“Bouteflika ne restera pas le seul candidat�

Saïd Sadi, jeudi dernier, lors du quinzième anniversaire du RCD

“Il faut que Bouteflika sache qu’il n’est pas question de se retirer pour le laisser comme seul candidat à la présidentielle�. C’est en ces termes que le Dr Saïd Sadi, président du RCD, a récusé, jeudi dernier, le retrait en bloc des candidatures à la prochaine élection présidentielle.
S’exprimant à l’occasion du quinzième anniversaire du RCD célébré au centre culturel d’El-Biar (Alger), en présence d’un important parterre de personnalités (Mohand Issad, Omar Boudaoud…), le patron du Rassemblement n’écarte, cependant, pas cette possibilité de voir Bouteflika s’imposer en tant que seul candidat : “Lorsqu’on a passé un contrat avec le déshonneur, il peut parfaitement rester seul en course et s’imposer pour cinq autres années à la nation.� Devant ce cas de figure “si retrait il devait y avoir�, selon Saïd Sadi, “ce ne sera de toute façon pas un retrait passif�. Et pour cause, “c’est l’avenir du pays qui est en jeu�, martèle-t-il. “Notre souci aujourd’hui, dira Saïd Sadi, ce n’est pas de savoir si changement il y aura, mais de savoir dans quels termes et à quel prix on devrait le payer�.
Plus précis, il relève que “si comme nous le souhaitons, il y a possibilité de se frayer un cheminement dans cette élection présidentielle, je crois que l’Algérie peut profiter de cette crise pour tourner une page et en écrire une autre. Mais si comme nous l’observons aujourd’hui, la fuite en avant, l’irresponsabilité criminelle, l’abus d’autorité qui porte aussi bien sur l’asservissement de l’administration, la confiscation des médias publics, le détournement des moyens de l’État, il faudrait savoir que dans tous les cas de figure cette élection ne sera pas une élection ordinaire�. Pour Saïd Sadi qui s’interroge “si l’élection sera perturbée avant ou le jour même du vote par les abus d’autorité du Président-candidat�, une certitude demeure : “Il faudra bien qu’il (Bouteflika Ndlr) sache que l’Algérie sera restituée à ses enfants et que le temps des coups d’État sanglants ou à blanc est passé�. “L’Algérie, ajoute-t-il, n’a pas sacrifié des milliers de martyrs de 1954 à 1962, n’a pas résisté au parti unique, n’a pas vaincu l’intégrisme au prix que l’on sait pour être soumise à une démarche politique qui relève de la bouffonnerie politique�. “Nous n’admettrons pas, poursuit-il, que la corruption à ciel ouvert persiste, que la justice continue d’être humiliée (…)�. À ses yeux, il est possible “de faire cesser cette humiliation des institutions�. “Nous sommes des animateurs et des acteurs d’un combat qui est un combat de convictions, ce qui fonde, argue-t-il, notre combat c’est uniquement de restituer les chances et les possibilités qui s’offrent à la nation pour que cette Algérie démocratique et sociale devienne une réalité�.
Et de préciser : “Nous n’avons eu ni d’autres motivations ni d’autres objectifs�. Le président du RCD qui évoquera dans un langage cru et sans concession Abdelaziz Bouteflika, martèle : “Si c’était au moins un des grands psychopathes qui ont marqué l’histoire, parfaitement structuré, remarquablement courageux voire téméraire, qui nous avait soumis, on aurait au moins la consolation de dire que le pays enfante de temps en temps des génies maléfiques qui finissent par les détourner de leur pays.�
Bouteflika est “enfermé dans les années 1970 et dans un parti unique qui n’est qu’illusions fracturées, il essaye d’imposer des pratiques que nous avons condamnées et défaites au moment où le régime était infiniment plus fort que ce qu’il est aujourd’hui, son intox est devenue une espèce de discours pathétique qui n’arrive même pas à convaincre les vieilles de la montagne�. Il fera dans ce cadre référence au livre Bouteflika, une imposture algérienne du directeur de la publication du Matin, Mohamed Benchicou. “Ce livre est intéressant, dit-il, parce qu’il éclaire remarquablement le personnage (de Bouteflika) et montre qu’un bricoleur un peu pervers a fini par faire un hold-up d’une nation et démontre à quel point une escroquerie de bazar a fini par prendre en otage le peuple algérien�.
N. M.