Résumé : De retour à la maison, Nacéra affrontera la colère de sa mère. Cette dernière est affligée par l'état de Maïssa, et accusera Nacéra de lui avoir caché la vérité. Elle est si près de piquer une crise de nerfs que la jeune femme lui dévoile qu'elle-même devrait se marier, et que son prétendant n'attendait que sa réponse pour concrétiser le projet. Sa mère porte la main à sa bouche : -Tu vas te marier... ? -Oui maman... En vérité, je n'ai pas encore donné ma réponse... Je voulais... Je voulais tout d'abord t'en parler. Sa mère prend une longue inspiration : -J'espère que tu n'inventes pas cette histoire pour me détourner de Maïssa et de sa grossesse. Nacéra se met à rire : -Mais non maman... Je sais qu'en d'autres circonstances tu aurais sauté de joie à l'idée de me voir mariée... -Mais... Je ne te suis pas... Pourquoi me le dire maintenant... ? -Eh bien parce que j'étais très occupée ces derniers temps, et mon prétendant aussi. -Et maintenant... Que va-t-il se passer... ? Vas-tu lui donner une réponse... ? -Si tu n'en vois pas d'inconvénient. Sa mère la regarde encore une fois d'un air affligé : -Oh Nacéra ! J'ai demandé tous les jours à Dieu dans mes prières de me garder en vie jusqu'au jour où je te verrais mariée... Je crois qu'Il a exaucé mon vœu... Maintenant, il n'appartient qu'à toi de le concrétiser. -Je dois lui donner ma réponse demain. -Alors fais-le... Pourquoi attendre plus longtemps... Tu n'es plus en âge de refuser... Les années passent tellement vite. -Je ne connais encore rien de lui maman et... Sa mère l'interrompt d'un geste : -Quand la Providence t'envoie ton mektoub, tu ne pourras pas le refuser... Je sens que cet homme te plaît Nacéra... L'instinct d'une mère ne se trompe jamais. Nacéra rougit : -Il est assez jeune, nous sommes de la même génération... Il... Il gagne bien sa vie, il est architecte... C'est lui qui m'a aidée dans l'organisation de mon défilé de mode. -Que peux-tu attendre de plus de la vie... ? -Rien de plus... Seulement, j'appréhende le jour où je devrais te quitter... Djamel veut qu'on se marie très bientôt... Maman tu vas te retrouver seule et... Sa mère l'attire vers elle et se met à lui caresser les cheveux : -Les lois de l'existence sont ainsi faites ma fille... Moi aussi j'ai quitté ma mère pour me marier avec ton père, et ma mère avait quitté la sienne, et ma grand-mère aussi... Toutes les femmes doivent quitter tôt ou tard le nid familial et se consacrer à leur foyer et à leurs enfants... Certes, je vais sentir un grand vide autour de moi... Mais je serais heureuse aussi de te savoir chez toi et comblée... Et puis... tu ne quittes pas la ville, tu pourras venir de temps en temps rendre visite à ta vieille mère. -Tous les jours maman. -Non... Je ne te le permettrais pas... Je suis encore assez solide sur mes jambes pour m'occuper de ma propre personne... Une de tes nièces pourra venir habiter avec moi, au cas où le besoin s'en ferait sentir... Toi tu devrais désormais t'occuper de ton mari et de ton foyer... -Tu parles bien mère... Je me sens triste tout de même à l'idée de te quitter. -Moi aussi ma chérie. Mais tu m'oublieras vite lorsque tu goûteras au bonheur de la vie conjugale. Allez... Ne tarde pas trop à donner ta réponse à ce jeune homme... Il doit déjà se languir. Nacéra sourit : -Il est vraiment impatient. -Très bien. Alors dès demain, fais-lui savoir que tu acceptes sa proposition. Trop lasse pour tenir davantage, Nacéra, après avoir rassuré sa mère, et une fois que cette dernière s'est retirée dans sa chambre, prend sa douche et se glisse enfin dans son lit pour dormir à poings fermés. Il faisait grand jour lorsqu'elle consentit enfin à ouvrir les yeux. Sa première pensée sera pour Djamel. Elle ébauche un sourire. Hier soir, si elle avait pu conjurer la colère de sa mère et lui faire avaler les erreurs de Maïssa, c'était grâce à sa proposition. Elle se relève sur un coude et regarde autour d'elle. Sa chambre était sens dessus dessous, mais son portable se trouvait juste à côté d'elle. Pour ne pas être dérangée dans son sommeil, elle l'avait éteint. Elle le rallume et forme le numéro de Djamel qui décroche à la première sonnerie : -Ah ! Bonjour Nacéra... Je ne voulais pas appeler, te sachant très fatiguée, et peut-être encore au lit, mais j'aimerais que tu jettes sans tarder un coup d'œil aux journaux de ce matin. Nacéra sourit. Il n'y avait que cet homme qui pouvait lui parler sur ce ton câlin et prendre les devants sans lui laisser le temps de réagir. -Je ne sais pas ce que racontent les journaux, mais par contre je devine facilement au son de ta voix que tu n'es pas indifférent à ce qui a été écrit au sujet de mon défilé. -Comment ça indifférent... ? Mais je suis impliqué jusqu'au cou dans cet événement... Tout ce qu'on dira ou qu'on écrira me touchera autant que toi. -Et qu'est-ce qu'on dit ?, demande-t-elle en étouffant un bâillement. -Que tu es très douée et très motivée dans le choix des modèles et des tenues traditionnelles, et que l'art de la création chez toi n'est plus à démontrer... Il y a plein de photos sur le spectacle et une photo avec ton interview... Une belle photo... (À suivre) Y. H. Nom Adresse email