observateurs de la scène nationale, d'autant qu'il occupait un portefeuille loin de constituer une quelconque importance en cette période pré-électorale. Il est, en effet, difficile de trouver une raison politique à la décision de Bouteflika de démettre Abdelmalek Sellal. Engagé comme nombre de ses collègues dans le plan de relance économique, il lui aurait été reproché des résultats en deçà des attentes présidentielles. Mais cela n'explique pas pour autant ce remerciement, pour la simple raison que d'autres ministres n'ont également pas brillé dans les secteurs dont ils ont la charge. Enfin, il est encore trop tôt de spéculer sur cette décision-surprise du chef de l'Etat. Il s'agit d'attendre la nature de la nouvelle «mission» de l'ex-ministre des Transports pour connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire, intervenue à moins de deux mois de la présidentielle.