Le ministre de l'Energie et des Mines cherche à recoller les morceaux et à redorer le blason de Sonatrach dont la crédibilité et la renommée commencent à s'éroder suite aux affaires de corruption révélées au grand jour. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, estime que la lutte contre la corruption que mène son département ne doit pas servir d'"excuse" pour jeter l'opprobre sur la compagnie pétrolière nationale et diaboliser ses cadres. Pour lui, dénoncer des malversations et autres incongruités relevées dans les actes de gestion d'une entreprise, même si cela est primordial, ne doit pas aboutir in fine à sa "déstabilisation". M. Yousfi situe par ces phrases les responsabilités de tout un chacun à ce sujet et considère que faire le procès des gestionnaires soupçonnés de fraude, de trafic ou de dépravation ne doit nullement porter atteinte au développement du pays et freiner ses progrès. Il a annoncé, néanmoins, que son ministère a entamé un travail de réflexion dans le cadre de la dépénalisation de l'acte de gestion afin de sécuriser au mieux les personnes qui gèrent le secteur, dans l'exercice de leur métier. Au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier conjointement avec le P-DG de Sonelgaz, Nordine Bouterfa, le ministre s'est découvert des qualités de défenseur central du groupe Sonatrach, ébranlé par de nombreux scandales de corruption ces derniers mois. Il a vanté le mérite de ses dirigeants et des efforts consentis pour son essor et la satisfaction des besoins de la population en énergie. Paradoxalement, Youcef Yousfi a dressé un tableau plutôt rose de la compagnie nationale et persiste et signe que les signaux sont au vert pour le secteur. Voudrait-il, par son attitude complaisante, redorer le blason d'une entreprise dont la crédibilité et la renommée commencent à s'éroder au plan international suite aux affaires de corruption révélées au grand jour ? Une chose est certaine, le bilan qu'il a établi sur les réalisations et le programme d'activités plaide indubitablement en faveur de la société mère. Il s'est même permis le luxe de répondre aux experts qui, par presse interposée, déploraient la politique prônée par les hauts responsables du secteur de l'énergie, notamment la gestion des ressources pétrolières et gazières que recèle l'Algérie. "Contrairement à ce qu'avancent certains observateurs, nous ne sommes pas en train de diminuer les réserves en hydrocarbures mais nous continuons à les augmenter davantage", soutient-il mordicus. Youcef Yousfi illustre son propos par les récentes découvertes de gisements de gaz réalisées par la compagnie nationale et ses partenaires dans le sud du pays. Il en cite une, en particulier, qu'il qualifie d'ailleurs de "grosse" découverte effectuée dans une région "très faiblement explorée", sans en préciser, toutefois, l'endroit exact. "Les réserves ne s'amenuisent pas, elles augmentent !" Mieux, le ministre estime que les perspectives dans ce sens restent "prometteuses". Car, argue-t-il, le rythme de ces explorations augmente d'année en année et dépasse celui de la production, notamment pour l'exercice 2013. Parmi ces opérations, l'on peut parler de celle accomplie par l'espagnol Repsol, l'une des plus importantes de ces dernières années, à une soixantaine de kilomètres au sud du site gazier de Tiguentourine, à In Amenas. Elle intervient après celle de novembre dernier, dans le même bloc, qualifiée alors d'importante avec un flux de gaz de 107 000 m3/jour. Repsol a déclaré que des tests préliminaires ont produit un flux de gaz de 235 000 m3/jour, soit plus du double du taux du bloc découvert en novembre. La question des réserves de pétrole est, faut-il le souligner, devenue depuis quelques années un sujet de polémique entre les responsables du secteur et les spécialistes. Les uns estiment que les richesses du pays en pétrole et gaz sont en constante progression alors que les autres prédisent leur amenuisement d'ici à vingt ans. Le ministre affirme, dans son intervention, que la consommation locale en énergie, en dépit de son augmentation, ne va aucunement empêcher l'Algérie d'exporter son gaz. La consommation énergétique nationale du pays équivaut, affirme M. Yousfi, à une moyenne de 36 millions de tonnes/an de pétrole, soit un taux de croissance annuel estimé à 2,5 millions de tonnes/an. "Cette consommation sera portée à près de 100 millions de tonnes/an, à l'horizon 2030", avait-il dit précédemment. L'autre lutte dans laquelle s'est engagée la tutelle concerne la contrebande des carburants au sein des frontières. Les mesures prises récemment par le gouvernement pour lutter contre ce trafic commençaient, selon lui, à porter leurs fruits. Cette opération sera "poursuivie avec plus d'intensité", renchérit-il. Dès le début du mois de juillet dernier, l'Exécutif a pris une série de mesures pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées par ce trafic où des quantités importantes de carburants sont détournées vers le Maroc et la Tunisie. Aux frontières des deux pays, des volumes énormes de carburants sont pompés illégalement à un prix plus de quatre fois inférieur à celui pratiqué au Maroc par exemple. Le ministre a déclaré, en juillet, à El-Oued, que plus de 1,5 milliard de litres sont détournés annuellement d'une façon illégale vers l'étranger. Carburants : les capacités de raffinage seront renforcées Avec ce volume qui représente une perte sèche de 1 milliard d'euros,600 000 véhicules tournent au-delà des frontières du pays. Selon certaines sources, 60% de ce commerce illicite alimentent le royaume chérifien. Ce phénomène, faut-il l'expliquer, commence à prendre des proportions alarmantes influant de manière directe sur la demande interne. L'Algérie consomme 12 millions de tonnes de carburants/an, alors que ses besoins nationaux augmentent annuellement d'environ un million de tonnes. Ce qui contraint l'Etat à recourir au marché mondial afin d'importer des quantités considérables d'essence et de gasoil pour faire face à cette demande de plus en plus croissante. Cependant, un vaste programme lancé par le gouvernement devrait porter, d'après le ministre, les capacités nationales de raffinage de brut de 25 millions de tonnes actuellement, jugées insuffisantes à moyen terme, à près de 60 millions de tonnes d'ici à 2030. Le plan consiste en la réhabilitation des raffineries existantes et la réalisation de cinq autres dont celles de Skikda et d'Alger qui seront opérationnelles dans un délai qui ne saurait dépasser une année. Ces unités vont produire des carburants selon les normes modernes requises et satisferont les besoins locaux. Cela étant, le rythme de la croissance de la consommation de carburants a nettement baissé en juillet dernier, comparé au même de l'année 2012, après la mise en œuvre de ces mesures de lutte. Les statistiques du ministre indiquent que la consommation a baissé à 1,8% en juillet dernier contre 9% en juillet 2012. La consommation des carburants a suivi une hausse depuis 2010 avec 9% de progression. B. K Nom Adresse email