Sa disparition ne bouleversera pas que ses seuls parents et proches : certaines personnes, d'autant plus remarquables qu'elles sont rares, rayonnent par leurs qualités humaines, qui les distinguent de tous. Il en faisait partie. Et ses qualités professionnelles étaient tout aussi singulières : il savait être attentif aux êtres, aux faits, aux choses dans l'exercice même de ses fonctions ; ses qualités humaines n'étaient pas des traits de caractère ordinaires, mais une posture consciemment et consciencieusement assumée. Une posture humaine faite du souci constant de l'autre et de l'amour du travail bien fait, mené avec patience et avec persévérance. Je garde le souvenir de ces dossiers sur lesquels sa main, dans une écriture calligraphique experte, avait porté les mentions indicatives en vue de leur instruction. C'était, et ce n'est pas ici une façon de parler, du travail d'art, un véritable travail d'art. C'est qu'il était au moins aussi bon artiste et homme de culture, qu'il était administrateur. Et, en tant qu'administrateur, sa maîtrise des dossiers était peu commune. Il fut, alors que j'étais ministre-gouverneur du Grand-Alger, directeur de la réglementation et des affaires générales avant d'en être écarté. Et il fut, dans d'autres circonstances, bien plus tard, notamment au niveau de la Fondation Déserts du Monde, que je préside, un collaborateur d'une rare pertinence. Mais cela ne valait pas bien évidemment réparation. Le soin extrême qu'il prenait à régler des affaires, en prenant en charge les dossiers les plus difficiles avec application, avec patience et avec opiniâtreté, et notamment ceux relatifs aux opérations électorales, étonnait ceux qui le connaissaient encore mal, et particulièrement les associations politiques de tous bords, mais le faisait admirer avec raison par ceux qui le connaissaient déjà suffisamment. Il était, pour moi, comme une sorte de référence et d'exemple. Mais, plus encore, peut-être, que son efficacité d'administrateur avisé, il avait cet art de disserter, avec passion, sur bien des sujets dans les domaines des langues, des cultures locales et des patrimoines ancestraux, de l'histoire mais également des problématiques contemporaines du monde et des nations. C'est en cela aussi qu'il manquera à ceux qu'ils l'ont connu et apprécié. Et ils sont si nombreux... C. R. * Ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, président de la fondation Déserts du monde Nom Adresse email