La Tunisie vit sa plus grave crise politique depuis son indépendance. Face à l'impotence avérée des gouvernants, politiques et des élites en général à trouver des solutions de sortie de crise, des initiatives de médiation fusent de partout. Malgré cette multitude de tentatives qui ajoutent à la confusion générale, la crise ne fait que s'amplifier au moment où l'opinion publique, lassée, est impatiente de voir le bout du tunnel. Avant-hier encore, le Centre des études sur l'Islam et la démocratie, en collaboration avec l'Alliance civile pour le soutien de la démocratie, a organisé un séminaire intitulé "Les propositions de la société civile pour sortir de la crise actuelle et soutenir le processus démocratique". Tout un programme dans ce long intitulé générique d'un séminaire qui se présentait selon ses organisateurs comme "un mini-débat national". Et pourtant, les intervenants, selon le programme, semblaient être triés sur le volet pour représenter beaucoup plus les légitimistes que d'autres idées plus ou moins à l'opposé. Lors de son intervention d'ouverture, le président du centre, Radhoune Masmoudi, a déclaré que "les protagonistes de la scène politique, quelles que soient leurs divergences, n'ont pas d'autre choix que de se réunir autour d'une table pour un dialogue sincère et constructif", n'hésitant pas, toutefois, à défendre la légalité et la légitimité du gouvernement et des instances actuels, de sorte que tout débat s'inscrive à l'intérieur de cette légalité qui "de toute manière n'est pas immuable et pourra changer dans le futur". Mehrzia Laâbidi, première vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, a fustigé "l'élite politique" du pays, et n'a pas manqué de rappeler que des figures emblématiques de l'ancien régime avaient continué à diriger le pays après la révolution et ce, au nom de la sacro-sainte continuité de l'Etat. "Les élections du 23 octobre 2011 ont frustré l'élite politique parce qu'elles avaient porté au pouvoir une nouvelle élite qui ne correspond pas à la précédente. C'est pour cela que dès le lendemain des élections, beaucoup de personnes n'ont pas cessé de décrédibiliser la légitimité des élus", a-t-elle dit. Hier, les islamistes d'Ennahda au pouvoir en Tunisie et le mouvement d'opposition Nidaa Tounes ont reconnu avoir entamé des discussions secrètes en Europe cette semaine, précisément à Paris, selon certains médis tunisiens pour trouver une issue à la crise politique minant le pays depuis près d'un mois. Le chef de Nidaa Tounes, l'ex-Premier ministre postrévolutionnaire Beji Caïd Essebsi, pourtant ennemi juré des islamistes, et celui d'Ennahda, Rached Ghannouchi, se sont rencontrés "lors d'une tournée européenne" de l'opposant, a indiqué le parti d'opposition a-t-on appris dans un communiqué rendu public. Selon Rached Ghannouchi, cette entrevue, tenue jeudi dernier, avait été "positive et franche" sans plus de précisions. Nidaa Tounes, un parti de centre-droit, a révélé la tenue de ces pourparlers après la multiplication "de rumeurs" en ce sens, et alors que M. Ghannouchi avait nié avec véhémence avoir quitté la Tunisie pour des consultations. Aucun parti n'a expliqué pourquoi cette réunion a été tenue secrète, alors que la Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi le 25 juillet. Rien d'étonnant, d'ailleurs, au vu que les jeux étaient faits, marqués par des manigances politiques. Jusqu'à présent, le Front de salut national (FSN) --une hétéroclite coalition d'opposition-- et Ennahda démentaient des pourparlers directs. Nidaa Tounès a pourtant indiqué dans son communiqué que la réunion avec M. Ghannouchi avait été organisée en accord avec ses partenaires du FSN. I. O. Nom Adresse email