Dans le cadre du 5e Festival culturel international de la calligraphie arabe d'Alger, le calligraphe turc Ahmet Koçak a estimé que ce festival est une opportunité pour les jeunes calligraphes algériens et étrangers d'échanger leurs connaissances dans l'art de la calligraphie, un art raffiné qui constitue une vraie valeur du patrimoine culturel et civilisationnel. La NR : C'est votre première participation au Festival culturel international de la calligraphie arabe d'Alger. Comment avez-vous trouvé cette participation ? Ahmet Koçak : Cette manifestation est une bonne occasion de se rencontrer et d'échanger nos expériences dans l'écriture et aussi de découvrir différents styles d'écritures. Grâce à ce festival, j'ai découvert la calligraphie marocaine que je ne connaissais pas. Cette manifestation m'a permis de rencontrer des calligraphes algériens. Tout en partageant avec eux nos expériences, j'ai découvert que ces derniers sont compétents et maîtrisent le style calligraphique Naskh et les plaques de lettres. Quel style d'écriture maîtrisez-vous ? Je maîtrise le thoulth, le naskh et le style persan «ta'liq». Parlez-nous de la situation actuelle de la calligraphie en Turquie ... La calligraphie en Turquie s'inscrit dans la continuité de celle qui était pratiquée à l'époque ot-tomane, au 16e siècle, à l'époque de Cheikh Hamdallah. La calligraphie est en pleine expansion du fait qu'il existe en Turquie un grand nombre de calligraphes turcs compétents qui mettent en avant cet art raffiné qui demande de la patience et de la justesse. La calligraphie turque est en pleine expansion, notamment dans les pays arabes... J'estime que la cause principale de l'expansion de cet héritage est due à la maîtrise et à l'évolution de celui-ci en Turquie et je dirai que c'est un art très respecté en Turquie et dans les pays arabes et c'est important pour son évolution et son utilisation à un large spectre dans les pays arabes. La calligraphie turque se retrouve dans les différents arts: architecture, miniature, poterie, tissage. Voulez-vous nous en parler ? C'est vrai, (rires). La calligraphie turque a subi une transition des Abbassides aux Turcs, ces derniers l'ont fait évoluer avec le temps, ils l'ont introduite dans divers arts, à savoir l'architecture, la miniature et même le tissage ou la poterie. On remarque que la calligraphie est inséparable de la poésie ou de la littérature ? Vous avez raison. La calligraphie est un art très raffiné et est inséparable de la poésie et de la littérature. C'est pour cela qu'un calligraphe, quel que soit son style d'écriture, doit nourrir sa passion et ses connaissances avec de la poésie et de la littérature et d'autres arts. C'est simple, un calligraphe est, en fait, un artiste et les Turcs s'intéressent beaucoup à la poésie et à la calligraphie arabe. Je vous donne un exemple : un jour un calligraphe syrien est venu à Istanbul pour quelques jours, et pour son départ en Syrie, il s'est présenté à l'aéroport pour acheter son billet de retour.On lui a proposé au guichet un billet à demi-tarif, du fait qu'il soit calligraphe. Vous aurez compris que les Turcs s'intéressent beaucoup à la calligraphie arabe. Est-ce que toutes les classes sociales peuvent apprendre l'art de la calligraphie ou est-ce réservé seulement à une frange de la société turque ? Cet art est pratiqué et apprécié par tout le monde, il n'y a pas une tranche spéciale qui pratique la calligraphie, n'importe qui peut pratiquer cet art, il est ouvert à toute les couches de la société. Beaucoup de calligraphes turcs apprennent la calligraphie persane. A quoi attribuez-vous cet intérêt ? Le style persan «ta'liq» n'est pas nouveau en Turquie, il est apparu au 16e siècle, quand le défunt calligraphe iranien Emad El-Hassani a envoyé son élève à Istanbul en Turquie. Ce dernier a enseigné le style «Ta'liq» et il a été développé après par Mohamed Asaâd El-Yassari. Ce dernier a créé le style d'écriture turc «ta'liq» avec l'appui du Sultan Mahmoud II.