Le Premier ministre de transition égyptien, Hazem El Beblaoui, a annoncé un projet de dissolution de la confrérie des Frères musulmans. Le projet est à l'étude chez le ministre des Affaires sociales, dont relève l'encadrement des activités des ONG. Reconnus officiellement comme ONG depuis mars 2013, les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi destitué par l'armée le 3 juillet dernier, poursuivent leurs manifestations quotidiennement contre ce qu'ils qualifient de "régime putschiste" en dépit de la très lourde facture de leurs affrontements. Des milliers de militants et de sympathisants de la confrérie islamistes ont été incarcérés depuis le 3 juillet ainsi que le président déchu, Morsi. La confrérie des Frères créée en 1928 a déjà été dissoute en 1954 sous le gouvernement militaire de Nasser. Elle dispose aussi d'une vitrine politique légale, le Parti de la liberté et de la Justice (PLJ). L'armée est d'ores et déjà revenue de son offre de réconciliation aux islamistes. "La réconciliation est là pour ceux dont les mains ne sont pas tachées de sang", a annoncé le chef du gouvernement transitoire, après l'assaut samedi dans l'après-midi contre les Frères retranchés dans la mosquée Al-Fatah du Caire. Malgré le carnage de ces dernières soixante-douze heures, au sein des soutiens du général Al-Sissi, encore peu de voix s'élèvent pour condamner la violence et la brutalité de l'armée. La démission du vice-président Mohamed El-Baradei, le politicien libéral qui a joué le rôle de boussole politique des révolutionnaires, a même été critiquée par des mouvements révolutionnaires comme le mouvement Tamarrod à l'origine des manifestations du 30 juin ou même par la coalition de partis laïcs et libéraux qu'il dirigeait avant son entrée à l'exécutif, le Front du salut national (FSN). Après la démission du prix Nobel de la paix, Mohamed El-Baradei, vice-président du nouveau régime, l'Imam d'Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite de l'Egypte qui avait soutenu le nouveau régime s'est désolidarisée des violences commises dans la répression sanglante des Frères. D'autres acteurs de la destitution de Morsi se sont également interrogés sur les méthodes répressives de l'armée, à l'instar des socialistes révolutionnaires, du mouvement des jeunes du 6 Avril ou des salafistes du parti Al-Nour, mais pas au point de rejoindre la sédition des Frères. Mahmoud Badr, figure emblématique de la Nouvelle Egypte démocratique et moderne, l'un des trois fondateurs de l'initiative Tamarod qui a donné le prétexte à l'armée pour réinvestir le devant de la scène, a exprimé samedi son soutien à l'armée et juge que le bilan de la répression contre le camp islamiste est le "prix élevé à payer pour se débarrasser de l'organisation fasciste des Frères avant qu'elle prenne le contrôle de tout et nous chasse tous". Ce journaliste de 28 ans et deux camarades sensiblement du même âge ont lancé il y a trois mois le mouvement Tamarrod pour exiger le départ de Morsi, ils affirmaient avoir recueilli 22 millions de signatures avant les grandes manifestations du 30 juin contre le président islamiste. Contrairement aux préoccupations d'une partie du camp libéral qui craint que le rôle grandissant de l'armée, ses assauts contre les islamistes, présagent d'un retour à la répression de l'époque de l'ancien président Hosni Moubarak, Mahmoud Badr avait invité au plus fort des scènes de guérilla urbaine, sur les chaines de la télévision publique, ses compatriotes à former des "comités populaires" pour lutter contre les Frères, certifiant n'avoir "rien vu de mal de la part de l'armée". Même s'il prévoit plus de violences et de possibles assassinats politiques, il se dit persuadé que "l'Egypte finira avec les militaires par gagner contre le terrorisme, par gagner la guerre civile". D. B Nom Adresse email